Les pieds-noirs, ces Français nés en Algérie avant l’indépendance, se sont retrouvés comme chaque année à Perpignan.
C’est le rendez-vous annuel du Cercle algérianiste qui s’est déroulé sur trois jours, du vendredi 26 au dimanche 28 septembre, sous la autorité de Suzy Simon-Nicaise, la présidente. Un programme de conférences avec des centaines de participants.
Extraits de l’article Boulevard Voltaire
Mille congressistes et mille vies qui contiennent des points communs. Une enfance dorée sous le ciel azur et parfumé par les orangers, brutalement plongée dans le traumatisme sanglant des événements d’Algérie. Le maire de la ville, Louis Aliot, a réservé un bon accueil à cet événement. Saluant les participants, l’édile a tenu à préciser à BV : « En tant que fils de pieds-noirs, je suis au milieu des miens. »
Certains d’entre eux sont des survivants de la journée du 5 juillet 1962, funeste date où des fellaghas ont massacré, kidnappé, pillé et tué des centaines de pieds-noirs dans l’indifférence politique générale.
Au théâtre municipal, c’est la profonde voix du grand comédien Jean Piat qui commentait les images terribles de l’exode des enfants et adolescents rapatriés d’Algérie. Le visionnage du documentaire Hélie de Saint Marc, témoin du siècle, en présence de sa fille, les images d’archives des bateaux bondés arrivant à Marseille en ont ému plus d’un. « Tu t’en souviens ? », demande une femme à son mari qui, laconique, répond : « Oui ».
Après l’exil, ces souffrances ont été tues, parole de pieds-noirs : « On a été reçus comme des parias, la gauche nous traitait de colons, on ne nous voulait pas », se souvient Annie, croisée au dîner de gala des cercles. Dans sa famille comme chez de nombreux pieds-noirs, la transmission sera rompue : « Mon fils a appris à l’école qu’on était les méchants. » Sa voisine de table, Hélène Fernández, renchérit : « Mon fils a écrit ce que je lui avais dit sur les pieds-noirs, il a eu une mauvaise note. »
La mémoire des pieds-noirs a ainsi été mise en concurrence déloyale avec des récits partisans. « En fait, on ne voulait pas ennuyer nos enfants avec nos histoires, et ceux-ci avaient peur de nous faire souffrir avec leurs questions », précise une participante, « cela a laissé tout le champ libre aux discours militants ». Aujourd’hui, c’est la génération des petits-enfants qui pourrait remédier à cette crise. « C’est beaucoup plus simple, pour nous, de solliciter le témoignage de nos grands-parents », assure Alexis, petit-fils « au carré » de pieds-noirs (par sa grand-mère et son grand-père). « Un été, on leur a dit, maintenant, vous nous racontez tout ! », précise-t-il.
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