Attention ! Les Français ordinaires, méprisés par les idéologues, ont toutes les raisons de renverser la table à force d’exaspérations. Accablés par l’écologisme gouvernemental et par l’angélisme papal, ils n’ont plus comme issue que se soumettre ou désobéir. Emmanuel Macron a cru faire peuple, dimanche soir à la télévision, en déclarant : « J’adore la bagnole ». Or le chef de l’Etat n’a pas tiré les leçons de l’insurrection de 2018 des Gilets jaunes contre la transition écologique adaptée aux seuls riches. Le pape François pour sa part a cru voir en Marseille, qui l’a accueilli jusqu’à dimanche, l’idéal d’une France multiculturelle et immigrationniste, sans avoir eu un mot pour l’insécurité culturelle de la classe moyenne, ni d’ailleurs pour les chrétiens d’Arménie persécutés dans le Haut-Karabakh. Ces deux personnalités, perméables à l’air du temps et à son conformisme, accentuent les fractures en ravivant à la fois une lutte des classes (pour Macron) et une guerre des cultures (pour François). La pression écologiste, cornaquée par le Giec et son militantisme anticapitaliste, reste depuis 2018 indifférente aux plus fragiles. Après avoir, contre l‘effet de serre, tenté d’imposer aux automobilistes la taxe carbone 2018, Macron veut électrifier les voitures, supprimer les chaudières à fioul, transformer les chaudières à gaz en pompes à chaleur, lutter contre les passoires thermiques, en octroyant un « chèque carburant » de 100 euros par an aux plus modestes. Mais les Français ne demandent pas l’aumône.
Les odes à l’immigration de François, renouvelées à Marseille, accentuent le sentiment d’abandon d’un peuple laissé à la merci d’une paupérisation économique et d’une dissolution identitaire. Le pape est certes dans le droit fil du message du Christ quand il invite à secourir et accueillir les migrants musulmans. Encore faudrait-il comprendre que l’accueil dont parle Jésus (« J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ! », Matthieu) fait référence, comme me le rappelle l’Abbé Alain René Arbez, non au migrant économique venu d’ailleurs mais « au frère en conviction christique pourchassé ». De surcroit, l’étranger était accueilli et respecté, rappelle l’abbé Arbez, « dans le cadre obligatoire d’une réciprocité ». Il devait en retour respecter les lois et les coutumes du pays. En réalité François ne continue pas le travail du Christ quand il ignore, en sacrifiant au suivisme mondialiste et à l’universalisme fanatique, la condition des peuples menacés dans leur continuité historique, culturelle, religieuse. Il suffit de noter les soutiens de l’extrême gauche et des islamo-gauchistes aux discours du pape à Marseille pour mesurer la politisation de son message apparemment pastoral. « Vive le pape François ! », a tweeté samedi la militante islamiste Houria Bouteldja. Le Monde a titré, lui, sans craindre la généralisation : « Marseille : les musulmans enthousiasmés par la visite de François ». A ce stade, relire Michelet : « L’acteur principal reste le peuple (…) Le meilleur est en-dessous ». A lui de se faire entendre.