Quelle hauteur morale, quelle abnégation, quel dévouement chez ces gens-là ! On ne peut que les admirer sans réserve et avoir honte de nos petites mesquineries.

Vendredi 29 juin, Bourdin recevait sur RMC l’auteur français qui vend le plus, le plus « bankable », comme on dit dans les milieux branchés, j’ai nommé Marc Levy, le roi du box office, sacré meilleures ventes (d’après la réclame) avant même la parution de ses opus.

Je passe sur la promotion de son dernier pavé, normal, il était là pour ça, pour en arriver à l’essentiel, la « question » qui fait de Bourdin le meilleur interviewer du PAF (ouaf !). Ce jour-là, nous étions en plein dans l’affaire de l’Aquarius, vous savez, ce bateau rempli de migrants, dont un contingent obligatoire de femmes enceintes et d’enfants – sésame qu’aucun passeur digne de sa profession ne négligerait de mettre en tête de gondole.

Et là, j’avoue que Marc levy fut grandiose : il ne s’autorisait pas à juger de la réaction du gouvernement français, n’étant pas en charge (pour l’instant) du destin de la France et ne disposant pas de tous les éléments d’une décision… Mais, il n’en était pas moins homme, avec un cœur (gros comme ça) et des tripes. Et ce qui le révulsait d’abord, c’est le terme de « migrants », qui, loin d’être neutre, donnait de ces êtres humains en détresse une image tronquée d’envahisseurs. Non, mesdames et messieurs de la « fachosphère », ces pauvres hères ne sont pas des « migrants », mais des réfugiés, et ça n’a rien à voir. Laisserez-vous se noyer sans tendre la main des femmes, qui plus est enceintes, des enfants innocents (vous voyez que ça sert, les femmes enceintes et les enfants – lesquels représentaient moins de 10% des passagers du bateau prétendument au bord du naufrage) ? Il est temps que le cœur (chaud) l’emporte sur la raison (glacée). Il ne pouvait croire que quelques poignées de « réfugiés » puissent être rejetés par le pays des droits de l’homme.

Maintenant parfaitement échauffé, l’écri-vain se lança dans une « virulente » diatribe (chez lui, une diatribe est forcément « virulente », comme le hasard est « le plus grand des… », et la tarte « à la crème » - puisqu’on vous dit dans les réclames qu’il est un grand écrivain, moi, je ne sais pas, je ne l’ai pas lu) sur Donald Trump, qui avait osé séparer des enfants mexicains de leurs parents emprisonnés pour franchissement illégal de la frontière. Horreur et putréfaction ! Comment pouvait-on accepter de vivre dans un pays qui avait élu un tel monstre ?

Bref, c’était beau comme de l’antique. Levy cochait une à une toutes les cases de la bienpensance. Merci, monsieur Levy, de la leçon d’humanité que vous nous avez donnée…Vous pouvez rentrer chez vous maintenant, fier du devoir accompli… Ah, vous ne pouvez pas ? Vous êtes bloqué à Paris, à cause de la grève d’Air France ? Parce que vous vivez à New York ?...
Il ne manque pas d’air, le camarade, vous ne trouvez-pas ?