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ALGER : NOEL 1947 !

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Comme dans toutes les principales villes d’Algérie, Alger, Oran, Bône, Philippeville, c’était mille magasins, mille étalages, plus illuminés les uns que les autres. Une foule qui se pressait, les bras chargés de paquets. Des visages écrasés contre les vitrines. Une gaieté qui n’éclatait pas mais auréolait chacun de nous et qui, en ce jour, nous rendait tous beaux, dans l’attente joyeuse des heures qui allaient suivre. Heures intenses de bonheur où l’on changeait cent fois d’idées sur le choix d’un jouet, d’un cadeau, d’un gâteau.

Le Grand Bazar Universel, avec son immense vitrine, où de petits trains en bois semblaient s’entrecroiser sous des montagnes et des tunnels faits en papier mâché.

La Confiserie Royale et sa merveilleuse devanture où trônaient d’immenses corbeilles de fruits confits, brillants et multicolores, avec son Père Noël perché au premier étage, dont la tête se mouvait au même rythme que celle de son âne.

Les Dames de France, le grand magasin parisien à la mode, au chic de Paris, comme on disait, monde irréel où l’on voyageait des après-midi entières.

Le grand magasin de sport "Bissonet", à l’angle de la Place d’Isly, où les prix étaient hors de portée de la plupart des bourses, tant les jeux et les jouets, très sophistiqués, étaient luxueux.

Noël, c’était encore un vrai Noël, une fête de famille.

Les enfants ne se couchaient pas, les adultes rentraient plus tôt, délaissant la partie de cartes, le dernier verre, pour retrouver leurs parents, leurs amis, autour de la table. Copieusement garnie pour un soir, même si les bourses seraient moins pleines le lendemain.

Le dîner n’en finissait pas de finir, la nappe ressemblait à un vaste champ de bataille, et le défilé ne s’interrompait jamais. Au nougat espagnol et aux dattes fourrées succédaient les pralines et les chocolats. C’était ensuite le tour des figues sèches, des noix, des cacahuètes, des amandes, tout cela souvent mélangé. Puis apparaissent les petits verres de liqueur, après les grands verres de vin fin sélectionné.

Enfouis dans de profonds fauteuils les enfants sont déjà détachés du monde qui les entoure. Dans le bruit des conversations, des histoires, des souvenirs communs, ou particuliers, les paupières s’affaissent lourdement, se rouvrant parfois en de brusques sursauts, lorsqu’une phrase plus forte que les autres les heurte.

Ils ne s’aperçoivent pas que le père, ou l’oncle, a quitté silencieusement la salle à manger, pour réapparaître quelques instants plus tard affublé d’une barbe faite d’ouate et d’une vaste couverture rouge. Dans leur demi-inconscience, les enfants, éberlués, rencontrent le Père Noël, il leur serre la main, leur recommande d’être très sages, toute l’année, s’ils veulent les jouets qu’ils ont commandés. Ils ne savent pas s’ils doivent répondre gentiment, où se précipiter dans les jupes de leurs mères pour éclater en sanglots.

Très vite les larmes et la peur se dissipent lorsque les jouets apparaissaient.

Souvent ce ne sont pas ceux qu’ils avaient commandés, bien trop chers pour le budget familial, mais qu’importe. Pour un enfant un train en bois se transforme si facilement en un fusil à flèches qui tire sur des pigeons en carton, et le fortin de soldats de plomb ne remplace-t-il pas avantageusement, surtout dans un petit appartement, la voiture à pédales tant désirée ? Quant au tambour, ou à la trompette, mieux vaut pour la tranquillité de tous, parents et voisins, la jolie poupée aux cheveux bouclés.

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Inévitablement la fête se termine par les pleurs des petits héros de la soirée, invités fermement à partir sagement se coucher, après avoir tout juste entrevu toutes ces merveilles, alignées devant la cheminée, à coté de leurs petits souliers.

Aujourd’hui les yeux de nos enfants et de nos petits enfants s’ouvrent sur des rues, des vitrines, qui ne sont plus celles de notre enfance et, pourtant, par tradition, essayons de leur conserver l’ambiance familiale qui fut la nôtre, à leur âge et, s’ils ne peuvent plus écarquiller grands leurs yeux sur les magnifiques crèches d’antan, interdites par la « nouvelle laïcité », reste les images pour les faire rê..ver et suivre à la trace les rois mages vers l’étable où, entouré de Marie, Joseph, l’âne et la vache, un nouveau-né nommé Jésus ne sait pas encore dans quel monde de fou il a vu le jour !

Voir en ligne : http://magoturf.over-blog.com/2017/...