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Sarko a tout faux !

, par  NEMO , popularité : 8%
NJ-Ile de France

Il semblerait que pour 2017, « Les Républicains » aient déjà vendu la peau de l’ours. Pourtant, je vous le dis : le prochain Président, rassurez-vous, Mesdames et Messieurs, ce ne sera pas Sarkozy. Ce ne sera peut-être même pas un « Républicain », d’ailleurs…

Pour Sarko, même s’il n’a pas l’air de s’en rendre compte, rien ne va plus. Sarko n’a plus ni la niaque, ni le flair, ni l’entourage d’inconditionnels qu’il avait en 2007, quand il incarnait une Droite qui n’avait plus honte de ne pas être de Gauche… Et, comme si cela ne suffisait pas, il semblerait qu’il n’a pas compris que les modalités de l’élection présidentielle ont radicalement changé. Explications.

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Depuis son retour dans le marigot, et sa conquête de la présidence de l’UMP, Sarkozy donne l’impression de ne pas avoir pris la mesure du rôle de chef de l’opposition. Bon, admettons qu’il n’était pas le mieux placé pour dénoncer les folies guerrières de son successeur, au vu ses propres exploits en Libye, ou s’élever contre l’alignement de la France sur les positions américaines, lui que les socialistes traitaient de caniche de Bush, mais tout de même : comment justifier la léthargie de ses troupes face à la destruction méthodique de la France, mariage pour tous, laxisme pénal, matraquage fiscal, nivellement par le bas, russo-phobie, islamophilie et j’en passe ? Il est vrai qu’avec Sarko à sa tête, l’UMP a été trop occupée à changer de nom, à préparer les primaires, à instruire le procès de l’hérétique Morano ou à donner des gages de bien-pensance aux quatre rues de Paris qui font l’opinion de la France.

Tout se passe comme si les « ténors » de l’UMP considéraient que les jeux étaient faits pour 2017, que le vainqueur de la primaire à droite, quel qu’il soit, sera inévitablement élu président dans un fauteuil. A partir de là, il ne faut pas s’étonner que même les chèvres républicaines prétendent tenter leur chance : Sarkozy n’a plus de partisans, il n’a que des concurrents.

Et puis, persuadé (à raison) qu’il est d’avoir perdu en 2012 sur un rejet de sa personne, Sarkozy veut tellement faire oublier ses défauts qu’il en est paralysé, au point qu’il en arrive à être la copie conforme, bedaine en moins et talonnettes en plus, de François Hollande : un Machiavel de chef lieu de canton, combinard et hésitant, tirant à hue un jour, à dia le lendemain, faisant la danse du ventre devant l’UDI et le Modem, et caressant à tout hasard les électeurs socialistes, en prévision d’un deuxième tour face à Marine le Pen. Comme disait la mère Emptoire, quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.

En plus, Sarkozy commet une erreur tactique majeure, plutôt invraisemblable quand on sait le nombre de crânes d’œuf qui phosphorent pour son compte : en faisant du Front National sa cible quasi-exclusive, plutôt que de concentrer ses tirs sur le pouvoir en place (l’opposition est faite pour s’opposer, scrongneugneu !), pendant que ce même pouvoir semble considérer que le seul danger que court la France, c’est le FN, il alimente l’idée d’une collusion UMPS des deux partis qui se partagent le gâteau depuis des décennies. Cette obsession anti FN, dont même un QI de 50 aura compris qu’il s’agit non pas de sauver la France de l’Attila bleu-marine, mais de préserver les avantages acquis, est avant tout dévastatrice pour les « Républicains » et en premier lieu pour son président… L’arme absolue de Mitterrand est loin d’être obsolète !

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Mais surtout, le péché originel de Sarkozy a été de briguer la présidence de l’UMP, officiellement pour mettre fin à la guerre de succession entre les "seconds couteaux", en réalité pour reproduire ce qui avait fait son succès en 2007 : à l’époque, contrôler le parti, c’était s’assurer la candidature suprême. Sauf que, entre temps, il y a eu l’instauration des primaires, histoire de singer les socialistes… Et Sarkozy aurait mieux fait de méditer pourquoi ni Hollande, ni Aubry, quand ils étaient premier secrétaire, n’avaient obtenu l’investiture socialiste aux élections de 2007 et 2012. C’est que dans un système de primaires, le chef du parti est le seul à devoir conserver une certaine réserve, et à mettre les mains dans le cambouis (voir l’affaire Morano et le « courage fuyons » des autres prétendants), pendant que les autres candidats ont toute liberté de parler, de proposer, ou de critiquer. Sarko, qui n’avait pas besoin de ça, s’est exposé bêtement aux volées de bois vert que ses petits camarades sont trop heureux de lui infliger à la moindre occasion… et les occasions, avec Sarkozy, ce n’est pas ce qui manque.

Bon, soyons juste, ce n’est pas Sarkozy qui a voulu ces primaires. Pour la petite histoire, ce système, qui convient parfaitement aux États-Unis, est totalement absurde appliqué à la France. Les USA sont un pays fédéral, dans lequel le parti d’opposition n’a pas de leader désigné, mais se choisit tous les quatre ans un chef pour le mener à la bataille non pas seulement des présidentielles, mais de tous les postes à caractère un tant soit peu politique. Un changement de majorité entraîne un changement complet de ce que les américains appellent « l’administration ». Le rôle principal des deux grands partis américains est de sélectionner des ressources humaines pour occuper tous les postes qui vont se libérer, mais ce sont les candidats qui proposent leur programme de gouvernement.

Dans la plupart des pays d’Europe, ce sont les partis qui élaborent le programme, sous la conduite d’un leader élu ou désigné statutairement. En cas de victoire, c’est le leader du parti qui devient naturellement chef du gouvernement. En France, depuis les primaires, PS et LR élaborent un programme, puis organisent les primaires, et les candidats présidents essaient tant bien que mal de se différencier les uns des autres tout en étant liés par le programme du parti ! Ubuesque !

Mais bien sûr, chez nous, c’est bien connu, on prend le pire de ce qui existe ailleurs. Et quand le pire n’existe pas ailleurs, on le fabrique nous-mêmes.