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Paulette et Edouard, simples Français d’Algérie

, par  DiaOulRu , popularité : 2%
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NJ-Bretagne
Article publié le 29 janvier 2014

Mon genre n’est pas de laisser tomber les bras devant un tas de bois quand il faut en casser lorsque la maisonnée à froid. En ce moment on devrait ajouter et aussi sous la flotte type neige fondue. Bon, passons.

On s’est inquiété de savoir pourquoi j’éditais des articles sous différents pseudos. C’est très simple. Le Web fonctionnant tellement bien, j’ai été forcé de changer de serveur à différents moments et presque à chaque fois, j’ai perdu mon adresse de courriel afférente. De plus, en tant que correspondant à différentes presses, on vous demande de vous identifier. Comme vous savez que vous avez des amis très cher un peu partout, il est préférable d’en avoirs divers. La technique de votre Webmaster préféré évoluant selon la modernité des logiciels de mise en ligne, vous, vous en perdez votre capital intellectuel et re-belottez pour vous mettre à jour comme celui qui permet actuellement de s’amuser (Ca dépend des fois, hein), sur le canard à Marc avec SPIP. Pour répondre à certains interrogatoires et non réponses, pardonnez moi, mais je ne dors pas devant mon Poste Computer mais dans un plumard confortable qui n’a rien à voir avec un châlit que j’ai connu, type Indochine 1951 modifié AFN 1957 ! Bon, re-passons je n’irai pas dire, comme la blanchisseuse, c’est superflu, donc je ne le dirais donc pas.

Un article pondu par moi-même a tenté de vous dérider de l’actualité, qui, avec ses nouvelles « Type Airbus 380 qui se crash sur nos pieds », écarte de notre vie de tous les jours des révélation dans le style de « Monte dessus et tu verras Montmartre » quand il y aurait des choses beaucoup plus importantes à s’occuper. En plus de misères, lorsque dans ce canard, on exprime ses émotions en défaveurs de certaines vacheries qui se sont déroulées dans notre passé, on est un pôv incompris. Passons aussi.

Question nature, j’ai laissé parler mes origines car j’en ai assez de faire semblant d’être comme tout le monde. C’est de l’hypocrisie à ne pas être naturel. A l’endroit où j’ai été élevé, élevé au sirop de la rue, je serais peut être devenu un mauvais garçon si je n’avais pas eu affaire à ceux qui étaient revenus vivants de la seconde et affreuse guerre mondiale. Ceux qui m’ont donné ma chance, que j’ai prise au passage, ceux du CNR, le Comité National de la Libération, sans aucun parti pris car il fallait reconstruire la Nation. Evidemment, elle est ce qu’elle est maintenant car tout s’est avarié au fil du temps passé et présent. La faute à qui, vous savez comme moi qui avons râlé car nous avions la tête dans la … heu… la…. « Vous m’avez compris », comme vous et à qui on a répondu : « Moi je m’en fout, je suis plus grand que vous ». Pas besoin de traduire, ça va jusque là, non ?

Mon bled, Paname et sa banlieue a été chanstiqué, changé. Ce langage étonne. Ce n’est pas spécialement de l’argot, mais un langage imagé, issu des rues et du petit peuple, celui des laborieux, les travailleurs comme on pouvait en trouver chez vous. Vous aussi vous avez vos expressions. Tout comme j’avais été choqué par « Putain de sale race » jusqu’au jour où on m’a dit que ceci était employé comme chez nous en tant que « Pauvre con, petit con, sale con, espèce de con, vrai con et à Toulouse et Brive, l’affirmation maquarelle aussi pour affirmer sa phrase, comme hey, cong ! ». Tout dépend de l’art et la manière avec lequel c’est dit.

Ce que je raconte à ma manière appartient autant à l’histoire nationale qu’à celle du petit peuple tout comme à celle de vous austres (Je n’emploierais plus l’autre appellation qui hérissent étonnamment le peu de poils que certains de vous, les copains ne doivent plus beaucoup avoir sur le crâne étant donné que vous ra-jeunissez depuis certains évènements), copains nominés avec ce mot épouvantable de Rapatriés d’Algérie au lieu de Français d’Algérie comme l’a si bien dit une dame sur un post. Il est passé beaucoup d’eau sous les ponts de mon bled adoptif, la Seine, nous en sommes à la cinquième génération depuis 1954, la plus jeune n’est pas encore en âge de comprendre car trop petite, et la précédente préfère les frites de chez Mac Do en plus des jeux électroniques et le hard rock. La prochaine s’en battra les flancs et nous rira au nez si nous survivons à raconter nos misères tout comme ceux qui, dès qu’il avaient mis leurs godasses à bascule, c’est-à-dire bu un gorgeon de trop entre Anciens, racontait leur guerre de 14-18 terminée pour les survivants en 1919 à cause de l’occupation du terrain gagné au baroud. Les d’jeunes qui se foutaient d’eux ont payé l’amende, la punition de 1940. Lorsque j’étais un d’jeunâtre, la rue nous aimantait. Les parents chassaient le casse croûte de tous les jours et avec eux, nous cavalions après le bifteck, parfois avec assez de sous et des tickets de rationnement, J3 pour moi. Mais souvent arrivé en tête de la queue, il n’y en avait plus. Il fallait revenir la semaine d’après et attendre huit jours à danser la java devant le buffet, le ventre empli de ragoût sans viande, topinambour, patate heureusement du jardin, une cuillerée de farine, de la flotte et salé. Ça du sel il y avait plein la mer de chez moi. Pour ceux qui aimaient ce plat, ils chassaient les escargots devenus plat de luxe, bouillus avé des patates, sans beurre aillé et persillé. J’étais le contraire d’un enfant sage. Dans les terrains vagues et au bord de la Seine, dans les fortifs, la ceinture parisienne où se déroule maintenant le ruban du circulatoire routier dit périphérique, où on va plus vite à pieds que sur roues, nous faisions des parties endiablées entre gosses des quartiers voisins et on se bagarrait entre titis manouches, ritals, espingouins, portos, grouillas et bouniouls, mais pour rigoler. Simplement dit dans intention, un juif était un juif, un arabe était un arabe, un catho était un catho, un pédé n’était pas un sale mec d’homo, qu’il en soit, on s’en foutait, on respectait ; une péripatéticienne était une fleur de trottoir, vraie professionnelle qui choisissait son n’importe qui qui les allongeaient, les billets, et sans ambition de notoriété. Un simple boulot de tire jus quoi.

Maintenant il est interdit d’en parler de ces apellations sous prétexte de racisme. Le racisme de mon temps existait, peut-être, mais comme la vie était dure pour tout le monde, on avait nos préoccupations majeures, nos états d’âmes et nos pensées ailleurs qu’à s’occuper de tout un tas de conneries. Mon copain Mohamed vous l’affirmerait mais il n’est plus là pour que nous puisions partager une boite de pâté pur porc de la Maison Hénaff sise à Plozévet en Finistère sud, région native de ma Mère. Lui aussi se foutait pas mal de prendre le lard pour du cochon comme aussi Yakov qui, s’était senti vexé à en pleurer quand ma Mère lui avait proposé à un quatre heures à prendre avec moi du Yode, de la bouillie de farine d’avoine (Véridique. Yode, bouillie en langue finistérienne). Il avait compris autre chose devant ma Mère étonnée puis désolée ne sachant pas quoi faire pour lui expliquer. Il était champion pour imiter Woody Wood Pecker, le pic vert des dessins animés, quand Clark Gable roulait une pelle à Vivien Leigh dans le film célèbre Autant en Emporte le Vent, projeté au Casino à Saint Denis. Une partie de la salle râlait mais la majorité éclatait de rire.

La guerre et l’après guerre nous avait donné de l’indépendance. Aller à l’école était une corvée. Mes vacances, c’était le jardin de mon Père et la mer, les carrières de sable de Gennevilliers où se trouve maintenant le Port. Dans le canal de Saint Denis, on posait des balances pour attraper des écrevisses et les vendre tout comme les poissons qu’on récupéraient quand des bombes tombaient dans la Seine.

Je pourrais vous en raconter d’autres jusqu’à demain matin et plus.

Tout ceci pour vous dire que je viens d’apprendre qu’une grande Dame, tout au moins pour moi, très avancée en âge qui avait conservé, rapatriée, sont humanité et sa compréhension des autres, a rejoint son époux et ses ancêtres disparus. Je suis extrêmement reconnaissant envers ces Amis qui m’ont soigné quand j’en avais eu besoin. Je vous prie de bien vouloir prendre connaissance d’une de ses lettres :

‘’Mon témoignage pour l’Encyclopédie de l’AFN’’

Correspondance du 9 février 2007

Ami très cher,

En 1920, l’année de ma naissance, nous habitions la maison que mes grands parents avaient fait bâtir et nous logions dans une grande pièce dans laquelle il y avait une cheminée. J’ai toujours aimé les cheminées et je passais mon temps, quand j’étais petite, à observer le feu qui me fascinait. Tout à côté, il y avait une sorte d’alcôve où s’entassait le bois pour alimenter le feu. Ma mère faisait cuire les plats qu’elle préparait sur celui-ci et la soupe se faisait dans un grand chaudron noir qui était suspendu au dessus. Le marché se faisait sur la place du village tous les mercredi, ce qui ne s’y trouvait pas, il fallait aller l’acheter à Palikao, Mascara ou Oran. Par la suite, boulanger, épiciers, cafés et médecin, purent s’établir. La maison avait été construite avec des pierres et liées avec de la terre, les murs garnis de torchis comme les mechtas des arabes. De cette ancienne maison, vous n’en avez connu qu’une partie car nous avons du démolir pour construire celle que vous avez vu. Le village avait été crée à l’arrivée des français venant de Métropole et assez vite bâti. Les nouveaux habitants étaient en majorité issus du centre Languedoc, en particulier du Tarn, d’où les noms de Carayon et de Maffre. Près du village, quelques familles arabes vivaient sous des tentes mais par la suite, ils vinrent se réfugier au village pour se protéger des animaux sauvages, particulièrement les hyènes, qui venaient régulièrement attaquer et dévorer les enfants en bas âge et les animaux domestiques. La vie était dure. Il avait fallu assainir la région en asséchant les marais qui s’y trouvaient, arracher les broussailles et les caroubiers afin de préparer la terre pour la culture de la vigne, des céréales, des oliviers et des orangers. Des oliviers poussant le long de l’Oued el Hab produisaient une catégorie de gros fruits très recherchés en gastronomie. La culture de légumes divers se faisait dans des jardins dont l’arrosage était effectué tous les jours par des petits canaux dont les vannes étaient ouvertes à tour de rôle par les propriétaires des parcelles cultivées, ce qui permettait d’avoir une production quasi permanente de tomates, concombres, poireaux, salades et oignons nouveaux. Mais depuis l’année 1902, date officielle de la création du village, de nombreux habitants venus de la Métropole étaient partis, trouvant cette vie rurale trop pénible, certains ayant été atteints par les fièvres dues aux insectes habituels des marais. A l’origine, notre maison n’avait pas de murs entourant la cour et à la mode des magrébins, celle-ci était entourée de buissons épineux afin d’empêcher toute intrusion autour de la maison. Mais le temps passant, la vie devint meilleure et la région assainie par les travaux d’irrigation. Afin de rendre les déplacements plus aisés, une ligne de chemin de fer, ou plutôt un tramway à vapeur relia Mascara à Uzès le Duc et passa par Dombasle. Cette commodité fut supprimée après la guerre à partir de 1945 où le train fut remplacé par les lignes de cars de la société des Transports Routiers d’Algérie, la TRA que vous avez connu en particuliers avec un des chauffeurs dont vous assuriez parfois lorsque vous n’étiez pas en opération escorte de convois. Malgré tout, des voyageurs et de vos camarades militaires ont été tués dans des embuscades.

Nous sommes restés en Algérie pendant deux ans, après l’indépendance, faisant confiance aux accords d’Evian qui n’ont pas été respectés, notre confiance ayant été trahie. Nous avons été rapidement ‘’nationalisé’’ et avons du aller habiter un immeuble à Oran et y loger car notre fils Paul entrait au lycée Lamoricière nouvellement appelé Lycée Pasteur. L’année suivante, quasiment tous les Dombasliens étaient rentrés en France et vous avez pu nous retrouver à Saint Gaudens, puis à Tarbes où mon époux Edouard est décédé il y a quelques années.

Meilleures pensées et Amitiés,

Paulette C. »

Je ne vous en dit pas plus et je souhaite que ce qui a été évoqué avec le cœur puisse vous toucher et vous persuadez que vous EXISTEZ comme tout le monde sur cette purée de planète, quoi qu’on puisse en penser, et pour vivre en Paix.

Amicalement,

Belzébuth