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Les baudruches et le dictateur

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Parfois, des images qui se succèdent sur un écran valent mieux que tout commentaire, et transcendent ce qu’on peut dire sur elles tant elles sont explicites. Après de piètres cérémonies et des discours convenus à Paris, le 8 mai, le piètre François Hollande est allé rejoindre le lendemain Angela Merkel sur un bateau de croisière, au son d’accordéons.

Ils se sont tutoyés, congratulés l’un l’autre, ont parlé de la « paix », la merveilleuse « paix » qui règne en Europe. Pour montrer qu’entre deux parts de gâteau au chocolat et trois verres de vin du Rhin, ils étaient capables de fermeté, ils ont ajouté que si Poutine continuait ses agissements en Ukraine, il y aurait des « conséquences ». Ils n’ont pas précisé lesquelles. Ils auraient été bien en peine de le faire. Angela n’a pas voulu vexer son ami François qui, semble-t-il, l’a poussé à tenir ce langage, mais elle a voulu moins encore vexer son ami Vladimir, qui lui vend le gaz dont l’Allemagne a tant besoin. François, d’ailleurs, tout en ayant poussé Angela à employer certains mots, ne veut, en réalité, pas lui non plus vexer Vladimir, qui sera en France, en Normandie, le 6 juin prochain, en invité d’honneur, et à qui la France vend des navires de guerre.

Le jour de la romantique excursion de François et Angela, Vladimir était, lui, non sur un bateau de croisière, mais sur un navire de guerre, et il n’a pas parlé de « paix », mais de victoire. Il était en Crimée, territoire que François et Angela lui avaient demandé ne pas annexer, mais qu’il a annexé quand même, et qui fait désormais à nouveau partie intégrante de la Russie.

Il n’a pas précisé ses intentions ultérieures, tant elles sont limpides.

Si une fable devait être écrite sur ce qui se joue, on pourrait l’appeler, « les baudruches et le dictateur ».

Les baudruches européennes se gonflent, prennent des poses, prononcent des phrases qui ne sont que des phrases, prétendent être autre chose que des baudruches, ce qui ne les empêche pas d’être ce qu’elles sont, et quiconque s’approcherait d’elle avec une épingle à même de les dégonfler et de les reconduire au statut de ballon usagé qui est le leur les fera fuir et glisser au fil de l’eau, suivant le modèle établi par leur idole, la grande baudruche « anti-impérialiste » temporairement posée sur la pelouse de la Maison Blanche, à Washington.

Le dictateur, lui, sait qu’il lui suffit de brandir une épingle pour parvenir à ses fins. Il le sait si bien qu’il sait aussi qu’il peut parfois placer l’épingle dans sa poche, sans la brandir.

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Tandis qu’il passait les troupes en revue en Crimée, Poutine s’est permis de dire qu’il ne soutenait pas les référendums organisés dans le Donbass et qu’il voulait que l’élection présidentielle en Ukraine ait lieu le 25 mai.

Il peut s’autoriser ce genre de paroles. Il sait qu’elles ne lui coûtent rien.

Il sait que des républiques peuvent être proclamées dans le Donbass sans son assentiment officiel, et que tôt ou tard, le Donbass et tout l’Est-Sud Est de l’Ukraine seront ou bien autonomes, ou bien fragments d’une Ukraine morcelée. Il sait que, quel que soit le prochain Président ukrainien, celui-ci devra bientôt revenir, repentant, manger dans la main qu’on lui tendra depuis le Kremlin, car l’Ukraine, sans les prix préférentiels et conditionnels de l’énergie que lui accorde la Russie et sans ses liens avec la Russie, n’est pas viable économiquement, quels que soient les milliards de dollars que l’Europe, les Etats Unis et le FMI y injecteront. Dans l’intervalle, ces milliards transiteront par l’Ukraine, mais finiront à Moscou.

Poutine attend son heure en machiavelien avisé.

Il sait que les baudruches ne lisent pas Machiavel, et moins encore L’art de la guerre de Sun Tzu.

Il sait que François Hollande, quand il ne se gonfle pas à l’hélium, est davantage le disciple d’un personnage de bande dessinée belge, Gaston Lagaffe, que celui d’un politologue florentin du seizième siècle. Il se dit, à la regarder, qu’Angela s’endort le soir, sans doute, en songeant qu’elle aimerait vivre dans la maison en pain d’épices de Hansel et Gretel. Il se dit que Barack, décidément, est remarquable dans son rôle d’idiot utile.

Il n’ignore pas que la Russie n’est plus ce qu’elle était, mais il ne renonce pas à espérer construire son monde eurasien, dont l’Ukraine est un fragment, juste un fragment. Il entend intimider l’Europe et y parvient remarquablement. Il discerne que l’Europe, en soutenant la prise de pouvoir à Kiev par un gouvernement putschiste pas très présentable puisqu’il contient des membres de partis antisémites, en tête desquels Svoboda, s’est placée dans une position pas très défendable et l’a fait sans avoir les moyens de tenir sa position, et il use de la faute de l’Europe pour montrer l’inanité de celle-ci.

Il entend éliminer les Etats Unis de la scène du monde, et dès lors que les Etats Unis procèdent, grâce à Barack, à leur auto-élimination graduelle, il peut penser que tout se passe comme il le souhaite. Qui pourrait l’inciter à penser le contraire ?

Il sait que s’il veut parler de choses sérieuses, Xi Jinping est un interlocuteur bien plus consistant, et d’ailleurs, un lecteur de Sun Tzu.

Vivrons- nous dans le monde eurasien que veut construire Poutine, en compagnie de Xi Jinping ?

Si l’Europe et les Etats Unis restent aux mains de baudruches, ce n’est pas impossible.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

Voir en ligne : http://www.dreuz.info/2014/05/les-b...