Dimanche dernier, invité du « Grand Jury » sur RTL, Jean-Luc Mélenchon, ex-président du Front de Gauche et ex-candidat à la Présidence de la République (11% des voix, tout de même), a prononcé une phrase qui n’a bien entendu pas été relevée par ses inquisiteurs d’opérette, et qui résume pourtant tout ce qu’est la Gauche d’aujourd’hui, Gauche de la Gauche et Extrême-Gauche incluses.

Qu’a donc dit le Che Guevara en pantoufles de sénateur, qui n’a pas échappé à ma légendaire sagacité ? Hé bien, prédisant la déculottée de la Gauche aux prochaines Régionales, il exhortait ses « camarades » à se débarrasser de leurs politiciens professionnels – lui n’est pas candidat (il est aujourd’hui député européen, une sinécure qui semble le combler), il peut donc faire la leçon aux autres sans se prendre un retour de manivelle -… et de constituer des listes d’union de la Gauche composées de, je cite : « syndicalistes, intellectuels et artistes ».

Et voilà. Sans faire exprès, Mélenchon a lâché le morceau. La Gauche, en dehors des politiciens qui en vivent confortablement, c’est donc cela :
Des syndicalistes professionnels, drogués au secteur public, qui partagent leur temps entre heures de bureau, déjeuners « de travail » dans des restaurants discrets mais quand même étoilés, et parfois, pas trop souvent quand même, il ne faudrait pas qu’ils abiment leurs Berluti, une petite manif digestive pour maintenir la foi de leurs ouailles.
Des intellectuels et des artistes, intermittents du spectacle mais permanents de la subvention, nourris et arrosés grâce à l’exception culturelle, véhicules robotisés du politiquement correct, indignés de « comedia del arte », pétitionnaires sans frais et droits de l’hommistes sans risque, toujours prêts à être généreux avec l’argent des autres.

Le peuple, les ouvriers, les paysans, les chômeurs, les modestes, les contribuables, vous ne croyez pas qu’ils pourraient aussi avoir leur mot à dire dans un Conseil Régional, ou dans tout organe représentatif, d’ailleurs ? Ah, mais non ! Vous les verriez, avec leurs grosses mains velues, en costume étriqué des enterrements et des mariages, leur aftershave bon marché, leur syntaxe approximative et leur pédigrée de gens de peu, partager les pompes du pouvoir avec l’élite de la Nation, la quintessence de l’universelle humanité ? Qu’on leur ait accordé le droit de vote, c’est déjà leur faire une faveur insigne, qu’ils ne méritent d’ailleurs pas, ces cons qui se laissent manipuler par ces fachos du Front National.

Mais qu’à cela ne tienne, continuez de voter à Gauche, fonctionnaires persuadés que la Gauche protège votre statut, assistés qui croyez que l’État et les riches paieront toujours, bobos qui vous gavez de notre naïveté, mais dépêchez-vous. La France, au train où ça va, il n’y en a plus pour très longtemps.