Le peuple est versatile, il vogue au gré des vents
Et peu lui chaut d’être sans cesse différent :
Il change d’opinion, le berger tout devant,
Maniant le bâton pour le remettre en rang.
L’opinion, on le sait*, ne peut jamais penser,
Entraînée qu’elle est toujours dans quelque troupeau :
La marche qu’elle suit n’est rien que de passer
En file compassée et au son du pipeau.
Se font et se défont toutes démocraties
De peuples serinés par de vaines promesses
Que chantent à tue-tête et de leurs inepties
Ceux qui récitent les psaumes d’une grand-messe.
On n’aime pas nommer le peuple "populaire",
Platon l’a évincé pourtant de tout pouvoir :
Comment pouvait-on en faire le titulaire
Quand il ne possède ni raison, ni savoir !
Mais la Terreur a prôné d’autres idéaux :
Les aristocrates enfin guillotinés,
Elle mène à d’autres "in excelcis deo",
Les moutons embarqués et encapuchonnés. (27/11/16)
* Bachelard. La formation de l’esprit scientifique. 1967