Ce n’est peut-être pas le moment de faire de l’ironie facile, mais tout de même, il a bonne mine, notre président, d’avoir placé dans ses vœux ridicules la lutte contre l’islamophobie en tête des préoccupations de la Nation Française… D’autant plus que ses propos ont été apparemment pris au pied de la lettre ! Douze « islamophobes » assassinés et une quarantaine de blessés. C’est probablement plus qu’il n’en espérait en ce début d’année 2015.

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Je ne m’étendrai pas sur l’écœurement « médiatique » récurrent qui me saisit chaque fois que ce genre de drame survient, avec son défilé d’experts qui semblent découvrir que le monde peut être méchant, de psychologues qui nous expliquent que les tueurs sont forcément des « déséquilibrés » - on ne s’en serait pas douté tout seul - et de moralisateurs à la noix qui nous alertent sur le risque « d’amalgame ». Et si j’ai des larmes à verser, je préfère qu’elles coulent pour ces deux malheureux policiers morts d’avoir défendu ceux-là mêmes qui les caricaturaient avec férocité, plutôt que sur les dépouilles des journalistes de Charlie Hebdo, qui sont déjà arrosées de tellement de pleurs qu’elles risquent de finir noyées (humour à la Charlie).

Ceci-dit, cet attentat barbare et imbécile m’a inspiré quelques réflexions, que vous ne trouverez probablement pas dans les médias officiels. Les voilà, brutales et imprégnées de mon indignation :

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1- On nous rabâche que l’attentat contre Charlie Hebdo est une atteinte à la « liberté d’expression ». Ben voyons ! Comme si les lois Gayssot et Taubira n’existaient pas. La vérité, c’est que dans la France d’aujourd’hui l’expression n’est « libre » que quand la loi n’en a pas fait un délit. Que des lois pour interdire, il y en a tous les jours de nouvelles. Et que pour les faire appliquer, notre pays regorge d’associations de basse police, dont les deux ressources principales sont les subventions publiques et les dommages et intérêts perçus à l’occasion de procès en pensée interdite. Faut-il rappeler à certains "je suis Charlie" que c’est par des associations de cette farine que Charlie Hebdo a été traîné en justice pour les caricatures de Mahomet ?

2- Vous aurez remarqué qu’on en a profité, histoire de nous maintenir dans notre état de contrition perpétuelle, pour nous en remettre une couche sur la xénophobie dont feraient preuve les « souchiens », en plus bien entendu de leur islamophobie, homophobie, racisme et antisémitisme – partie de l’explication de cet acte odieux. Pas d’amalgame, pas d’amalgame, ces tueurs ne sont pas musulmans (tiens donc !), ce n’est pas cela l’Islam (ah oui ?), la majorité des musulmans est pacifique, voire laïcs (on ne s’en serait pas douté, tellement on est demeurés). Quand bien même ! Il faudrait donc, pour ne pas heurter la sensibilité d’une majorité de musulmans, offrir notre gorge à une minorité de fondamentalistes qui n’ont qu’une idée en tête, nous parer d’un magnifique « sourire kabyle » ? Et voilà comment, à force de renoncements et de lâchetés, et en les obligeant à choisir leur camp, on "dés"-intègre des musulmans installés en France depuis des générations.

3- Heureusement pour nous, les cyniques qui nous gouvernent ont trouvé le remède miracle : « l’Union Nationale ». Tous ensemble derrière le drapeau, la croix et le croissant, et les salafistes se dissoudront dans la bien-pensance ! Sauf que c’est bien joli, l’Union Nationale, mais encore faudrait-il, pour trouver une solution commune, que tout le monde soit au moins d’accord sur le problème à résoudre… Et c’est là que ça coince ! Surtout quand nos Unionistes aux larmes de crocodile sont plus attentifs aux quelques points de popularité qu’ils pourraient tirer d’une attitude martialo-compatissante que préoccupés par la sécurité de leurs concitoyens.

4- Et pour en revenir aux journalistes de Charlie Hebdo, dont on est allé jusqu’à comparer leur assassinat aux attentats perpétrés par l’OAS - c’est dire dans quelle abjection certains de nos journalistes se vautrent-, le paradoxe est qu’ils sont morts pour avoir été les héritiers spirituels des porteurs de valises du FLN, lesquels, en justifiant par la lutte pour la liberté l’assassinat de civils innocents, ont ouvert la boite de Pandore qu’on ne refermera jamais. Leurs assassins, même si l’idée révulse notre petit confort intellectuel, s’inscrivent dans une même logique : ils combattent pour Allah, contre l’Occident impie, et, à défaut d’avions et de chars d’assaut, ils utilisent les armes que la providence leur accorde.

5- Enfin, les réactions officielles autour de cet attentat montrent encore une fois l’illégitimité croissante de nos dirigeants, qui donnent le sentiment d’être sourds et aveugles au danger mortel que court le pays, alors que le peuple tant méprisé, lui, a tout compris. Quand ce n’est plus l’élite qui est "intelligente", mais la "populace", c’est qu’on est à la fin d’un monde.

p.s : il se pourrait bien que, comme je l’ai écrit à l’occasion de l’assassinat d’Hervé Gourdel ( Faire la guerre au Djihad, c’est maintenant ! du 3 octobre 2014 ), les morts de Charlie Hebdo ne s’avèrent pas totalement inutiles… si nous prenons enfin conscience que nous sommes dans une guerre à mort. Inch Allah !