Macron adore faire le beau à Versailles. Les Versaillais, les CRS et la police préfèreraient qu’il aille se faire admirer ailleurs.
A Versailles, lundi, il ne manquait que les batteries anti-aériennes, les chars, les tranchées et le « Charles de Gaulle » sur le Grand Canal pour qu’on se croie en guerre. Pour le reste, et pour que notre dynamique Président et ses patrons invités soient parfaitement en sécurité, les responsables du service d’ordre avaient mobilisé plus de 500 CRS, amenés dans une cinquantaine d’estafettes - stationnées autour du château de Versailles, en lieu et place des voitures des riverains, dûment verbalisées quand leurs propriétaires ne les avaient pas enlevées à temps et emmenées sans autre forme de procès en fourrière à trois kilomètres de là.
Soit dit en passant, la concession des fourrières à des entreprises privées est un véritable scandale ! Les concessionnaires (avec la complicité des municipalités dont de mauvaises langues disent qu’elles y trouveraient leur compte ?) ne sont pas là pour mener le mieux possible une mission de service public, mais pour faire le maximum de fric, sans la moindre considération pour le contexte. En l’espèce, alors que le président Macron n’était annoncé qu’à 18 heures le lundi, c’est dès dimanche minuit qu’il était interdit de stationner dans les avenues proches du château, et en pleine nuit que les voitures ont commencé à être enlevées, alors qu’il aurait suffi d’attendre jusqu’à 8-9 heures du matin pour qu’il ne reste pratiquement plus de véhicules gênants (et non pas mal garés, j’insiste sur ce point). Et on nous dira encore une fois, comme pour les radars, que c’est dans l’ « intérêt supérieur ».
Mais revenons à nos moutons. Que notre président déroule le tapis rouge devant 140 des patrons les plus importants du monde, rien à redire. Mais à quoi servait-il de mobiliser toutes ces forces de l’ordre ? Aurait-on craint une attaque aérienne, nucléaire ou biologique ? Si Macron et ses invités couraient un danger mortel, les riverains ne risquaient pas moins, et auraient dû être évacués, ou au moins informés des abris souterrains et des hôpitaux de campagne mis à leur disposition, et dotés de masques à gaz, de rations K et de bouteilles d’eau minérale.
Si vous voulez mon avis, c’est encore une fois le zèle en cascade de fonctionnaires irresponsables, liquéfiés de trouille, qui conduit à une inflation galopante de mesures de précaution parfaitement disproportionnées, inutiles et de toutes façons inefficaces. Sans compter que, dans une période où l’on nous dit que police, armée et gendarmerie sont épuisées et proches du « burn out », il ne parait pas forcément très judicieux de faire poireauter, pour rien, 500 hommes de 6 heures du matin jusqu’à minuit devant un château qui se garde tout seul depuis plus de trois siècles.
Doit-on rappeler à toutes ces poules mouillées que, du temps de Louis XIV, n’importe qui pouvait entrer au château, à condition de porter chapeau et épée (que l’on pouvait louer devant les grilles).
Notre dynamique président devrait s’interroger sur le dispositif sécuritaire nécessaire et raisonnable autour de sa personne. Si chacun de ses déplacements doit se traduire par un tel barnum (le matin il était à Valenciennes, l’après-midi à Versailles, mercredi à Davos, bientôt en Corse, vous imaginez le nombre de CRS mobilisés), il serait plus judicieux qu’il préside à nos destinées depuis le bunker de l’Élysée et n’en sorte plus pendant son mandat. Ça nous ferait des économies, et les Forces de l’Ordre, au lieu de passer leur temps à peler le poireau, pourraient peut-être enfin s’occuper de faire leur vrai boulot.