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Terrorisme en France et en Allemagne : gagner la guerre ou ne pas perdre la face ?

, par  vanneste , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

coqbattuFace à la guerre, les démocraties réalisent le plus souvent l’union sacrée. Face au terrorisme, l’affaire est plus délicate. D’abord l’équilibre entre la sécurité et la liberté peut être compromis et susciter une opposition idéologique contre les « lois scélérates », selon la formule célèbre de Blum. Ensuite, dans la mesure où le terrorisme peut être lié à des choix politiques, comme la politique d’immigration ou la conception de la laïcité, le débat se poursuit. Enfin, la vie politique continue, les perspectives électorales suscitent le désir d’utiliser le sujet sous forme polémique afin d’en tirer un avantage partisan. On mesure le risque. Loin de réaliser l’union, les démocraties peuvent au contraire voir s’exacerber les antagonismes.

La panique et le désordre sont les effets escomptés de la terreur. Ils touchent évidemment la foule directement visée par les attentats, mais ils atteignent d’une façon différente les dirigeants politiques et les appareils de sécurité qui leur sont soumis. Surpris, débordés, pris en défaut puisqu’ils n’ont pas su éviter les événements, ils veulent effacer les erreurs, écarter les fautes, justifier une politique et affaiblir les critiques de l’opposition. La priorité n’est plus la lutte contre le terrorisme, mais celle qui se déroule sur le terrain de la communication.

L’Espagne, en 2004, avait donné un exemple terrible de ce processus. Le Parti populaire allait gagner les élections. Des explosions provoquant de nombreux morts et blessés ont lieu à Madrid. Le gouvernement de droite accuse les Basques. C’était un attentat islamiste sur fond de polémique sur la présence de troupes espagnoles en Irak. En flagrant délit de mensonge et de manipulation, la majorité perd les élections et laisse la place aux socialistes.

La France et l’Allemagne offrent aujourd’hui des situations analogues. En France, l’élection présidentielle aura lieu dans quelques mois. L’incapacité du Président et de la majorité socialistes de protéger le pays sera sanctionnée. Leur tentative éventuelle de manipuler la vérité risque de les mettre hors-jeu. Or, contrairement aux attentats précédents, celui de Nice, dans une ville emblématique de la « droite », a déclenché une polémique qui connaît des développement de plus en plus véhéments. L’auteur n’était pas connu des services de police. Il avait cependant préparé son acte depuis un certain temps. Son mode opératoire est nouveau en France, mais avait été suggéré publiquement et a déjà été utilisé dans d’autres pays. La tuerie de la Promenade des Anglais était inattendue mais pas imprévisible. Il est clair que les moyens humains et matériels mis en place étaient insuffisants. Cela ne met pas en cause la mobilisation et la motivation des policiers qui ont mis fin à la course folle du camion, mais leur nombre et leur dispositif n’étaient pas à la hauteur. Leur hiérarchie, administrative et politique, est évidemment impliquée dans cette déficience. Apparemment la diatribe oppose la police municipale de Nice à la police nationale. En réalité, c’est Estrosi contre Cazeneuve, un règlement de comptes gauche-droite. Le premier, Président de la Région PACA, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, et vrai Maire de Nice, avec parmi ses nombreuses délégations de Premier Adjoint, la sécurité, est accusé par la gauche de ne pas avoir supervisé en personne la sûreté du feu d’artifice du 14 Juillet. Lui-même dénonce le mensonge d’Etat du Ministre de l’Intérieur sur les effectifs policiers présents sur place. L’affaire s’envenime depuis que Sandra Bertin, chargée du Centre de Supervision Urbain dit avoir été l’objet de pressions voire d’un harcèlement en vue de lui faire modifier son rapport en indiquant la présence de policiers nationaux qu’elle-même n’avait pas vus. Certes Cazeneuve, un acteur de grande classe, se drape dans une dignité offensée et, sur un ton grandiloquent qui convient à son personnage, entonne le grand air de la vertu outragée. Non, le cabinet du Ministre n’a pas tenté d’influencer le rapport de vidéoprotection. Mais depuis l’étalage éblouissant du talent de Cahuzac, le doute subsiste sur la sincérité des politiciens surtout les plus doués pour l’art dramatique. Il y a bien eu une demande de remontée d’information administrative indépendante de la démarche judiciaire. Quelle a été sa nature et son intensité ? La Justice a été appelée à le déterminer. Entre le champion niçois de la videosurveillance affaibli par l’inefficacité de celle-ci en l’occurrence et le Ministre fragilisé par une série d’attentats qu’il n’a pas pu empêcher, le bras-de-fer est engagé. Ce spectacle est décevant pour les Français et doit réjouir les commanditaires de l’attentat.

En Allemagne, d’une façon plus diffuse, les autorités semblent se livrer à une navigation délicate. Une série d’agressions et d’attentats ont eu lieu ces derniers jours. A Würzburg, c’est une attaque à la hache dans un train menée par un réfugié afghan. A Reutlingen, un réfugié syrien tue une personne et en blesse deux autres. A Ansbach, un réfugié syrien se fait exploser à l’entrée d’un festival de musique, atteignant douze personnes. Enfin, un germano-iranien, fils de demandeurs d’asile, assassine neuf personnes dans un Mac Donald’s à Münich. On ne peut éviter de rapprocher ces événements de la politique d’accueil massif des réfugiés prônée par Angela Merkel. De là à voir dans ces actes les conséquences voire la condamnation de cette politique, il n’y a qu’un pas. Aussi, la police s’évertue-t-elle à dissiper l’impression de similitude d’une série qui implique des migrants musulmans. Le tueur de Münich s’inspirerait des meurtres de masse commis plusieurs reprises en Allemagne par des jeunes à l’encontre d’autres jeunes : d’Erfurt en 2002 à Winnenden en 2009. On a même évoqué Breivik en Norvège sans doute pour détourner les regard vers l’extrême-droite. Pourtant, la cible n’avait rien à voir avec celle choisie par le néo-nazi norvégien. On souligne surtout les antécédents psychiques dans ce cas comme dans ceux de Reutlingen, passionnel, ou d’Ansbach. Un mauvais esprit dirait qu’on botte en touche.

Dans les deux pays, le combat contre l’ennemi extérieur cède la place au débat interne. C’est la faiblesse inévitable des démocraties. Elle est inversement proportionnelle à la vigueur de la réaction contre l’agresseur que ce soit l’Etat islamique en Syrie et en Irak, que ce soient les réseaux au sein d’une immigration musulmane dont on n’a pas évalué les risques. Dans les deux cas, on a traîné en longueur, on a agi avec mollesse. On en paie le prix.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...