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Quel avenir pour la droite ? Quelle droite pour l’avenir ?

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Après une présidentielle catastrophique, la droite tarde à se trouver. Dans un an, les élections européennes constitueront un test. D’ici là, un gros travail reste à faire pour offrir une vision en réponse aux multiples enjeux qui se posent à la France.

D’abord, le pays ne fait plus corps.

Cinq années d’émeutes ont permis de jauger l’ampleur de la dislocation de nos territoires. Les Gilets jaunes ont ouvert le bal des révoltes sur les ronds-points. L’ultra-gauche urbaine, arcboutée contre tout réglage de notre vieux système par répartition, a mis le feu à son tour dans les grandes villes dans l’espoir du grand soir. L’embrasement récent des cités a conclu la tournée des fractures de l’archipel français.

Notre modèle social est usé jusqu’à la trame

Tout est à réinventer.

Mais la droite ne parle que d’immigration, comme si tout se ramenait à elle. Elle espère reprendre à son compte ce thème ô combien complexe à l’extrême droite. Non seulement elle n’est pas en position de force pour la déloger de sa forteresse, mais elle risque de perdre son électorat libéral déboussolé par son approche brutale et simpliste.

Entre l’extrême droite qui veut refermer le pays sur lui-même, au risque de menacer les fleurons nationaux dont le succès provient des marchés extérieurs, et la majorité actuelle qui ne tient que grâce à la figure d’Emmanuel Macron, la droite a un boulevard. Il serait triste qu’elle rate son tour par fainéantise intellectuelle.

Dans un sondage récent sur les valeurs de la droite (institut Harris Interactive), la liberté, la responsabilité et le mérite figuraient en tête aux côtés de la famille. Pour rebondir, notre famille politique doit enfin rompre avec son prisme étatique et reprendre le flambeau trop longtemps négligé de la liberté !

Les violences récurrentes traduisent un malaise général.

Les mutations de notre société s’accompagnent d’une défiance historique envers les élus et nos institutions républicaines. Malgré toutes les promesses de simplification, les règlementations et les normes continuent à s’empiler. Elles compliquent le quotidien et coûtent chaque jour un peu plus cher aux Français, à leurs maires et à tous les services publics dont la qualité s’effondre.

L’État veut tout faire et il le fait mal. Sa dépense approche pourtant 58 % du PIB (record de l’Union européenne) avec une dette supérieure à 3000 milliards d’euros, 112,5 % du PIB. Pour donner un ordre de grandeur, les émeutes des banlieues ont coûté un milliard d’euros en cinq jours. C’est considérable, mais ne représente que trois jours de déficits publics. Voilà l’incendie le plus grave.

La réforme de l’État est la mère de toutes les réformes

Il est d’abord urgent de le recentrer et de le renforcer sur ses missions régaliennes, en particulier la sécurité des Français et de leurs biens.

Une large part de l’opinion publique ne supporte plus la tolérance judiciaire envers l’écolo-vandalisme, l’absence de réponse pénale forte face à la multiplication des petits actes de délinquance, et les atteintes fréquemment impunies au droit de propriété, socle de la liberté.

Ensuite, nombre d’administrations s’autoalimentent en procédures inutiles et ne vivent que pour elles-mêmes. La droite doit s’atteler au projet de simplification du millefeuille territorial, d’une vraie décentralisation fondée sur le principe de subsidiarité et d’alignement du statut de la fonction publique sur le droit privé, ouvrant la voie à un management moderne indispensable pour remotiver les agents de l’État et des collectivités territoriales. Le pays a besoin d’agents moins nombreux mais mieux payés et plus motivés. L’État va devoir faire mieux avec moins en réalisant des gains de productivité dans ce cadre assaini.

Libérer l’éducation

L’ascenseur social est en panne depuis bien longtemps.

Son premier moteur est l’école et la formation tout au long de la vie.

En cause, le monopole scolaire qui fige toutes les strates de décisions et tend inexorablement à niveler par le bas.

Frédéric Bastiat l’avait développé en son temps :

« Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner. Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. Il est à réinventer si nous voulons préserver l’excellence de notre système de soin et un niveau élevé de formation générale. »

La méthode la plus efficace pour réformer un mammouth de 1,5 million de personnes, c’est de l’inciter à le faire lui-même sous la pression de la concurrence.

La droite doit promouvoir la liberté scolaire . Le succès du privé fondé sur l’autorité, le choix des enseignants par chaque établissement et l’offre pédagogique diversifiée devrait alors inspirer l’école publique par mimétisme. Sans oublier que l’école privée soulage les finances publiques avec un financement public moitié moindre par élève.

Abattons aussi les murs entre l’école et l’entreprise.

C’est un enjeu vital, en particulier dans les cités où les braises sont encore chaudes. Dans sa complexité, le processus d’intégration repose en grande partie sur une école de qualité enseignant les valeurs de la République à côté des savoirs fondamentaux. Ce n’est pas tant une question de moyen que de méthode. Une audace de droite consisterait à financer par de l’argent public un réseau privé « d’écoles de la réussite » respectant une charte républicaine stricte dans les 1514 quartiers prioritaires à travers le mécanisme de chèque éducation , en ayant recours éventuellement à des mécènes des banlieues ouvrant des passerelles vers l’entreprise.

Les entreprises sont les seules à pouvoir réduire le taux de chômage bien trop élevé dans les quartiers prioritaires.

Les jeunes des cités ont besoin de formations adaptées aux besoins des entreprises afin d’améliorer leur employabilité. Ils ont aussi besoin d’entreprises qui les embauchent. La formation et l’emploi constituent les piliers incontournables pour intégrer une immigration extra-européenne, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur celui de nos valeurs républicaines en matière d’égalité des droits homme-femme, de respect des LGBT, de tolérance et d’acceptation des principes éthiques au cœur de notre société laïque et ouverte.

Libérer les entreprises

La droite doit enfin être à nouveau celle qui libère les énergies et l’esprit d’entreprendre, second moteur de l’ascenseur social.

Écrasées de contraintes règlementaires et fiscales, nos entreprises sont trop petites et fragiles. Elles perdent en productivité depuis des années tandis que notre balance commerciale se creuse. Nous avons besoin de doubler le nombre d’entreprises de taille moyenne (ETI) capables d’investir dans la R&D et d’affronter la compétition internationale. Elles sont les premières à pouvoir affronter le défi de l’IA et de la lutte contre le réchauffement climatique par l’investissement et l’innovation. La droite ne peut contribuer à libérer ces énergies qu’en s’attaquant à la hache à la jungle de règles et de normes toujours plus touffues qui a anémié notre industrie autrefois innovante.

La droite devrait regarder le succès croissant du maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France, David Lisnard .

Il s’avance seul sur le terrain des valeurs, en particulier la liberté. Son succès n’a rien de surprenant. Il répond à cette forte attente populaire qui n’en peut plus des lourdeurs et de l’inefficacité de notre modèle social. La droite a intérêt à rapidement s’en inspirer si elle ne veut pas se voir balayée par de nouvelles énergies.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2023/0...