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Quand M. Hollande parle de légitimité à la Syrie…

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

legitimeoupasDes élections législatives avaient lieu hier, 13 Avril, en Syrie. Les puissances « occidentales » avec les Etats-Unis en tête et son cortège de suiveuses, parmi lesquelles, plus soumise que jamais, la France, du moins celle de François Hollande, ont crié à la mascarade et fustigé ce simulacre électoral dont elles contestent la légitimité. (Rfi 14/4/2016) Depuis le temps que la majorité de nos médias dénoncent le « régime » de Damas et ont choisi de traiter la question selon le schéma westernien qui distribue les rôles entre les « bons », la gentille armée syrienne libre, la « brute » Bachar Al Assad et les « truands » russes qui le soutiennent, la cause est entendue : nous défendons vertueusement le bien contre le mal, et c’est le bien qui est évidemment légitime. (article du Monde 13/4/2016) Ce tableau aux couleurs contrastées s’est toutefois assombri à mesure que la situation se compliquait. D’une part, les rebelles « fréquentables » sont devenus une peau de chagrin, dévorée par des groupements islamistes suspects d’intentions peu démocratiques, supplantée ensuite par les salafistes d’Al-Nosra (Al-Qaïda) et de l’Etat islamique, plus puissants militairement, et grignotée enfin par l’armée arabe syrienne qui reconquiert le terrain. (Tribune de Genève 9/2/2016) D’autre part, le Président syrien ne cesse d’afficher avec le sourire son souci de défendre l’intérêt de la Nation et d’en respecter les institutions. Son comportement n’a rien à voir avec les excentricités d’un Kadhafi, dont beaucoup regrettent aujourd’hui la chute et l’assassinat. Il reçoit les visiteurs étrangers, notamment les parlementaires français, en leur rappelant tranquillement que l’ingérence et le mépris de leurs pays à l’encontre de la Syrie n’ont aucune légitimité. Enfin, des élections sont organisées selon la constitution. Depuis le début des troubles, c’est la deuxième fois que les Syriens élisent leurs députés. Ils ont réélu le Chef de l’Etat en 2014. Certes la légitimité ne se confond pas avec la légalité, mais la capacité de l’exercer avec l’assentiment d’une importante partie de la population y participe.

L’intelligence de la stratégie de Vladimir Poutine et de ses alliés a depuis l’affaire de l’utilisation des armes chimiques profondément retourné la situation. Moralement, d’abord, puisque le pouvoir syrien a clairement renoncé à l’emploi de telles armes alors que ses adversaires se livrent à quantité d’atrocités et de destructions ; physiquement, ensuite, puisque le gouvernement légal de la Syrie qui ne contrôle certes qu’un gros tiers du territoire, y protège 70% de la population, alors que les rebelles soutenus par les « démocraties » occidentales n’en ont que 5% au mieux dans leur secteur. Les autres sont aux mains des fanatiques ou dans les zones kurdes objectivement alliées à Damas. On voit par là le ridicule des occidentaux à s’arroger la légitimité. La faiblesse de leur position est accentuée par la diversité des soutiens au régime. Certes les minorités alaouïte, chiite, druze, arménienne et chrétienne y ont leur part, mais beaucoup de sunnites, membres du parti Baas, et jusqu’aux autorités religieuses, sont de son côté. Si 5 millions de Syriens ont quitté le pays, 6,5 millions se sont réfugiés dans le territoire tenu par l’armée régulière et ses alliés. Par ailleurs, l’Occident a lui des alliés bien douteux. La Turquie n’est pas un modèle de démocratie, et les royaumes pétroliers du Golfe en sont des repoussoirs que nos régimes vertueux courtisent sans vergogne. Faut-il ajouter que ces amis si généreux ne sont pas étrangers à l’aide apportée aux fondamentalistes ?

L’attitude occidentale est préoccupante car à force de brandir le droit et la légitimité contre les évidences les plus criantes, elle affaiblit ces deux valeurs essentielles. Le droit n’est pas nécessairement du côté de l’Amérique. Depuis l’invasion de l’Irak, le doute est devenu une certitude, et la politique compliquée et sournoise d’Obama après la brutalité de Bush ne rassure pas. L’ingérence des démocraties au nom de la morale est-elle légitime ? Lorsque des pays prétendent imposer un changement de régime à un Etat constitué au profit d’une minorité qui vit à l’étranger et ne dispose que de peu de soutiens sur place, on mesure l’énormité de l’imposture. L’armée syrienne n’est pas une armée d’occupation. Les événement qui ont précipité la tragédie syrienne ont au contraire été largement alimentés de l’extérieur. Alors que la Syrie jouissait en 2010 d’une relative prospérité, elle a mis fin au traité de libre-échange qui favorisait les importations turques. La volonté d’Erdogan de rétablir la puissance ottomane sur les voisins et les réseaux islamistes financés par l’argent du Golfe ont eu sûrement plus de poids dans le mouvement qui a secoué la Syrie qu’un élan démocratique spontané. Qui peut imaginer d’ailleurs que la vague des « printemps arabes » ait été si spontanée ? La ressemblance des scénarios, le rapport de forces en faveur des islamistes qui en a résulté, et le retour plus ou moins facile à la situation antérieure pour éviter le pire plaident plutôt pour un mouvement suscité du dehors, puissamment soutenu sur le plan financier, et qui a bénéficié du concours des ambitions disponibles. Les zones tenues par les rebelles sont proches des frontières dont la porosité a été entretenue par les voisins comme la Turquie ou la Jordanie.

Si mascarade il y a, c’est bien dans l’affirmation que certains pays, détenteurs du monopole de la démocratie, auraient le droit d’imposer leur volonté à un peuple sans lui demander son avis. Comme le souhaite la Russie, (sputnik article 6/4/2016) la « transition » doit passer par là et non se résumer à l’éviction d’un président au profit de gens qui n’ont aucune légitimité ni formelle, ni réelle.

 

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...