C’est à l’orée de mes quelque quatre-vingts ans
Que reviennent soudain de troublants souvenirs,
Comme si le besoin se faisait bien présent
De s’accrocher au passé sans plus d’avenir.

Les images défilent encor trop brouillonnes,
Il me faut les fixer pour mieux les ajuster,
C’est que dans mon esprit toujours elles bouillonnent,
Sans que d’un seul coup je puisse les décanter.

C’est l’école d’abord qui revient sans faillir,
Et la récréation baptisée de la cloche,
Les jeux qu’on pratiquait pour mieux s’enorgueillir
D’une victoire où l’on évitait les taloches.

Et puis nos sorties sur le stade militaire
Où il fallait traverser ce si haut portique :
A dix mètres du sol, toujours en solitaire :
Qui en eût tremblé en avalait son viatique.

Revient le souvenir des premières amours,
Faites d’effleurements et de nuits sans sommeil…
Ils sont loin ces moments, ils reviennent toujours
Pour apaiser encor de douloureux réveils. (27/08/16)