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Pourquoi le pouvoir ?

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roimystereSi on exclut du champ politique les cyniques pour lesquels le pouvoir, quel qu’il soit, est un objectif égoïste et ceux pour qui c’est une horreur absolue à combattre absolument quelque soit sa forme, il subsiste trois possibilités pour les autres de le justifier et d’en faire la plus noble des ambitions. Les pessimistes, c’est-à-dire les réalistes, feront remarquer que cette recherche semble intéresser en fait peu de gens puisque les politiciens professionnels appartiennent à la catégorie des cyniques et que les indignés occupent une place grandissante sur la scène publique européenne. C’est cependant le seul chemin pour restaurer la dignité de la politique et des politiques : qu’est-ce qui justifie le pouvoir ?

Trois réponses peuvent donc être apportées. Chacune peut être déclinée. Elles peuvent également être associées. On peut légitimer le pouvoir par son origine, par sa forme et par sa finalité.

Le fondement du pouvoir peut être la religion, la volonté divine. C’est ainsi que nos rois étaient lieutenants de Dieu en leur royaume. La démocratie a remplacé la volonté de Dieu par celle du peuple. Cette dernière peut être aussi absolue que l’autre. C’est le reproche que l’on fait à Rousseau et qui a donné lieu au concept de « démocratie totalitaire ». Un tyran soutenu par son peuple, écrasant les minorités et identifiant le droit à son bon vouloir est le risque de toute démocratie. L’Europe en a fait l’expérience au siècle dernier.

C’est la raison pour laquelle les penseurs libéraux ont davantage mis l’accent sur la forme du pouvoir que sur son origine. Ce qui justifie le pouvoir, c’est qu’il ne soit pas absolu, qu’il soit au contraire soumis à des lois qui ne dépendent pas de lui et qui protègent les droits des individus, leurs libertés fondamentales. L’existence d’une constitution ou d’une tradition juridique, l’indépendance de juges qui jusqu’au plus haut niveau contrôlent et limitent le pouvoir pour le soumettre à l’autorité du droit, la séparation entre ceux qui font la loi et ceux qui l’exécutent, s’inscrivent dans ce système, dans cette mécanique qui recèle toutefois un défaut. Elle fonctionne comme une horloge et convient parfaitement à des nations prospères constituées de citoyens raisonnables qui n’ont d’autre appétit que leur aspiration au bonheur. Mais si l’horloge se transforme en navire sur une mer déchaînée, la lenteur des décisions, l’équilibre des forces, le respect des règles sont impropres à lui permettre de gagner un port. Les Romains postulaient le recours au dictateur temporaire. Dans l’Histoire, les régimes libéraux n’ont dû leur salut qu’à des hommes exceptionnels. Churchill a sauvé le Royaume-Uni, mais de Gaulle est arrivé trop tard. Sans vision à plus long terme que la prochaine échéance électorale, et sans d’autre but que d’additionner les satisfactions obtenues par les groupes de pression capables d’assurer le succès, les démocraties libérales survivent par leur poids mondial, et singulièrement par celui de l’une d’elles, plus que par la clarté et la puissance de leurs objectifs.

C’est précisément en cela que réside la troisième raison d’être du pouvoir. C’est le but qu’il poursuit qui assure sa légitimité. Celui-ci peut être relatif et convenir à des démocraties libérales auxquelles il donne un peu de vigueur. Les horloges, notamment celles qui fonctionnent avec le mécanisme de la proportionnelle, l’ignorent puisqu’elles sont condamnées à bricoler de vagues perspectives propres à réaliser un consensus entre les groupes disparates qui composeront la majorité de gouvernement. Dans les autres, où l’alternance est plus nette, des ruptures se font avec des ambitions de changement qui peuvent motiver les électeurs sur la base d’un programme alléchant. La nouvelle frontière de Kennedy ou le retour de l’Amérique de Reagan en sont des exemples. La situation actuelle de la France montre au contraire les limites de ce système. Lorsque la guerre à la finance se transforme en intention beaucoup plus modeste d’adapter le pays à la réalité du monde, l’enthousiasme retombe évidemment. Les totalitarismes reposent à fond sur ce type de légitimité, mais à long terme. Le Reich de Mille ans en a duré douze. La société sans classe et sans Etat qui devait être « l’avenir radieux du communisme » a justifié la dictature pointilleuse d’un Etat étouffant le peuple et les libertés durant soixante-dix ans et qui, non sans menacer la paix du monde, s’est effondré dans un total délabrement. Quant au califat mondial, il trouvera sur sa route tous les hommes et les femmes pour qui la dignité humaine n’a pas de prix.

Si l’on devait tenter la synthèse, je proposerais celle-ci : en premier lieu, l’origine du pouvoir ne peut être que le peuple, y compris par le biais de la démocratie directe. Il est trop évident en effet que Dieu n’a été dans l’histoire politique que le prête-nom de la force. Son royaume n’est pas de ce monde, même s’il inspire moralement ceux qui y ont du pouvoir. Mais, encore faut-il qu’il y ait un peuple, issu de l’Histoire, porteur d’une culture et mu par une pensée commune. Sans cela, le peuple se dissout en communautés aux intérêts rivaux. La démocratie doit certes respecter des limites, mais celles-ci ne doivent en aucun cas se retourner contre le bien commun de la nation. La distinction entre les droits des citoyens et ceux de l’homme garantit la protection des minorités et des étrangers, mais légitime la préférence nationale. Le fonctionnement formaliste des institutions démocratiques ne doit pas rendre le pouvoir inopérant. Si les libertés doivent être très grandes dans la société civile, l’Etat ne doit pas être handicapé dans ses missions régaliennes, les sécurités intérieure et extérieure en particulier. Quant à l’objectif qui doit nécessairement être poursuivi, ils est clair : le bien commun qui est la raison d’être de l’autorité politique. Celui-ci implique à la fois la préservation de l’héritage culturel et le maintien de l’indépendance de la nation. C’est en préservant son identité et son autonomie qu’une nation peut concourir le mieux à la paix du monde et aux échanges qui sont le ferment de l’humanité. Mais cela implique qu’elle ait les capacités démographique, intellectuelle, économique et militaire de le faire. Ceux qui les affaiblissent en gouvernant mal le pays perdent toute légitimité.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...