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J’aurais pu le baptiser Paul, Pierre ou Jacques mais il m’a semblé, ainsi que par commodité, que Mohamed pourrait bien lui convenir. Et puisque personne bizarrement n’a fait fuité son nom, autant l’habiller, c’est plus sympa, non ?
Donc, Mohamed qui n’a pas 25 ans a un casier judiciaire long comme un jour sans pain ; plus de trente affaires (dont plusieurs braquages et violences avec armes), procédures judiciaires ou condamnations à son actif, ce qui vous en conviendrez est une belle performance, performance qui fait de notre Mohamed un récidiviste compulsif et un malfaiteur hors pair. Bref, un gars qu’il convient de surveiller comme le lait sur le feu, un gars dont on peut supposer que dès qu’il en aura l’occasion, il braquera à nouveau, arme à la main s’il le faut. Et qui dit " arme à la main ", laisse là aussi supposer qu’il s’en servira. Mohamed est donc un individu dangereux, très dangereux.
Mohamed était incarcéré, normalement, jusqu’en janvier 2018.
Il est tellement dangereux que la Chancellerie autorise qu’on lui donne de temps en temps une permission de sortie de prison pour aller prendre l’air. Au moins par deux fois. La deuxième fois, c’était en mai dernier, sans doute le cœur attendri, la Chancellerie lui accorde une perm’ pour aller assister à l’enterrement de son papounet et régler, nous dit-on, quelques problèmes de succession... Mohamed sait qu’il lui reste encore 2 ans et 3 mois de taule à faire, il en profite donc pour se faire la belle ; il ne rentre pas au bercail.
Et voilà qui fait de notre Mohamed un individu très dangereux en cavale ; en liberté, donc. Libre d’agir et surtout de mal agir.
L’on apprend aussi que Mohamed avait été signalé à la DGSI car les matons avaient remarqué qu’il s’était radicalisé en prison. Les médias disent " qu’il s’était radicalisé " ; chacun comprendra que par pudeur ou pour ne pas stigmatiser qui que ce soit ou une quelconque religion, il n’est donc pas utile de nous dire si il s’était radicalisé catho, juif, bouddhiste ou, pourquoi pas, qu’il s’était islamisé... A vous de vous faire une idée...Toujours est-il que suite à cette radicalisation décelée et au fait qu’il ne soit pas rentré de permission, la DGSI établit une fiche S, puis, parait-il, une deuxième fiche S.
Ainsi, Mohamed est en liberté et, jamais à court d’une connerie à faire, il en profite avec un comparse pour braquer un dépôt de bijou. Répérés, une course poursuite s’engage avec des policiers de la BAC, la voiture de Mohamed est interceptée. Mohamed sort et tire sur les flics. Les flics tirent sur Mohamed. Mohamed est tué, Inch’Allah ! Et un pauvre flic qui ne faisait que son travail est blessé grièvement. Son pronostic vital est engagé, comme on dit maintenant, c’est plus smart que de dire qu’il est entre la vie et la mort.
Un flic, père de famille, victime collatérale d’une forme de laxisme judiciaire, est entre la vie et la mort parce qu’il s’est trouvé sur le chemin d’un homme dangereux, multirécidiviste à qui l’on avait accordé une permission de sortie.
Et oui, encore un multirécidiviste, forcément dangereux puisque multirécidiviste, qu’on a laissé sortir...
Les médias nous disent que les policiers sont scandalisés. Qu’ils en soient assurés, il n’y a pas qu’eux pour être scandalisé.
Mam’ Taubira, autorité de tutelle de l’administration pénitentiaire est interpellée ( au figuré, hélas ) par les syndicats de police. ils veulent savoir pourquoi, " Comment un individu avec ce profil, qui était connu pour de nombreux braquages, dont la disparition est suffisamment inquiétante pour alerter la DGSI, a pu bénéficier d’une permission de sortie ? Forcément, un jour, qu’est-ce qu’il se passe ? Il ne rentre pas ! "
Et Mam’ Taubira que rien ni personne, pas même le cas d’un brave flic sur le carreau, ne saurait émouvoir a proposé - bien sûr les enquêtes de rigueur auront lieu pour savoir quoi ou qu’est-ce - en réaction qu’elle envisageait, à l’avenir, que lorsque certains détenus dangereux bénéficieront d’une permission de sortie pour, par exemple, un décès familial, ils seraient escortés ! Non, sans déconner ! Voilà qu’elle annonce que des permissions seront de nouveau accordées à des individus dangereux ! Voilà que l’on donnera une escorte à des individus dangereux qui vont prendre l’air !
Nous prendrait-elle pour des cons ? Absolument ; non seulement, elle nous prend pour des cons, mais en plus elle se fout royalement de nous, du flic entre la vie et la mort, de l’exaspération des flics, j’en passe et des meilleures. Un individu dangereux, parce qu’il est dangereux, n’a pas à bénéficier de permission, décès d’un proche ou pas. Point barre.
A midi, chez Lucet, un journaliste, spécialiste des questions de justice, nous apprenait que chaque année environ 48 000 détenus bénéficiaient de permissions de sortie et que " seulement " 20% de ces braves gars... ne rentraient pas. Et sur ces 9 600 gars en cavale, le journaliste a bien été obligé de reconnaître que forcément il y en avait des dangereux. Combien, mystère !
Mohamed est mort, et c’est tant mieux. Le policier s’en sortira peut-être, souhaitons-le, même si l’on sait qu’il sera traumatisé à vie. Ceci dit et quelque soit l’évolution de son état de santé, toutes les personnes ayant autorisé la sortie de Mohamed, au premier des rangs desquelles Mam’ Taubira, porteront la responsabilité de qui est arrivé au flic qui ne faisait que son travail. Que celles-ci cependant ne s’inquiètent pas, elles auront beau être responsables, elles ne risqueront rien. On connaît la chanson...
Folie passagère 2925.
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