Le coup de force de l’exécutif serait suffisant à légitimer une radicalisation qui n’est, au sens propre du terme, qu’un retour aux racines.
Après la mise aux voix précipitée du projet de loi Taubira vendredi matin au Sénat où, à la suite de débats bâclés, le texte a été adopté à main levée dans un hémicycle à moitié vide, voilà que le président de la République et le gouvernement ont décidé de commettre un véritable coup de force en imposant la deuxième lecture du texte à l’Assemblée nationale, initialement prévue à partir du 27 mai, dès mercredi prochain, 17 avril.
Alors que l’étau de l’impopularité se resserre autour du gouvernement, un exécutif discrédité et lâche montre ainsi son mépris radical du débat public en espérant damer le pion aux opposants au mariage gay, chaque jour plus nombreux et déterminés.
Des opposants dont le Premier ministre et le premier secrétaire du Parti socialiste osent dénoncer la radicalisation, tout en accusant la droite parlementaire de faire le jeu des extrémistes ! Car, à les entendre, le mouvement contre la dénaturation du mariage et de la filiation serait en train de faire son coming out. Jusqu’alors apparemment composé de familles bourgeoises bon chic bon genre venant à intervalles réguliers, depuis novembre 2012, s’encanailler dans les grandes avenues parisiennes à l’issue de la messe dominicale avec l’absolution de leur curé de paroisse, voilà que le mouvement, récupéré par de dangereux nervis d’extrême droite, déraperait en laissant remonter des égouts toute une f(r)ange d’obscurantistes radicaux, voire de fachistes assumés, qui n’auraient qu’une obsession : casser encore et toujours du pédé !