J’aimais bien ma grand-mère, abhorrant ses baisers,
Quand elle m’étreignait, c’était un vrai supplice,
Bavant sur mes deux joues, sans s’économiser,
Et j’avais bien du mal à en être complice.
Elle venait d’un petit village de Corse,
L’atavisme jouait sans détour adventice,
Elle me prodiguait son amour sans entorse,
Je devais le subir de façon subreptice.
Mon grand-père avait, lui, des rapports distanciés :
Il avait connu, lui, qui était bon Breton
La pêche à Terre-Neuve et ses traits émaciés
En disaient déjà long sur ses prises de thon.
Il était devenu, de combats sans merci,
Un peu raide à on goût et souvent trop rigide,
De quelque épanchement n’ayant point de souci,
Je l’ai toujours perçu comme un peu trop frigide.
Mais tous les deux ensemble ils ont vécu leur vie
En fuyant l’Algérie, ils sont morts en Bretagne :
Ma soif de les aimer demeure inassouvie
Je ne pourrai plus grimper au mât de cocagne. (8/09/16)