Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Les primaires à droite ? Une belle connerie

, par  NEMO , popularité : 4%
NJ-Ile de France

J’ai déjà évoqué le sujet des primaires dans une tribune récente (Sarkozy a tout faux). Maintenant que ça a l’air d’être dans le tuyau, que les couteaux sont tirés à droite, en cours d’affûtage à gauche, il me semble salutaire d’expliquer pourquoi ce système, plaqué artificiellement sur la France par la gauche, et repris servilement par la droite qui ne manque pas une occasion d’être stupide, est une belle connerie.

Un peu d’histoire des institutions : les primaires pour désigner le président de la République sont un système conçu par et pour les américains. Les États-Unis, comme leur nom l’indique, sont une fédération composée de 50 états. Une fédération pose des problèmes spécifiques, notamment de représentativité, qu’il serait trop long de détailler ici. Si l’état fédéral américain est seul habilité à définir une politique étrangère, monétaire ou de défense nationale, s’il existe une police fédérale pour les crimes de même nom, les états qui composent la fédération jouissent d’une large autonomie dans tous les autres domaines, y compris la police, la justice, et le recouvrement de l’impôt. Pour donner un exemple significatif de l’état d’esprit yankee, ce n’est pas le Président des USA qui dispose du droit de grâce accordé traditionnellement aux chefs d’État, c’est chaque gouverneur de chaque état.
Dans le système américain, en même temps que le Président, sont aussi élus la plupart des représentants du peuple, tant au niveau fédéral qu’au niveau local : chambre des Représentants, sénateurs, juges, hauts fonctionnaires etc… Quand un élu sortant est battu, c’est toute son administration qui fait ses cartons. L’élection présidentielle américaine n’est pas, comme chez nous, la « grande élection » qui conditionne toute la vie politique du pays.

Dans ce contexte, où deux grands partis, les Démocrates et les Républicains, dominent, l’opposition au pouvoir fédéral en place ne fonctionne pas du tout de la même manière que dans nos démocraties européennes. Il n’y a pas de chef de l’opposition qui donne la réplique au Président. Les responsables de parti sont plus des organisateurs et des coordinateurs que des « patrons ».
Aussi c’est chaque candidat à la présidence des États-Unis qui élabore son propre programme de gouvernement. Le vainqueur des primaires bénéficiera certes de tous les moyens dont son parti dispose pour mener la campagne des présidentielles. Mais il n’en deviendra pas pour autant le chef, et, devenu « l’homme le plus puissant du monde », il n’aura que peu d’influence sur la vie des états de la fédération.

__3__

Rapporté à la France, on voit bien ce qu’il y a d’absurde à vouloir à tout prix plaquer une modalité sans considérer l’ensemble du système. D’abord la vie parlementaire en Europe est autrement structurée : chez la plupart de nos voisins, Grande Bretagne, Espagne, Italie ou Allemagne, pour ne citer qu’eux, les partis d’alternative sont dirigés par un vrai « patron », qui donne le cap que tous les membres suivent bon gré mal gré, et qui mènera ses troupes à la bataille pour le pouvoir. Simple, efficace et incontestable… C’est ce qui se passait chez nous jusqu’à ce que des crânes d’œuf de gauche se disent que quitte à prendre à peu près toutes les idées fumeuses qui nous viennent des États-Unis, y compris Facebook et Twitter, des primaires seraient une grande et belle avancée citoyenne, et que des crânes tout autant d’œuf de droite surenchérissent à qui sera le plus con.

Alors aujourd’hui, l’UMP a bien « élu » un président, dont les prérogatives statutaires sont contestées de tous les côtés, pour autant que, n’étant pas encore le candidat choisi par les primaires, il ne peut pas revendiquer le titre de « chef ». Mettons que le président ne gagne pas les primaires. Le vainqueur, lui, sera le candidat de l’UMP aux présidentielles, mais il ne sera pas le chef pour autant, puisqu’il y a encore un président. Si le président battu aux primaires démissionne, le candidat aux présidentielles n’en sera pas pour autant président à sa place. Les statuts sont comme ça ! Alors s’il n’y a plus de président de l’UMP, il faudra de nouvelles élections internes pour en choisir un, qui ne sera pas le chef non plus, à moins que le candidat issu des primaires se présente à la présidence du parti. Vous me suivez ? Vous croyez que tout la droite et le centre vont se rassembler comme un seul électeur derrière le candidat qui n’est pas chef, le président qui n’est pas candidat, le candidat président ou le… j’arrête, je m’embrouille.

Vous avez dit la droite la plus bête du monde ?