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Les leçons du résultat du premier tour des élections présidentielles en Autriche

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Le candidat de la droite nationale, Norbert Horfer, à la tête du parti autrichien de la liberté (FPÖ), a remporté le premier tour des élections présidentielles en Autriche, dimanche dernier, avec près de 37% des voix. Les candidats des deux principaux partis traditionnellement au pouvoir, SPÖ (sociaux-démocrates) et ÖVP (conservateurs), ont été éliminés dès le premier tour.

Pour le second tour, qui se tiendra le 22 mai, Norbert Hofer affrontera le candidat arrivé en deuxième position avec 20,4% des voix, Alexander Van der Bellen, un ancien membre du parti des Verts autrichiens.

Ces résultats constituent un profond désaveu pour la coalition gouvernementale actuellement au pouvoir en Autriche, les deux partis qui se partagent la gouvernance du pays depuis 1945, n’ayant pas été qualifiés pour le second tour, faute d’un nombre de voix suffisant.

Même si, en Autriche, la fonction de président est symbolique, différemment de la France, ces résultats révèlent également un changement profond dans la vie politique autrichienne, dans le contexte de crise migratoire qui frappe l’Union Européenne. Le candidat du FPÖ a en effet développé durant sa campagne un discours offensif sur l’immigration, suite à l’arrivée d’environ 100 000 réfugiés en Autriche depuis l’été dernier.

Au-delà même de la question migratoire, les résultats de dimanche dernier illustrent également, plus profondément, le discrédit majeur qui frappe la coalition au pouvoir en Autriche dans toutes les couches de la société autrichienne. Ainsi, selon une enquête de l’institut SORA pour la télévision publique autrichienne ORF, réalisée le 24 avril dernier, jour du scrutin, Norbert Hofer est sorti en tête dans toutes les catégories sociales, qui se disent toutes pour la plupart déçues par la politique conduite par la coalition au pouvoir.

Ainsi, selon cet institut, 40 % des personnes interrogées se déclarent déçues par la politique conduite actuellement en Autriche et 36 % se disent même en colère. 45 % des électeurs de sexe masculin ont voté pour le candidat du Parti de la liberté, ainsi que 72 % des ouvriers, 37 % des employés et 34 % des retraités. Le candidat écologiste n’est arrivé, quant à lui, en tête que chez les fonctionnaires et les travailleurs indépendants.

Autre enseignement de ce sondage, les motivations principales des électeurs de Hofer sont principalement : « sa compréhension des préoccupations de la population » (pour 67 %), « sa compétence » (pour 62 %), et sa défense des « bonnes valeurs » (pour 61 %).

La part de la dimension personnelle dans le succès de Norbert Hofer est confirmée par une analyse du quotidien autrichien Die Presse, qui constate, qu’outre l’insatisfaction générale à l’égard de la politique gouvernementale et la problématique de la crise des réfugiés et ses conséquences, c’est aussi la personnalité du candidat lui-même qui a joué dans le choix des Autrichiens. En outre, pour Die Presse, le premier tour de l’élection présidentielle de 2016 a également été un fiasco pour les deux grands partis aux pouvoirs, SPÖ et ÖVP, dont les candidats Rudolf Hundstorfer et Andreas Khol atteignent tous les deux péniblement 11,18 % des voix.

Ce rejet massif des deux principaux partis de gouvernement, équivalents en France aux socialistes et aux républicains, unis dans une grande coalition, devrait faire réfléchir tous ceux qui dans notre pays affichent leur volonté de mettre en place une alliance similaire de tous les partis du système. Une telle coalition, défendue par tous les éditorialistes de la presse bien-pensante, plébiscitée par les instituts de sondage, et promue par plusieurs hommes politiques, au premier rang desquels Alain Juppé et Manuel Valls, n’aurait ainsi pour effet que de faire du Front National et de sa présidente, Marine Le Pen, la seule alternative possible à tous les partis du système, en asséchant l’offre politique proposée aux électeurs.

La récente élection en Autriche a en effet démontré la nécessité pour les électeurs de disposer d’une alternative politique face à la coalition de tous les partis traditionnels. Il serait peu opportun d’offrir cette opportunité historique aux dirigeants du Front National, au regard notamment du projet économique d’essence marxiste de ce parti.

Aymeric Chauprade

Photo : Le Palais Clam-Gallas de Vienne, palais de style néo-classique et ancien siège de l’Institut français de Vienne, qui vient d’être vendu par le Gouvernement français au Qatar

Voir en ligne : http://aymericchauprade.com/les-lec...