Il y a bien le je, mais il y a le moi,
Chacun d’eux revendique alors sa préséance :
Le je sermonnant le moi qui lui dit "tais-toi !",
On assiste souvent à de sacrées séances.

Le moi est impulsif, vite il sort de ses gonds,
Le je veut l’assagir, sans trop y parvenir,
L’autre ne comprend pas toujours bien son jargon
Qui ratiocine encor sans jamais en finir.

Le moi s’emporte alors contre ses ordonnances :
"Qu’a-t-il de plus que moi ?", se dit-il fort marri :
On me traite mal au motif d’inconvenance,
Mais moi, je suis bien moi et je tiens mon pari.

Le je, offusqué, raidi dans sa dignité,
Se détourne du moi n’en étant plus le maître :
Du soubassement de la personnalité
La passion prend le pas et sans plus se soumettre.

On fera donc appel à l’arbitre suprême,
Il est là qui veille tout le temps, le Surmoi,
Donnant l’absolution juste avant le saint-chrême,
Prévenant sagement et sans aucun émoi.

Il faut quand même user de quelques louvoiements,
Parfois encore de quelques conciliations,
On ira au bout de bien de contournements,
L’unité revenue au prix de désertion. (22/11/15)