Ceux qui croient faire acte d’un courage inouï en osant affirmer que l’abaya est un vêtement cultuel et pas culturel se fourrent le doigt dans le Coran. L’abaya est bien pire.

Je ne vais pas tourner autour du pot. Savez-vous ce qu’est, pour un Arabe, ne parlons même pas d’un musulman, c’est un faux sujet, l’abaya ? C’est une tenue « pudique », dont le rôle principal sinon unique est de mettre les femmes vertueuses à l’abri de la lubricité des hommes, en « invisibilisant » leur corps. Toute femme qui ne porte pas une tenue pudique est par conséquent « impudique ». En montrant la naissance de ses seins, ses genoux, ses cheveux, ses mains (ah, je bande !), quand sur la plage le string revenu à la mode laisse voir l’entièreté de ses fesses, la femme impudique transmet un message non équivoque aux « hommes » : je suis « bonne », qu’est-ce que vous attendez pour me prendre, que ce soit moi qui vous baise ? (Quand j’écris « hommes », vous avez compris que j’entends par là les vrais, les virils, ceux qui savent les satisfaire, les « chances de la France », pour faire court). Vous ne serez donc pas surpris que ces « hommes » venus d’ailleurs (y compris du 9-3), quand ils voient une femme d’ici, en jupe et chemisier, ou pire, en crop top, soient persuadés qu’ils ne font que répondre au désir, certes non-dit, mais parfaitement décryptable, d’une femelle en chaleur. Quand il arrive que la police les arrête sur plainte de viol, il est tout-à-fait compréhensible qu’ils soient étonnés. Ben quoi, c’est bien ce qu’elle voulait, la meuf, un mâle qui la saute ? De quoi elle se plaint, cette pute ?

Mais il y a un autre message, encore pire que le précédent, qui est transmis par l’abaya : un homme qui laisse sa femme paraître en public dans une tenue « impudique » n’est pas un « vrai » homme. C’est au mieux une lavette, si ce n’est une tap… Un « vrai » homme ne peut que mépriser les hommes qui laissent leur femme séduire d’autres hommes, qui n’ont aucune autorité sur elle, qui, pour résumer, se vautrent dans la décadence d’une société moribonde, peuplée de lesbiennes, d’homosexuels, de transgenres, et j’en passe.

Nous conquerrons l’occident, déclarait le président algérien Boumediene à l’ONU, par le ventre de nos femmes. Ce n’est même pas nécessaire. L’occident tombera tout seul aux mains des « vrais » hommes, pendant que nos experts de plateau continueront à disserter sur la question existentielle : l’abaya est-elle un vêtement cultuel ou bien culturel ? Et les anges, ils ont un sexe ou ils n’en ont pas ? Et, s’ils en ont, est-il masculin ou féminin ou trans, ou queer, ou un jour l’un, un autre jour l’autre ?

Note : pourquoi croyez-vous que nos dirigeants n’abordent jamais le sujet de l’abaya sous l’angle que je viens de vous présenter ? Eh bien c’est tout simple, parce qu’il faudrait qu’ils en tirent les conséquences, et ils n’ont pas les c… pour cela : nous ne pouvons pas vivre « ensemble » avec une communauté dont les mœurs et les prétentions sont à des années-lumière des nôtres... et ils devraient en conclure que soit elle se soumet ou s’en va, soit c’est nous qui nous soumettons ou partons (mais où, au Maghreb ?)