L’amour que les Algériens vouent à leur président Bouteflika dépasserait tout entendement et ferait pâlir de jalousie une Angela Merkel, si l’on en croit les inconditionnels du 4e mandat. “Si 6 Américains sur 10 sont déçus par Obama et 6 Français sur 10 par Hollande, eh bien, chez nous, c’est 10 Algériens sur 6 qui adorent Bouteflika !”, a dû blaguer un farceur. Et, désormais, c’est sur le registre du comique qu’il faut rendre compte des divers “actes” de cette pièce intitulée “Présidentielle du 17 avril”. Tout prendre à la blague, sinon on y perd ses nerfs.
Selon des témoignages rapportés par le correspondant d’un journal arabophone à grand tirage, “le transport des formulaires de candidature d’Abdelaziz Bouteflika au Conseil constitutionnel a nécessité 7 véhicules” ! C’est énorme ! Une consœur, elle, parle de 9. “Un véritable cortège !”, dit-elle. Les partisans du 4e mandat auraient réuni “3 millions de signatures d’électeurs et 15 000 signatures d’élus”. Côté APS, on parle de “4 millions de signatures et d’une dizaine de véhicules”. Fabuleux ! Même la défunte alliance présidentielle, FLN-RND-MSP, n’avait pas récolté autant de voix aux législatives de mai 2012 ! “C’est trop injuste de le laisser concourir avec ‘les sept et les huit’ ! Mieux vaut qu’il se retire et on l’intronisera à la tête de l’Algérie comme président d’honneur ad vitam aeternam”, ironise encore notre farceur. Et ce n’est pas bête ! Pourquoi tenir cette présidentielle, puisque Bouteflika jouit du soutien “massif” du peuple ? D’autant que “son cerveau fonctionne mieux que le nôtre”, pour reprendre Amara Benyounès.
Mais ce sont justement ces Sellal, Benyounès, Saâdani et consorts qui tiennent mordicus, arguments à l’appui, à l’élection de Bouteflika ! “En Allemagne, Angela Merkel a fait trois mandats et elle peut faire un 4e et même un 5e mandat, sans aucun problème. Est-ce que ce pays est mieux que l’Algérie  ?” s’est faussement interrogé Sellal qui répondait, hier, aux opposants au 4e mandat. On devine sa réponse : l’Allemagne n’est pas mieux que l’Algérie. À en croire le Premier ministre, la diplomatie algérienne s’ingénie à exercer des pressions sur… euh ! l’UE pour lutter ensemble contre… euh ! l’immigration clandestine, venant certainement de… des faubourgs de Berlin ! Pas difficile d’imaginer le reste : la police algérienne, heureusement bien rodée dans la gestion démocratique des foules, arrête chaque jour que Dieu fait des… euh ! des Allemands en situation irrégulière chez nous !
Allez, basta ! Trêve de plaisanterie. Votre théâtre n’amuse personne. L’Algérie va mal.