Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Ingérences étrangères : comment se tirer des balles dans les pieds

, par  Régis de Castelnau , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

« Retour du boomerang, but contre son camp, balle dans le pied, qui crache en l’air… etc… » il existe plusieurs expressions métaphoriques dans le langage familier pour qualifier ce qui arrive aux imprudents qui ont initié une action qui tourne à leur désavantage. Les jeunes loups du rassemblement national viennent d’en faire douloureusement l’expérience. Qui, armés de leur succès médiatique dans la société du spectacle se sont crus plus malins que les autres. Caramba, encore raté ! Cette expérience pénible vient d’arriver à Jean-Philippe Tanguy, jeune député du RN, qui a l’air de penser que la politique ne nécessite pas de réfléchir trop longtemps, et que l’on peut se contenter d’aligner des petits coups tactiques qui feront une jolie communication dans les médias du lendemain. Et peut-être, gourmandise supplémentaire, quelques dixièmes de point dans un sondage du surlendemain. Une véritable stratégie ? Une vision à moyen ou, soyons fous, à long terme ? Le respect de la cohérence et des principes ? Mais pourquoi faire, grand Dieu ? Non, ce qui compte c’est de faire des coups et le plaisir de se voir sur les écrans de YouTube parader sur les bancs de l’Assemblée nationale.

La guerre en Ukraine a provoqué, on le sait, une énorme et furieuse clameur politique et médiatique dans l’Occident collectif. Une clameur marquée, propagande de guerre oblige, par les excès d’une russophobie flirtant parfois avec un véritable racisme et entretenant souvent des rapports très élastiques avec la simple vérité factuelle. Face au déferlement, il n’était certes pas facile de garder la mesure et de refuser de participer au tintamarre. Ce qui aurait signifié faire preuve d’un peu de fermeté et accepter le combat que l’on vous imposait. Le Rassemblement national, sur le sujet de la guerre en Ukraine, avait un problème. Il existait incontestablement une forme de connivence politique avec la Russie et le redressement conduit par Vladimir Poutine après la catastrophe nationale des années 90. Il y a eu ensuite les questions financières, où, ostracisé par les organismes français, le parti s’était tourné vers des banques russes pour se sortir de situations délicates.

On a constaté que le maelström communicationnel de l’après 24 février 2022, la moindre interrogation, la moindre circonspection devant certains narratifs délirants valait accusation d’être un « poutinolâtre », voire un agent de la cinquième colonne russe ou carrément un espion à la solde du FSB. Cela pouvait également valoir, ce qui était alors plus dangereux inscription sur les listes de proscriptions ukrainiennes mises en ligne par les autorités de Kiev. Chez nous, RN se faisait régulièrement insulter par les télégraphistes habituels de l’Empire américain. Dans une situation rendue inconfortable par la tempête, Jordan Bardella, président du parti, a eu une idée. Il fallait donner des gages aux adversaires, et ainsi parer l’accusation de complaisance russophile. Immédiat virage sur l’aile, adoption d’une ligne atlantiste et relais scrupuleux des positions américaines. On se disait qu’il s’agissait là de l’erreur politique classique, qui consiste à venir sur les positions de ses adversaires. En déroutant ses partisans, sans plaire pour autant aux autres qui préféreront toujours l’original à la copie. Le 23 septembre 2022, flanqué du député Jean-Philippe Tanguy récent transfuge du parti de Nicolas Dupont-Aignan, Jordan Bardella avait publié un communiqué accusant Stéphane Séjourné, le patron de Renaissance, de proférer à propos de la Russie des « accusations mensongères et diffamatoires » à l’égard du Rassemblement national, en suggérant l’idée d’une commission d’enquête parlementaire. Excellente idée, jeunes gens !

Pour eux, le virage atlantiste était insuffisant, il fallait s’afficher comme l’avant-garde du combat contre la poutinolâtrie. Pensant probablement ainsi récupérer l’indispensable affection des BHL, Raphaël Glucksmann, et autres Raphaël Enthoven. Jean-Philippe Tanguy a donc eu la mission de mettre en œuvre l’idée lumineuse de la création d’une commission d’enquête parlementaire qu’il présiderait sur les ingérences étrangères dans notre pays. Le problème est que notre bricoleur n’a pas surveillé la composition de la commission et, surtout, s’est débrouillé pour ne pas en être le rapporteur. Bravo jeune homme !

Quiconque a assisté aux auditions télévisées de cette « Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères » ne pouvait qu’être stupéfait de la partialité d’un Jean-Philippe Tanguy bousculant quiconque essayait d’avoir une position équilibrée, et refusant catégoriquement que l’on parle des ingérences américaines. Qui comme chacun le sait, n’existent pas ; les Young leaders qui ont formé plusieurs présidents français, les institutions qui financent des parlementaires en nombre, la surveillance avérée dont ont fait l’objet les dirigeants français, les financements occultes, tout ça, ce sont des menteries. McKinsey est une vieille entreprise auvergnate, Alstom a été créé au Texas en 1850, et le Boston Consulting Group où n’hésite pas à aller pantoufler un ancien chef d’état-major de l’armée française, est une start-up de Wallis-et-Futuna. Dans la conduite des débats menés par le président de la commission, il n’y avait qu’une cible : la Russie.

On apprend aujourd’hui par des indiscrétions dans une presse choisie que le rapport accable le Rassemblement national décrit comme « la courroie de transmission efficace » de la propagande russe en France, en soulignant un « alignement total sur le discours » du Kremlin. Marine Le Pen étant accusée de tenir des propos qui « reprennent mot pour mot les éléments de langage officiels du régime de Poutine ». Il se penche aussi sur les prêts russes obtenus par le FN et le RN. « L’ensemble de ces circonstances conduit à s’interroger sur les motivations qui ont conduit à l’octroi de ces prêts par des établissements russes au FN puis au RN, alors que le parti a multiplié les marques de soutien et de proximité envers le pouvoir russe », peut-on y lire.

Le rapport a été adopté par 11 voix contre 5, dont celle du président… Qui s’est mordu les doigts après coup d’avoir choisi lce poste de président, plus visible évidemment devant les caméras, plutôt que celui (stratégique) de rapporteur. Avec un joli désastre à l’arrivée.

Marine Le Pen dénonce « un rapport parlementaire malhonnête, un procès politique, et un rapport tout à fait politisé ». Ça alors ! Nos adversaires font de la politique ? Mais, c’est déloyal, ils n’ont pas le droit ! Et pendant qu’elle se débat avec le cadeau empoisonné fourni par ses jeunes loups, les adversaires politiques de faire des gorges chaudes et de ricaner. Jusqu’à ceux qui réclament la transmission au parquet de signalements concernant la présidente du groupe parlementaire RN à l’assemblée pour « faux témoignage ». Marine Le Pen se dit « sereine ». Comme Nicolas Sarkozy devant le vide du dossier de l’affaire des écoutes avant d’entendre ce que les magistrats militants en pensaient ? Jean-Philippe Tanguy quant à lui, annonce des plaintes pour violation du secret professionnel à la suite des fuites dans la presse. Arrachant un sourire à François Fillon qui se souvient de celles qu’il a déposées au printemps 2017 face au déferlement dont il était l’objet, et dont personne n’a jamais plus entendu parler.

On sait que ce que Jospin qualifiait de « théâtre », c’est-à-dire l’agitation de la « menace fasciste » qu’incarnerait le Rassemblement national, fonctionne toujours. Avec la dérive autocratique du système Macron, qui piétine sans vergogne les libertés publiques fondamentales, cette ficelle bien connue a dû se réinventer. Puisque l’autoritarisme macronien est difficilement contestable, on voit fleurir un argument de la part des castors qui ont appelé à voter pour lui : « Vous vous rendez compte tout ce que Macron, pourtant minoritaire, met en place ? Imaginez si le RN était au pouvoir ».

Eh bien, à en juger par le niveau politique affiché par nos jeunes loups, les « antifascistes » autoproclamés peuvent être rassurés.
Régis de Castelnau

Voir en ligne : https://www.vududroit.com/2023/06/i...