Une délégation du Gouvernement Provisoire Pied-Noir en exil s’est joint à ses frères Juifs à l’occasion de la célébration du 70ème anniversaire du départ de l’Exodus pour la terre Promise.
Il y a 70 ans, l’Exodus quittait Sète avec à son bord 4 554 rescapés de la Shoah
A Sète, on commémorait ce dimanche 9 juillet les 70 ans du départ de l’Exodus.
La rencontre avec des témoins directs et indirects de l’époque, organisée en vue de la célébration du 70e anniversaire de l’Exodus, ce bateau parti de Sète avec 4454 juifs à son bord le 11 juillet 1947, aura attiré une foule de journalistes. Preuve qu’il est des pans de l’Histoire qui restent et resteront probablement toujours lancinants.
VINCENT ANDORRA
"Je ne suis qu’un simple participant involontaire. à l’époque, on nous avait juste demandé de travailler au plus simple et au plus rapide, sans nous donner de noms ni de but. Ce n’est que plus tard que nous avons compris", raconte André Aversa, charpentier marin, "survivant parmi les survivants", qui avait participé à l’aménagement du bâtiment de croisière avec des couchettes, le faisant alors passer de quelques centaines de places à plusieurs milliers.
Un départ hâtif
"C’était juste quatre planches et quatre montants, il y en avait partout, mais les gens y ont quand même dormis à plusieurs", se souvient encore l’homme aujourd’hui âgé de 90 ans. "Je ne sais pas si beaucoup de Sétois ont travaillé sur ce chantier, mais ce dont je me souviens c’est que nous n’avions pas eu le temps de terminer le chantier". Preuve que le bateau avait levé l’encre à la hâte ce 11 juillet 1947.
VINCENT ANDORRA
"On ne pouvait pas dormir dans les fameux lits que monsieur a fait, ils étaient trop étroits et sentaient mauvais", commentera par la suite Yossi Bayor, faisant rire toute l’assistance, après avoir raconté, comment lui, Hongrois né en 1931, avait traversé les affres de la guerre et des camps, perdant sa mère trois jours seulement avant la libération pour finalement arriver en France, à Marseille, en 1947. Conduit ensuite à Sète par camions, en juillet, gonflé d’espoirs d’exil qui s’échoueront aux portes de la terre promise.
Sur l’Exodus, malgré la promiscuité, "aucune dispute majeure n’a éclaté durant les cinq jours de traversée. Tout le monde était organisé et discipliné", se souvient celui qui était alors âgé de 16 ans à peine. "Nous venions de traverser l’enfer, nous étions prêts à tout pour quitter le vieux continent".
L’horreur dans l’horreur
Daniel Levy, "encore dans le ventre de ma mère à cette époque" et Izac Rozman, né plus tard en Israël, ont également livré leur version de témoins indirects de cette aventure, racontant comment leurs parents avaient également embarqué sur le bateau. Des témoignages qui se sont rejoints au moment d’évoquer les dernières heures de navigation de l’Exodus, arraisonné par des navires britanniques à 27 km seulement des côtes palestiniennes après une bataille rangée de 3 h qui aura fait trois morts et des centaines de blessés. Des familles toutes entière se défendant à coups de jets de bouteilles, boîtes de conserves, pommes de terre et autres projectiles.
Ils sont les derniers témoins du début de l’exode sioniste.
VINCENT ANDORRA
À ce moment-là, "la véritable horreur pour eux n’aura pas été d’échouer si près du but, ni même d’être refoulés vers la France (Port-de-Bouc), alors qu’ils pensaient être envoyés à Chypre. La véritable tragédie fut, après avoir passé plusieurs semaines emprisonnés à quai dans trois bateaux cages à Port-de-Bouc, d’être finalement renvoyés en Allemagne pour être à nouveau internés dans des camps, près de Lübeck", livrera ensuite Michèle Hassoun, assistante-réalisatrice du film Nous étions l’Exodus. Une horreur que certains pourraient croire sans fin si Izac Rozman n’avait pas conclu citant son père, sept petits-enfants et onze arrières petits- enfants à son actif, décédé il y a trois ans. "J’ai fondé un foyer, j’ai gagné !"
Pour consulter le dossier source et les vidéos voir l’article du midi-libre du 9/7/2017