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Faut-il voir les images de l’attaque terroriste du Hamas ?

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

On lit des journalistes qui, l’air sérieux et pénétré, expliquent qu’ils ont vu les ‘vraies images’ de l’attaque par le Hamas le 7 octobre mais qu’elles sont ‘trop horribles’ pour les partager avec les gens ordinaires (vous et moi).

L’époque où l’on nous disait ce qu’on ‘peut’ voir ou pas est révolue. À l’heure des réseaux sociaux, il ne revient à personne de déterminer ce qui est visible et ce qui ne l’est pas. La couverture catastrophique des premiers jours du conflit — avec le désormais fameux ‘bombardement d’un hôpital par Israël, 500 morts’ — nous rappelle que celui qui veut réellement s’informer, ne peut pas se cantonner à la presse traditionnelle.

La question que je voudrais traiter ici est autre : ces images, auxquelles nous avons en effet accès, faut-il les regarder ? À partir de quel moment la contemplation de ces images et vidéos quitte-t-elle le champ de la connaissance pour gagner celui du voyeurisme ? Et comment qualifier ce voyeurisme ?

Dès le 8 octobre, lendemain de l’attaque massive des civils israéliens par les hordes bestiales du Hamas, des images ont commencé à circuler. Ces images, je les ai vues. J’ai vu des hommes, des femmes, des enfants tués à bout portant ; des cadavres calcinés de femmes et de bébés, du sang, partout du sang. Et, en bande son, souvent les rires des animaux du Hamas en train de perpétrer leur pogrom.

Je ne crois pas qu’il m’aurait été possible de comprendre en profondeur, instantanément, le caractère de pogrom de ces événements, sans visionner ces images hideuses et répugnantes. Même si elles resteront durablement marquées dans mon esprit, je n’ai donc aucun regret de les avoir confrontées.

Toutefois, dans les jours suivants et jusqu’au moment de rédiger ces lignes, ces images ont continué de se multiplier. Récemment, un excellent ami, sénateur par ailleurs, me conseillait une nouvelle chaîne Telegram dédiées aux images et vidéos des atrocités du Hamas.

Eh bien, cette chaîne, je n’y mettrai pas les yeux. Je n’ai pas besoin de voir dix femmes brûlées quand j’en ai vu une ; la contemplation du cadavre calciné de dix enfants ne me fera pas mieux comprendre le pogrom que le visionnage d’un seul de ces malheureux petits cadavres ensanglantés. Et je ne parle même pas des images de viol qui, au train où vont les choses, ne manqueront pas tôt ou tard de faire surface.

Car, il me semble qu’il existe une frontière, certes ténue, certes fragile, certes délicate, entre la volonté de connaître et le plaisir de voir. J’observe autour de moi le développement d’une véritable pornographie de l’horreur, c’est-à-dire des gens au demeurant sains d’esprit — me semble-t-il — qui passent leurs journées, tout du moins une fraction de chaque jour qui passe depuis le 7 octobre, à contempler, et regarder plusieurs fois d’affilée, les mêmes images de meurtres, cadavres, femmes brûlées, etc.

Il est implaidable que cette délectation dans la contemplation de la souffrance ait encore quelque rapport avec le désir de connaître — et faire connaître — les crimes du Hamas.

Pour moi, cette concupiscence, ce voyeurisme de l’horreur sont profondément abjects, et malsains.

Quand j’étais adolescent, j’ai vu se développer une nouvelle génération de films ‘gore’ réalistes. Pas les grosses rigolades avec des litres de sang à chaque scène. Non, le gore réaliste, c’est-à-dire la mise en scène soignée de la torture, du viol et du meurtre d’êtres humains, dans les conditions les plus réalistes possibles.

Ces films m’ont immédiatement inspiré une forme profonde et comme métaphysique de dégoût. Ce n’est pas la souffrance en tant que telle qui m’inspire ce dégoût, que le plaisir évident de ceux qui contemplent cette souffrance en tant que souffrance.

J’y vois une forme pure de sadisme. Oh, certes, pas du sadisme direct, comme les malades mentaux mis en scène par le marquis de Sade. Du sadisme par procuration, par personne interposée ; lâche et sordide. Un sadisme par procuration qui me paraît une forme de pornographie infiniment plus sordide et vile que ne le sera jamais la pornographie sexuelle, plutôt gentillette par comparaison.

En conclusion, réjouissons-nous de notre accès direct aux images.

Mais refusons avec énergie et détermination la pornographie de l’horreur.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2023/1...