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Faîtes « plage » au roi !

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plageC’est entendu, SOUS le sable de l’Arabie saoudite, il y a beaucoup de pétrole, plus que partout ailleurs, et donc énormément d’argent. Chacun sait qu’en France, à défaut de pétrole, on a des idées. L’idée, ici, consiste à faire venir le pétrole et son argent, en l’occurrence, le Roi d’Arabie, SUR le sable, celui de la plage de la Mirandole à Vallauris, ce qui n’a manqué de déclencher un pic de protestations. Une pétition contre la « privatisation » momentanée du littoral a engrangé plus de 130000 signatures tandis que les soutiens par réalisme économique à cette venue se faisaient plus rares : une centaine. Le débat est ouvert entre les vertueux principes de la République et le pragmatisme des intérêts privés et publics d’un pays appauvri et quémandeur, le nôtre. Les élus « républicains », la main sur le coeur et veillant sur leurs électeurs méridionaux sensibles à l’appel des sirènes du populisme, ont protesté contre cette scandaleuse brèche ouverte dans les lois de la République : fermer l’accès au public d’une plage pour le réserver à un souverain étranger dont la richesse peut décidément tout acheter. Sur la côte d’azur, de l’Esterel à l’Italie, d’un cap à l’autre, on ne peut pas dire que la richesse soit mal venue. Aussi, les hôtels, les boutiques de luxe et un certain nombre de services se réjouissent de la manne que vont faire pleuvoir durant trois semaines ces visiteurs dépensiers, puisque plus de mille personnes accompagnent la famille royale.

On conçoit le mécontentement des vacanciers habitués à cette plage et le dérangement des riverains. Mais, plus que l’abandon de nos principes au nom de nos intérêts et de nos alliances qui légitiment à l’évidence qu’un Chef d’Etat étranger soit accueilli avec le maximum de précautions visant à sa sécurité, voire à son confort, c’est l’aveu sidérant que traduit cet accueil, celui des contradictions auxquelles conduisent le déclin du pays et l’effondrement des hommes qui le dirigent. La première est d’ordre économique et politique. La France est le pays du luxe, et les entreprises qui opèrent sur ce marché prospèrent et entretiennent des savoir-faire et des emplois dont le pays a plus que jamais besoin. Mais c’est aussi le pays où le souci de l’égalité dans les discours politiques tourne à l’obsession. Ce qui rend ce paradoxe ridicule ou odieux, c’est qu’il produit une préférence étrangère et un désavantage pour les nationaux. Si les étrangers puissants et riches sont les bienvenus, est-il intelligent de faire fuir au-delà de nos frontières, de la Belgique à la Russie, en passant par la Suisse, les Français fortunés, du monde de l’entreprise ou du spectacle, qui se mettent à l’abri d’une fiscalité délirante et surtout d’un Impôt Sur la Fortune, cette exception française absurde, maintenue par la démagogie de gauche et la couardise de droite ? Il est probable que le séjour en France en permanence des exilés fiscaux aurait des retombées économiques plus importantes que les trois semaines du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.

La seconde contradiction est celle dans laquelle se vautrent l’Occident tout entier et la France en particulier en politique internationale. Nous avançons avec dans une main la Déclaration des Droits de l’Homme et dans l’autre une liasse de contrats d’armement destinés à des pays qui manifestement se soucient des droits de l’homme, et encore plus de ceux de la femme comme de leur dernière djellaba. La France suit les Etats-Unis avec une telle précipitation qu’elle semble même parfois les dépasser. L’indépendance nationale et l’intérêt supérieur de la patrie déterminent logiquement un réalisme politique sur la scène internationale. Mais la contradiction du donneur de leçon de morale entre son discours et ses actes est une insulte envers ceux qui sont ses électeurs. Il n’y a pas de pays plus éloigné des valeurs républicaines que nos dirigeants invoquent sans cesse que l’Arabie Saoudite. Une monarchie de droit divin, résolument ancrée dans le wahhabisme, c’est-à-dire la conception la plus « intégriste » de l’Islam, farouchement opposée à l’égalité des sexes, qui pratique la décapitation publique au sabre, et fait contrôler sa population par une police des moeurs, qui enfin réprime militairement les rébellions « hérétiques » chez ses voisins, tel est le pays avec lequel nous multiplions les gestes d’amitié. C’est entendu, le Président Hollande, comme Sarkozy d’ailleurs, a choisi son camp, celui des sunnites plutôt que celui des chiites, de l’Iran et de la Syrie. Au moins pourrait-il se dispenser de fustiger le Président syrien ou de refuser de livrer à la Russie les Mistral qu’elle a achetés. Lorsque le réalisme conduit à un discours hypocrite et à un comportement larvaire, le pays perd en dignité ce qu’il croit gagner en dollars. ll est vrai qu’au-delà d’un certain poids les pays supportent mal les leçons. Obama peut bien suggérer « fortement »aux Africains d’accepter le mariage unisexe, il s’abstiendra de le faire auprès de ses alliés saoudiens. Car le problème est là : les « démocraties » occidentales sont alliées à des pays qui sont leur antithèse et dont ils dépendent économiquement.

Au temps où la France était un grand pays, elle soutenait Méhemet Ali, le Vice-Roi d’Egypte dont l’armée écrasa une première offensive wahhabite déjà dirigée par les Saoud qui s’étaient emparés des villes saintes. Sous la pression des Anglais, la France dut abandonner cette alliance. Poursuivant son déclin, elle en est aujourd’hui à flatter les Saoud, les grands alliés des Américains, dont les rapports avec le djihadisme sont moins clairs que leur hostilité à l’Iran. Peut-on à la fois condamner le terrorisme et les idées qui le génèrent, et qui se répandent dans une partie de notre pays, et dérouler un tel tapis sous les pieds du salafisme ? Il y a des contradictions qui sont mortelles.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...