Gabriel Lévy
22 juillet 2014
Le gouvernement a-t-il eu raison d’interdire les manifestations pro-palestiniennes ?
Objectivement, on peut croire que les autoriser, comme cela sera le cas, c’est permettre les cris de « Mort au Juifs » qui ne manqueront pas de fuser. Bon ! Les juifs savent que « lorsqu’on oublie le passé, on finit toujours par le revivre ».
Soyons factuels. Ces manifestations ont donné lieu à deux ordres de faits condamnables :
1°) les déprédations par des « hordes acharnées »,
2°) les cris de « Mort aux Juifs ».
Pour les déprédations, le président socialiste de l’assemblée nationale a eu les mots les plus durs pour qualifier leurs auteurs, plus que la justice, particulièrement clémente en la circonstance.
Pour les cris de haine à l’égard de la population juive, là encore les ministres de gauche ont été plus déterminés que les personnalités de droite, sauf le maire UMP de Nice, M. Estrosi, qui a analysé les faits et parfaitement mesuré leur portée. Si les déprédations commises par des émeutiers sont la règle, habituellement tolérée ou peu sanctionnée par tous les gouvernements depuis 50 ans, les appels au meurtre d’une catégorie de la population sont récents et plus inquiétants pour la santé du pays.
Selon M. Le Maire, candidat à la présidence de l’UMP puis de la République, « la liberté de manifester est un principe constitutionnel (auquel) il ne fallait pas y toucher ». Mais il devrait savoir que la constitution garantit aussi la sécurité et la dignité des citoyens. « Mort aux juifs », ce n’est pas une insulte, c’est une menace.
M. Jégo, candidat à la présidence de l’UDI, a été l’un des premiers à se montrer partisan d’ouvrir la rue aux défilés, certes, en les encadrant. Mais comment a-t-il prévu de faire taire ces slogans, non pas insultants, mais menaçants ?
Et tous, députés de droite comme de gauche, commentateurs de la presse (de droite comme de gauche) s’empressent d’analyser le conflit israélo-palestinien, de proposer la bonne voie aux belligérants, de conseiller un « retour proactif de la France au Proche et Moyen Orient » (M. Jacques Myard, député UMP), sans insister sur la dimension nationale, simplement nationale, de telles manifestations. Que le conflit Israélo Palestinien soit important, nul ne le conteste, mais ni ce conflit, ni évidemment les juifs de France ne sont la cause des guerres civiles qui sévissent dans le monde, en Syrie, Irak, Lybie, Nigéria, Sahel, Mali, Centre Afrique, et qui ne font jamais l’objet de la moindre manifestation de soutien en France.
La France vient de s’apercevoir qu’il existe une fraction de sa population ostensiblement anti-juive. Cela mérite une analyse sérieuse.