Dimanche prochain, et le suivant, s’il y a deux tours, je vais voter sans hésitation pour le candidat et la candidate Front National. N’importe lesquels. Même s’ils sortent de taule, même si la police de la pensée est allée exhumer du fond d’une poubelle une phrase compromettante que l’un d’eux aurait prononcée il y dix ans, dans un bar où il aurait bu un coup de trop, et qui pourrait donner à penser qu’il aurait peut-être des sympathies facho, antisémite, islamophobe, xénophobe, homophobe, macho, ou populo. Je vais voter pour le « couple » FN, même si ni l’un ni l’autre n’a fait Sciences Po et l’ENA, même si le mâle n’est qu’artisan boucher et la femelle caissière à Leclerc.

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Parce que, ma longue expérience commerciale me l’a appris, quand tous les partis installés n’ont comme programme que la dénonciation du danger FN, la conclusion qui finit par s’imposer est que ce n’est pas tant pour la France qu’il y a péril à mal voter, mais pour leurs portefeuilles.

Parce que, si le FN pose les bonnes questions mais apporte les mauvaises réponses, comment le PS ou l’UMP osent-ils prétendre apporter les bonnes réponses aux mauvaises questions qu’ils posent ?

Parce que je déteste quand un premier ministre, "Français de papiers", qui a arrangé son curriculum vitae pour faire croire que son père était un républicain espagnol chassé de Catalogne par Franco, alors que lui-même est né à Barcelone sous Franco, et que sa famille a toujours pu circuler librement en Espagne, insulte une jeune femme, et mignonne, ce qui aggrave encore son cas, élue autant sinon plus que lui du peuple, Marion Maréchal le Pen, comme si elle était indigne d’être Française et de représenter la République. Mais pour qui se prend-il ? Et qu’il n’y ait pas eu un seul « homme », à l’Assemblée Nationale, pour se lever et asséner à ce matamore de foire du trône la paire de gifles qu’il méritait en dit beaucoup sur la veulerie de nos élus dits "convenables".

Parce que j’en ai marre que se proclament derniers remparts de la « République en danger » ceux-là même qui, par magouilles et petits arrangements entre ennemis, refusent à près de (ou peut-être plus) 30% de la population d’être représentée dans les instances électives – mais sans doute est-ce parce que cette population de va-nu-pieds est trop stupide pour que l’on tienne compte de ses avis.

Parce que ce mépris des élites pour le peuple d’en bas, c’est comme si ces salauds crachaient tous les jours sur la tombe de mon père.

Parce que je ne supporte plus que des Noah ou des Le Clézio –il vit à l’île Maurice, c’est vous dire le bonhomme-, nous "menacent" de quitter la France si le peuple ne vote pas bien, ou que des Ruquier s’arrogent le droit de n’inviter que ceux qui pensent en tous points comme eux, dans des émissions de service public financées par nos redevances, comme s’ils en étaient les propriétaires. Du balai, du balai, du balai, pour ces gugusses !

Parce que la même justice qui condamne "Valeurs Actuelles", l’hebdomadaire qui a le front de ne pas bien penser, pour avoir affiché une Marianne voilée à la Une, considère que, quand on s’appelle Nicolas Bedos et que l’on écrit dans "Marianne", il n’y a pas d’offense à traiter Marine le Pen de "salope fascisante".

Et surtout parce que nous rejouer à tout bout de champ le refrain d’un FN fasciste, antisémite, islamophobe et j’en passe, abusant des électeurs de bonne foi trompés par les sirènes du populisme - répondre aux attentes du peuple serait le comble du cynisme-, comme si nous étions à ce point stupides qu’on peut tout nous faire gober, moi, ça me donne envie de leur faire rentrer leur autosuffisance dans la gorge.

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Alors, dimanche, je vais mettre un bulletin Front National dans l’urne (je ne connais même pas le nom de ses candidats, et je m’en fous), et si je pouvais, j’en mettrais plusieurs, rien que pour leur dire « merde » à tous, et qu’ils foutent le camp !