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De la journée du voile à la soirée de la jupe

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Mercredi dernier, certains élèves organisaient à Sciences Po le premier HijabDay, invitant ceux qui le souhaitaient à « s’essayer à la décence » en portant le voile, le temps d’une journée, par solidarité avec les femmes voilées victimes de discriminations, de pressions ou de regards hostiles en France. Une des élèves interrogées confiait ce jour-là aux Inrocks :« Je suis féministe et on s’est battues pour que les femmes puissent porter ce qu’elles veulent, et aujourd’hui, on se met à dire à certaines femmes qu’il vaut mieux éviter le voile ? »

Le voile, nouveau combat des féministes… Les études ne préservent pas, hélas, de l’ineptie. Si ces récupératrices de la cause des femmes prenaient la peine de s’interroger sur la signification du voile, sans doute ne tarderaient-elles pas à déchanter, en acceptant de reconnaître dans ce bout de tissu la projection d’un regard réducteur de l’homme sur la femme. Or ce regard-là ne peut pas avoir droit de cité chez nous.

Le voile islamique, tel qu’il est habituellement porté, découle en effet d’une vision profondément blessée et pervertie des relations entre les sexes. Il réduit tout d’abord les femmes à l’état d’objet érotique dangereux qu’il conviendrait de soustraire à la vue. Loin d’être des sentinelles de la pudeur, les femmes voilées diffusent en réalité une image essentiellement sexuelle d’elles-mêmes, car leur voile les désigne comme objet de péché ; bien plus, il leur fait porter l’entière responsabilité de la concupiscence masculine, déresponsabilisant ainsi les hommes de leurs propres pulsions, comme le souligne malicieusement la romancière franco-marocaine Saphia Azzeddine dans ses Confidences à Allah : « C’est lui qui a des pensées inavouables et c’est moi qui dois me cacher. Ça n’a pas de sens. De quel droit je deviendrais l’otage d’un homme qui ne sait pas se contrôler ? C’est à l’homme de s’éduquer, ce n’est pas à moi de me cacher. »

Nous en venons au deuxième travers du voile : lorsque la femme est caricaturée, l’homme ne tarde pas à l’être aussi. Le voile islamique l’insulte tout autant, en lui renvoyant l’image d’animal en rut, incapable de maîtriser ses pulsions sexuelles et de d’ « apprécier la beauté de la femme sans verser dans le désir » (Melchior de Solages). La femme voilée, qu’elle en soit consciente ou non, traite silencieusement chaque homme qu’elle croise dans la rue d’obsédé et de pervers en puissance. N’en déplaise aux instigateurs du HijabDay, le voile islamique, loin d’apprendre les sentiers de la décence, réduit hommes et femmes à la partie inférieure de leur anatomie.

Nous avons notre part de responsabilité dans cette situation. En exploitant à outrance le corps dénudé de la femme pour aguicher les pulsions consuméristes du client, en exaltant un idéal de performance où la pornographie s’est substituée à l’érotisme, l’Occident a suscité chez certains un rejet radical qui les pousse aujourd’hui dans les bras de l’extrême inverse, tout aussi indécent et tout aussi sexiste que le mal qu’ils pensaient fuir.

On objectera sans doute aux constats qui précèdent qu’ils pourraient aussi bien s’appliquer au voile des religieuses. A ceci près que les religieuses se retirent radicalement du monde : leur voile est le signe de ce sacrifice, auquel elles ont consenti librement, au terme de plusieurs années de discernement. Il n’est donc pas une marque de soumission à l’homme, mais un signe de consécration à Dieu.

L’actualité nous aura hélas montré à quel point le conflit en jeu n’est pas seulement affaire d’idéologies ou de bons mots : deux jours après le flop du HijabDay de Sciences Po, une jeune fille de 16 ans se faisait tabasser à Gennevilliers par un groupe d’adolescentes parce qu’elle portait… une jupe. Traitée de « p*** » puis rouée de coups, la victime était dans le coma lorsque des passants l’ont secourue. Que se passera-t-il ensuite ? Cette jeune fille sera vraisemblablement vaccinée contre la jupe. Et les mères alentour inviteront leurs propres filles à opter pour des tenues plus couvrantes, par souci (légitime) de protéger leurs enfants. Où sont-elles, ces féministes auto-proclamées ? Que n’entend-on leurs cris d’orfraie ? Que n’organisent-elles une journée de la jupe dans le hall de la rue Saint-Guillame ? En se trompant de combat, en voulant sincèrement défendre la liberté vestimentaire de leur sexe, ces « féministes » accélèrent en réalité l’asservissement des femmes des quartiers les plus sensibles. Voilà le véritable drame. Et le silence dont il fait l’objet est aussi assourdissant que le tapage médiatique dont le HijabDay nous aura rabattu les oreilles.

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Voir en ligne : http://madeleinedejessey.fr/2016/04...