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DSK : une indécence peu commune !

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imagesA lire les échos des galipettes sordides de DSK, les mots de stupre et de fornication viennent à l’esprit sur l’air de la chanson de Georges Brassens, » Les Trompettes de la renommée ». Cette chanson date de 1961, au début de la Ve République, trois ans après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Son message est assez clair. « Ma vie privée, intime, sexuelle ne regarde que moi. Les journalistes, les « folliculaires » peuvent attendre car, comme dit Brassens, il n’ a « pas de comptes à rendre à l’homme de la rue » à ce sujet pour obtenir « la rançon de la gloire ». Le vocabulaire est riche et savoureux, la musique guillerette et l’esprit libertaire est sainement conservateur à la fois. Sans méchanceté, Brassens traite le curé et la « tapette » avec un manque évident de déférence. A l’époque, son allusion à la calotte chantante a dû déplaire aux catholiques. Aujourd’hui, ce détail serait négligé, mais le « crime pédérastisque »serait jugé homophobe. Rien de plus français que cette chanson gaillarde et truculente, avec une pointe d’élégance dans le choix des mots ! Chanson libertaire, qui envoie paître les médias, c’est aussi une chanson libertine qui évoque les femmes au pluriel, mais où la maîtrise du verbe frôle la grossièreté sans s’y vautrer.

Le stupre et la fornication de DSK n’ont rien à voir avec la poésie. Parler de libertinage et de fête à leur propos, quand il s’agit peut-être d’une exploitation des fins de mois difficiles par des puissants qui traitent des êtres humains comme des choses sur lesquelles ils puissent exercer leur domination voire leur brutalité, relève de l’hypocrisie et de l’imposture ! La connivence de nombreux médias avec de tels personnages soulève le coeur. M. Galzi, sur I-Télé, insistait pour dire qu’il n’y avait pas de « mal » en matière sexuelle. Autrement dit, tout est permis entre adultes consentants, car il est bon de rappeler, quand même, cette restriction, qui n’est peut-être pas toujours respectée, comme l’avait innocemment révélé Luc Ferry. Mais s’en ajoutent trois autres. La plus importante est liée aux acteurs : dans une démocratie, les élus se doivent d’être exemplaires. D’abord parce que les responsabilités qui leur sont confiées, les moyens qui leur sont donnés pour accomplir leur mission ne doivent pas devenir des privilèges destinés à satisfaire des plaisirs de caste. Ensuite, parce que toute passion anormalement développée, toute addiction met le détenteur de pouvoir à la merci de ceux qui satisfont ses désirs. Dans l’affaire évoquée, c’est la certitude minimale. Il s’agissait, au moins, de se mettre dans les bonnes grâces d’un des hommes les plus puissants du monde. Enfin, parce que l’homme politique doit être cohérent. On ne peut être un homme de gauche prétendument féministe et traiter les femmes comme des objets dans les relations intimes. La seconde restriction est liée à ce point : si ces rencontres ne connaissaient pas de limite, ni de respect du partenaire parce que le rapport était payé, on voit la contradiction entre le discours public de la condamnation de la prostitution voire de ses clients et son usage délibéré et planifié sur un plan personnel, au mépris de la loi. C’est là-dessus que les magistrats auront à se prononcer. DSK est-il coupable de proxénétisme aggravé ? S’il échappe à ce prononcé infamant, il demeurera toutefois à mes yeux avoir ignoré une troisième limite qui n’est pas fixée comme la précédente par la loi, et qui s’appelle la morale, que les médias « bien-pensants » veulent ignorer.

On entend déjà glousser la basse-cour médiatique, ceux qui dénoncent « l’ordre moral », sans se rendre compte que le désordre immoral est le prélude à toutes les catastrophes sociales. Une société ne peut se contenter de la loi et de la légalité. Elle a besoin d’une décence commune qui dans tous les comportements, même privés, inspire le respect et la confiance. Le dialogue pérenne du commandement et de l’obéissance nécessaire à un Etat en ressent un besoin vital. Sinon, chez les partenaires du contrat social, le doute s’installe que les intérêts privés ne l’emportent sur le Bien Commun à tous les niveaux. La politique se réduit alors à l’obéissance légale sans enthousiasme, mais avec l’espoir que le clientélisme ou le communautarisme permettront d’obtenir des avantages pour les individus ou les groupes. La République ne sera plus qu’une façade. Toutefois, on n’évitera pas qu’une partie de la population ne rejette un système sans âme. Le vide spirituel et le mépris éthique des dirigeants pourra même susciter chez certains l’envie de combattre cette société privée d’idéal et de valeur, et de faire tomber le décor.

Lorsque les puissants de ce monde ne semblent rien devoir se refuser, lorsque l’on parle de délation populiste quand un journal publie une liste de fraudeurs influents, lorsqu’on confond la défense de la liberté d’expression avec l’apologie de l’obscénité, c’est le ciment de la décence commune qui se craquelle.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...