On a ce sentiment que les mots dits souvent
N’ont plus la résonance qu’ils avaient avant,
A être répétés, à être encore dits,
On les sait appauvris, ils se sont affadis.
Comme des litanies dites en chapelet,
Ils vont jusqu’à être traînés comme un boulet,
Et tant sont si précieux qu’il nous faut les cacher,
Leur expression ne pourrait que les écorcher.
Des mots qui sont si doux, dits la première fois,
Deviennent ces païens qui ont perdu la foi,
Leur saveur se délite à l’usure du temps,
Le vocable se tait, faute d’être exaltant.
Ainsi les "je t’aime" sont dits à satiété,
Que reste-t-il en eux de l’authenticité
D’un émoi juvénile où l’horizon s’ouvrait
Au timbre d’une voix qui enfin se livrait ?
Les mots sont des bijoux, il faut les protéger,
Ne pas les galvauder, ne pas les outrager,
Ils pourraient finir dans une fosse commune,
Enterrés par le vent dans le sable des dunes. (31/01/12)