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Comment le mensonge est devenu anodin

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Article du 28 août 2019

« Comment le mensonge est devenu anodin »

Le mensonge d’Etat s’invite dans le livret de Famille. Alors que le projet d’ouvrir la PMA aux couples de lesbiennes n’a pas été encore voté, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a annoncé que l’acte de naissance mentionnerait les termes de "mère" et de "mère" pour désigner le couple, présumé avoir enfanté l’enfant. Le nom de la vraie mère, celle ayant accouché, devrait être mis en premier. Mais attribuer le même statut de mère-bis à celle qui n’a en rien participé à la mise au monde, en effaçant le père, revient à falsifier une réalité, à tripatouiller un mot, à mentir sur une situation naturelle, avec l’aval du pouvoir politique. Ce mercredi, le député LREM Jean-Louis Touraine, défenseur du projet, a expliqué sur Europe 1 : "Aujourd’hui, la mère n’est plus la femme qui accouche mais celle qui décide d’être mère". Ce n’est en tout cas pas la définition du dictionnaire, ni la pratique humaine de la filiation. Or, comme nous a prévenus Platon : "La perversion de la cité commence par la fraude des mots". Albert Camus a repris l’idée, dans cette phrase désormais répétée : "Mal nommer les choses ajoute à la misère du monde". En fait, le mensonge est intrinsèque à la filiation fictive qui s’ébauche avec la PMA pour toutes. Elle ne devrait d’ailleurs plus s’appeler PMA (procréation médicalement assistée) mais PTA (procréation techniquement assistée), tant la médecine n’a plus rien à voir dans ces manipulations. Ceux qui jurent aujourd’hui que la GPA (gestation pour autrui) n’aura jamais lieu savent qu’ils peuvent dire n’importe quoi, dans ce monde où la vérité est faite pour être continument déformée, y compris par l’Etat lui-même.

Quand Emmanuel Macron accuse le président brésilien, Jair Bolsonaro, de lui avoir menti, il omet de s’alarmer sur la place que prend, en France, le mensonge dans la politique et ailleurs. Ses fausses accusations en antisémitisme ou en racisme, visant à déshumaniser les Gilets jaunes, ont été des "fake news" indignes d’un président prônant la chasse aux bidonnages. Son choix récent d’illustrer les feux en Amazonie par une photo spectaculaire prise il y a au moins quinze ans est une pratique qui était jusqu’alors laissée aux petits propagandistes. Et si l’intelligentsia parisienne se montre intraitable contre Marine Le Pen, soupçonnée d’avoir été contaminée par les idées sulfureuses du paternel, elle offre son indulgence à l’écrivain Yann Moix, proche de Bernard-Henri Lévy, défenseur des "migrants". Moix est l’auteur de dessins et de textes violemment antisémites et négationnistes, produits quand il avait 20 ans. Depuis, il est indiscutablement devenu un autre homme, ouvert au judaïsme jusqu’à avoir appris l’Hébreu. Lundi, il assurait dans L’Express n’avoir jamais écrit une ligne des textes haineux illustrant ses dessins ignobles. Or Moix mentait. Ce mercredi, dans Libération, il reconnait : "Ces textes et dessins sont antisémites. Mais je ne suis pas antisémite". Cependant, il aura fallu que L’Express apporte entre temps les ultimes preuves pour qu’il accepte de dire enfin sa vérité. L’écrivain tourmenté sera pardonné pour son passé de petit cogneur imbécile. Quant à son mensonge, il est hélas devenu anodin. Pour Saint-Germain-des-Prés : rien à signaler.

Liberté d’expression par Ivan Rioufol

Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/201...