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Comment la guerre par procuration en Ukraine va-t-elle se terminer ? (Dossier)

, popularité : 2%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Article publié fin août 23
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Nous avons regroupé quatre articles, d’origines diverses, mais ayant la caractéristique de présenter un bilan très négatif du camp de l’OTAN-USA-Union européenne dans cette guerre par procuration en terre d’Ukraine. Il semble que la psalmodie du mantra que la « 

Russie a perdu la guerre

 » ne permettra pas de « clôturer » cette sale guerre génocidaire. (Voir : Le stratagème du mantra fonctionnera-t-il pour « clôturer » la guerre en Ukraine ? – les 7 du quebec). Puisque les médias mainstream répandent largement le point de vue des puissances impérialistes occidentales nous considérons que nos lecteurs sont fortement exposés à cette propagande que nous n’avons pas à reprendre sur nos pages web. Nous proposons plutôt le revers de la médaille. À chacun de confronter les différents « point de vue » en fonction des intérêts de classe du prolétariat qui, ici comme ailleurs, sert de chair à canon dans cette guerre génocidaire (voir : Le stratagème du mantra fonctionnera-t-il pour « clôturer » la guerre en Ukraine ? – les 7 du quebec ), guerre génocidaire que le Grand capital cherche à propager… (XVe Sommet des BRICS en Afrique du Sud (22 au 24 Aout 2023) ! Qui franchira le Rubicon ? – les 7 du quebec ). Nous ne prenons parti pour aucun des belligérants impérialistes.

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Guerre en Ukraine : Le modèle de guerre par procuration

Par Peter Turchin − Le 15 juillet 2023

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La première partie de cette série a présenté le modèle Osipov-Lanchester (OL) et illustré les idées à l’aide de l’exemple de la guerre civile américaine. Dans cette deuxième partie, mon objectif est d’extraire du modèle Osipov-Lanchester une prédiction pour la guerre en Ukraine. Quelques points généraux/rappels :

Je ne prends pas parti et je ne discute pas des droits et des torts.

La guerre est un mal, mais elle doit être étudiée.

Je m’intéresse à une prédiction scientifique, pas à une prophétie.

Le modèle est très simple et sa prédiction n’est pas une déclaration de ce qui sera, mais un moyen de découvrir comment la réalité s’écarte de sa prédiction.

Je ne fonde pas cette prédiction sur une analogie directe avec la guerre civile américaine (GCA) ; je ne l’utilise qu’à titre d’exemple.

En fait, et comme certains l’ont souligné dans les commentaires du billet précédent, la GCA n’est peut-être pas un bon exemple de la loi du carré (tout en étant une bonne illustration d’une approche plus générale du modèle OL). Plus généralement, quelques études, dont j’ai connaissance, qui ont tenté de tester le modèle OL sont arrivées à la conclusion que l’exposant réel reliant l’avantage numérique à l’avantage guerrier n’est presque jamais 2, mais se situe généralement entre 1 et 2. Mais cela n’a pas d’incidence sur ce qui suit.

Le cœur de l’approche OL consiste à modéliser la dynamique des taux de pertes infligées par chaque armée tirant des projectiles sur l’ennemi. Il s’agit d’un modèle de guerre d’attrition (bien que le modèle soit généralement appliqué à une seule bataille, je l’utilise pour modéliser le déroulement d’une guerre entière). Étant donné que plus de 80 % des pertes dans le conflit ukrainien sont infligées par l’artillerie, nous devons savoir, en première approximation, combien d’obus sont tirés par chaque camp.

Toutes les parties s’accordent à dire que les Russes dépensent beaucoup plus de munitions que les Ukrainiens. Les chiffres précis peuvent être de l’ordre de 5 000 obus par jour tirés par les Ukrainiens contre 20 000 obus tirés par les Russes. Ces chiffres se réfèrent principalement aux canons lourds, tirant des munitions de 152 mm (norme de l’URSS/Russie) ou de 155 mm (norme de l’OTAN). Les chiffres représentent des moyennes. Par exemple, les dépenses russes en munitions ont varié entre 10 000 et 50 000 obus par jour, voire plus. La conclusion générale est que les Russes ont un avantage d’environ 4:1 en matière d’artillerie, bien qu’il puisse être facilement de 3:1, 5:1, et même 2:1 ou 10:1 (j’ai vu tous ces ratios mentionnés par différentes sources).

La principale hypothèse que je vais formuler est que le taux de pertes infligées à l’ennemi est proportionnel au nombre de projectiles utilisés. Dans l’exemple numérique élaboré dans Ultrasociety (p. 157), j’ai supposé que le rapport entre les flèches tirées et les pertes infligées (tués ou blessés) était de 10:1. Dans la guerre d’Ukraine, ce rapport est plutôt de 20 à 30, voire 40 obus par victime (cela dépend également si les victimes sont définies comme des tués ou des blessés), mais le principe général de proportionnalité est le même. Ainsi, selon ce modèle, les pertes ukrainiennes devraient être environ quatre fois supérieures à celles des Russes (mais la fourchette pourrait être de 3 à 5, voire de 2 à 10). Lorsque nous disposerons de meilleures données sur les munitions utilisées par chaque camp au cours de la guerre (après la fin de la guerre), nous pourrons affiner cette prédiction.

Cette prédiction provient d’un modèle très simple, et la réalité peut s’en écarter en raison d’un certain nombre de facteurs (n’oubliez pas qu’il ne s’agit pas d’une prophétie). Examinons quelques-uns de ces facteurs de complication. Notez que, selon l’importance de ces facteurs, la prédiction peut être sensiblement différente. En d’autres termes, nous avons des prédictions alternatives résultant d’hypothèses différentes – trouver laquelle de ces alternatives correspond le mieux aux données est l’objet de la méthode scientifique.

La prédiction suppose qu’aucun des deux camps ne dispose d’une avance technologique sérieuse. Les opinions divergent quant à la supériorité des armes, des chars et des avions. Une évaluation après la guerre montrera la justesse de cette hypothèse simplificatrice. Compétence. La guerre ayant débuté en 2014, les artilleurs ukrainiens disposaient en février 2022 d’un avantage en termes de compétences, car ils se battaient contre les milices de Donetsk et de Lougansk depuis huit ans. Mais au fur et à mesure que le conflit s’allonge, ils perdent cet avantage car les artilleurs russes gagnent de plus en plus en expérience. Le moral des troupes. Les rapports sont contradictoires sur ce point. En outre, dans une guerre d’attrition, le moral joue un rôle moins important que dans une guerre mobile. En l’absence d’arguments convaincants dans un sens ou dans l’autre, nous nous en tenons à l’hypothèse simplificatrice d’une absence d’avantage pour l’un ou l’autre camp. Défense/offensive. Les deux camps ont mené des opérations défensives et offensives. En outre, dans la guerre d’usure, il n’y a pas de différence claire entre l’offensive et la défensive, car le même morceau de territoire peut changer d’un côté à l’autre en raison des attaques et des contre-attaques. Bien que l’artillerie domine, elle n’est pas la seule force à infliger des pertes. Les forces aériennes, les missiles guidés, les mines terrestres et les drones sont également importants. La question de savoir comment l’ajout de ces forces à l’équation peut modifier les prévisions reste ouverte. Variations dans le temps et l’espace. Contrairement à un modèle mathématique, dont les courbes sont lisses, les taux de pertes réels fluctuent dans le temps en fonction de l’intensité du conflit. Il y a des “batailles” lorsque les combats sont intenses, et des accalmies entre ces batailles lorsque le nombre de victimes est faible. L’espace peut également jouer un rôle important. Un camp qui obtient un avantage numérique local peut faire basculer le taux de pertes en sa faveur. Logistique. Le modèle d’OL n’inclut pas l’espace, mais pour être tirées, les munitions doivent être livrées aux lignes de front. Production. Il s’agit du facteur le plus important affectant le déroulement à long terme du conflit, et il nécessite une discussion plus détaillée (que je renvoie à un prochain article). Les objectifs de guerre de chaque camp et leur détermination à les atteindre. Là encore, il s’agit d’un point très important, et j’y consacrerai un billet séparé.

En résumé, nous avons ici une prédiction claire et précise issue d’un modèle simple. Et il y a de nombreuses façons de s’écarter de la voie tracée. Le but de cet exercice est de déterminer dans quelle mesure la prédiction est proche du résultat réel, une fois la guerre terminée ; et, plus important encore, quels sont les facteurs énumérés ci-dessus qui auront un effet significatif sur ce résultat.

Dans le prochain article , j’ai l’intention de fournir une évaluation provisoire de l’état de cette guerre, du moins dans la mesure où nous en avons connaissance.

Peter Turchin est un scientifique de la complexité qui travaille dans le domaine des sciences sociales historiques que lui et ses collègues appellent : Cliodynamique

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Chair à canon », « guerre par procuration » : un ancien officier français analyse le conflit ukrainien

(Mis à jour : 18:51 14.08.2023)

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© AP Photo / Evgeniy Maloletka Source SPUTNIK . . L’Ukraine a été jetée dans un conflit par procuration qui la dépasse et qui sert avant tout les intérêts d’une élite américaine, a affirmé à Sputnik Afrique Pierre Plas, ancien officier de renseignement de l’armée française. Une oligarchie qui craint par ailleurs le processus de dédollarisation à l’œuvre. . Bien plus qu’un conflit régional. Le conflit ukrainien cache en réalité une opposition plus profonde entre une oligarchie mondialisée et des peuples voulant défendre leur souveraineté, a déclaré à Sputnik Afrique Pierre Plas, ancien officier de renseignement de l’armée française. Le conflit en Ukraine n’est qu’un prétexte pour protéger les intérêts américains, dont les élites s’inscrivent dans des logiques mondialistes, proches d’un « totalitarisme global, financier et apatride », souligne l’analyste militaire. « Le conflit qui se déroule actuellement, n’est pas une guerre de la Russie contre l’Ukraine comme on veut nous le faire croire. C’est une guerre où l’Ukraine sert de champ de bataille, où les Ukrainiens servent de chair à canon. C’est une guerre par procuration qui sert seulement les intérêts de l’oligarchie américaine, de l’oligarchie mondialiste », affirme-t-il ainsi. De son côté, l’Europe qui soutient la politique américaine, est complètement privée d’autonomie par les mondialistes « qui ne veulent plus entendre parler de pays souverains » : « Les dirigeants de l’Europe ne sont pas au service de leurs peuples, ils sont au service de l’oligarchie mondialiste qui se moquent complètement de la France, de l’Allemagne », déclare ainsi Pierre Plas.

Dimension économique

Citant le célèbre théoricien militaire Carl von Clausewitz, Pierre Plas rappelle encore que l’argent est le nerf de la guerre. « C’est celui qui paie qui décide des buts de guerre », souligne-t-il, en référence à l’implication financière américaine dans le conflit. . Il est d’ailleurs significatif que ce conflit survienne à une heure où l’économie américaine est mise sous pression. Les processus de dédollarisation en cours effraient particulièrement les élites américaines, qui voient les privilèges liés au billet vert leur filer entre les doigts. « L’hégémonie anglo-américaine repose sur leur monnaie. Il faut comprendre que ces gens sont les héritiers des pirates vikings […] Le système qu’ils ont toujours utilisé, c’est un système de piratage, de pillage de l’économie réelle par une interface virtuelle qui aujourd’hui est la bourse. Ils ont mis en place une rente coloniale qui repose sur l’hégémonie du dollar », explique ainsi Pierre Plas. La Russie, qui fonctionne de manière autonome, comme « un continent », ne peut qu’être une menace pour les élites des États-Unis dans leur entreprise de destruction des souverainetés, souligne encore l’ancien des renseignements français.

Livraisons d’armes et dérives

Concernant les livraisons d’armes à l’Ukraine, Pierre Plas souligne encore le trouble jeu des Occidentaux, qui ne fournissent que des armes obsolètes à Kiev. Il s’inquiète de voir ce matériel ressurgir sur le marché noir , ce qui risque d’alimenter davantage de conflits dans le monde, y compris en Europe. « Les pays occidentaux ont refilé à l’Ukraine tous leurs vieux stocks d’armements dont ils n’ont pas besoin. Je pense qu’ils ont conservé leurs meilleures armes, en particulier les Américains. Ce sont des armes obsolètes, dépassées. Ils continuent à donner ce matériel qui manifestement n’arrive pas entre les mains des Ukrainiens. Il est revendu sur le marché noir, on le sait : on voit déjà des armes qui reviennent », explique ainsi l’ancien officier. La situation pourrait d’ailleurs empirer en cas d’extension du conflit, avec l’emploi d’armes non conventionnelles. Un scénario auquel le monde doit malheureusement se préparer, souligne Pierre Plas.

Comment la guerre en Ukraine va-t-elle se terminer ?

Par Larry Johnson – Le 15 août 2023 – Source Son of the new America revolution

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Je vais essayer de faire simple. C’est une question complexe, mais nous devons y réfléchir si nous voulons éviter un holocauste nucléaire. Elle se résume à trois possibilités : Une reddition inconditionnelle. Un règlement négocié. Un conflit prolongé et l’épuisement, c’est-à-dire l’impasse. Du point de vue russe

L’opération militaire en Ukraine n’est pas une guerre. La guerre consiste à détruire l’ennemi – physiquement, matériellement et politiquement. Malgré les affirmations de la propagande occidentale, la Russie s’est abstenue d’infliger des pertes civiles massives. La Russie n’a pas essayé de détruire les plateformes de renseignements occidentales, les infrastructures gouvernementales ukrainiennes ou les responsables politiques ukrainiens. En bref, la Russie n’a joué que quelques-unes des cartes militaires qu’elle détient. Entrer en guerre, c’est s’engager à fond. L’Ukraine et ses alliés de l’OTAN

Ont un point de vue diamétralement opposé : pour eux il s’agit d’une guerre d’agression russe. Contrairement à la Russie, l’Ukraine a non seulement mobilisé sa population d’hommes en âge de servir dans l’armée, mais elle a aussi fait endosser l’uniforme à des jeunes de moins de 18 ans et à des hommes âgés de 45 à 65 ans, et a envoyé la chair à canon au front. La capacité de l’Ukraine à maintenir une position de guerre à l’avenir dépend entièrement de l’argent et des armes fournis par les États-Unis et les autres États membres de l’OTAN. Sans soutien étranger, l’Ukraine ne peut pas continuer à mener une guerre industrielle moderne. Passons donc en revue quelques faits cruciaux : L’Ukraine subit des pertes militaires dévastatrices et ne dispose pas d’une force de réserve entraînée qu’elle pourrait envoyer sur le champ de bataille. L’Ukraine ne dispose pas d’une capacité aérienne de combat viable à voilure fixe. L’Ukraine ne dispose pas d’un stock de chars, de véhicules, d’artillerie et d’obus d’artillerie. L’Ukraine ne dispose pas d’installations/bases d’entraînement sûres sur son propre territoire et doit compter sur d’autres pays de l’OTAN pour assurer l’entraînement. (Cela signifie que la formation est limitée et non standardisée). La contre-offensive de l’Ukraine, qui était censée percer les lignes de défense russes, a échoué et l’Ukraine n’a pas la puissance de combat nécessaire pour intensifier les attaques. La Russie, en revanche, dispose d’un grand nombre de réserves de troupes entraînées, de munitions d’artillerie, d’artillerie (mobile et fixe), de missiles de croisière, de drones, de plus d’un millier d’avions de combat à voilure fixe, d’hélicoptères d’attaque et de systèmes de défense aérienne massifs. La Russie est autosuffisante en ce qui concerne les ressources naturelles essentielles à l’approvisionnement de ses industries de défense. La Russie ne dépend plus de l’Occident pour ses échanges commerciaux et son économie se développe malgré les sanctions économiques occidentales.

De nombreux analystes occidentaux insistent sur le fait que la situation en Ukraine est une impasse et postulent que la guerre avec la Russie durera encore des années. Ce ne sera pas le cas. Compte tenu des faits décrits ci-dessus, les avantages sont entièrement du côté russe. À ce stade, l’Ukraine n’a pas le moindre avantage sur la Russie. À mon avis, il est peu probable que la guerre entre la Russie et l’Ukraine aboutisse à une impasse. Qu’en est-il d’un règlement négocié ?

C’est possible, mais tout accord se fera aux conditions de la Russie. La Russie insistera sur la reconnaissance internationale de la Crimée, de Kherson, de Zaporizhzhia, de Donetsk et de Luhansk en tant que parties permanentes de la Russie. Ce point n’est pas négociable. Les dirigeants politiques ukrainiens continuent d’insister sur le fait qu’il s’agit d’un point de non-retour. En d’autres termes, aucun accord possible n’est en vue. Ce qui nous laisse la troisième possibilité : la capitulation inconditionnelle.

L’armée ukrainienne se dirige vers un point de rupture en raison de pertes croissantes. L’Ukraine ne dispose pas d’un cadre de réservistes entraînés attendant dans les coulisses, prêts à se précipiter sur le front pour poursuivre l’effort visant à percer les lignes de défense de la Russie. L’Ukraine est confrontée à une situation semblable à celle qu’a connue le général confédéré Robert E. Lee à Appomattox. L’armée assiégée de Lee voulait encore poursuivre la lutte contre le Nord mais, malgré son esprit, elle manquait de logistique et d’effectifs pour continuer. Lee a reconnu la futilité de la situation et a accepté les conditions généreuses proposées par le général Ulysses Grant. Je pense que le moment approche où le général ukrainien Zaluzhny sera confronté à un moment de vérité similaire.

Je pense que le scénario le plus probable est un désaccord majeur entre Zelensky et ses commandants militaires sur la question de savoir s’il faut poursuivre la guerre. Le fait que les Ukrainiens aient envie de se battre ne remplace pas la fourniture des armes nécessaires et, plus important encore, des troupes entraînées à utiliser ces armes. À l’heure actuelle, l’Ukraine ne dispose d’aucune voie viable pour soutenir des opérations militaires sans le soutien garanti de l’OTAN. Le joker dans ces calculs est l’OTAN.

Dans le pire des cas, les États-Unis ou d’autres membres de l’OTAN décident d’intervenir en envoyant leurs propres troupes en Ukraine. Cela marquera la fin de l’”opération militaire spéciale” et le début d’une véritable guerre entre l’OTAN et la Russie.

Si vous êtes intéressé par certains des “travaux universitaires” sur la fin des guerres, je vous propose ci-dessous des liens vers ce sujet. Je ne suis pas d’accord avec certaines des conclusions, mais j’ai pensé qu’elles seraient utiles à ceux qui souhaitent approfondir le sujet.

Pourquoi les guerres se terminent : Les réponses du CASCON à partir de l’histoire

Comment les guerres se terminent : Le rôle de la négociation (un cours de Harvard)

On pense généralement que les guerres se terminent après une bataille militaire décisive qui débouche sur une victoire définitive – un camp se rend et l’autre sort victorieux. En fait, l’histoire récente suggère que les choses sont généralement beaucoup plus compliquées : les négociations entre les parties en conflit jouent souvent un rôle essentiel dans la fin d’un conflit armé. Il suffit de penser à la Corée, au Viêt Nam, à la Bosnie, à l’Afghanistan et à l’Irak. Ce groupe de lecture explorera le rôle de la négociation dans la fin des guerres.

Comment les guerres finissent ? (livre de Dan Reiter)

Dan Reiter explique comment les informations sur les résultats des combats et d’autres facteurs peuvent persuader un pays belligérant d’exiger plus ou moins lors des négociations de paix, et pourquoi un pays peut refuser de négocier des conditions limitées et poursuivre avec ténacité une victoire absolue s’il craint que son ennemi ne revienne sur un accord de paix. Il expose la théorie dans son intégralité et la teste ensuite sur plus de vingt cas de comportement de fin de guerre, y compris des décisions prises pendant la guerre civile américaine, les deux guerres mondiales et la guerre de Corée. Reiter aide à résoudre certaines des énigmes les plus persistantes de l’histoire militaire, comme la raison pour laquelle Abraham Lincoln a publié la Proclamation d’émancipation, la raison pour laquelle l’Allemagne en 1918 a renouvelé son attaque à l’Ouest après avoir obtenu la paix avec la Russie à l’Est, et la raison pour laquelle la Grande-Bretagne a refusé de rechercher des conditions de paix avec l’Allemagne après la chute de la France en 1940.

Comment cela se termine-t-il ? Ce que les guerres passées nous apprennent sur la façon de sauver l’Ukraine (un document du CSIS)

Le temps de la diplomatie de crise est venu. Plus une guerre dure sans concessions de la part des deux parties, plus elle risque de dégénérer en un conflit prolongé. Malgré le courage du peuple ukrainien face à l’agression russe, cette perspective est dangereuse. La crise des réfugiés s’aggravera. Davantage de civils mourront. La Russie deviendra encore plus paranoïaque et irrationnelle. Outre la punition, les responsables russes ont besoin d’une voie de sortie diplomatique viable qui réponde aux préoccupations de toutes les parties.

Larry Johnson

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Bilan hebdomadaire n° 72 du 20 août 2023 (guerre d’Ukraine)

Posted on https://www.lettrevigie.com/blog/20... 21 août 2023 by La Vigie . Sur Bilan hebdomadaire n° 72 du 20 août 2023 (guerre d’Ukraine) – La Vigie (lettrevigie.com)

Trois semaines après le précédent point de situation, force est de constater l’échec de la contre-offensive ukrainienne. Les minuscules progrès dans le sud ne cachent pas cette dure réalité.

https://i2.wp.com/www.lettrevigie.c...

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@@b@@Déroulé des opérations@@/b@@

Quelques opérations dans la profondeur (drones etc.) de la part des deux parties sans effet significatif.

Secteur de Kherson : les Ukrainiens ont lancé quelques coups de sonde sur les îles du sud du fleuve, sans portée significative.

Secteur sud : Pas de changement sur le tronçon ouest de Kamianske, les Ukrainiens semblent cesser leur effort dans la zone. Tronçon d’Orikhiv : Progression intéressante des Ukrainiens à l’est de Robotyne, sans que la localité n’ait été prise au bout de quatre semaines. Tronçon de Grand Novosilka, prise ukrainienne d’Urozhaine, premier village repris en quatre semaines. Tronçon de Vouhledar : rien à signaler.

Secteur centre, tronçon Donetsk : sans changement à Marinka et Avdiivka. Tronçon de Bakhmout : Klichkivka demeure russe avec quelques reprises localisées : les Ukrainiens ont abandonné tout effort dans la zone qui était présentée par certains, au début de l’été, comme de valeur stratégique. Pas de changement sur le reste du secteur de Bakhmout.

Secteur nord, tronçon de Kreminna : pas de changement notable. Tronçon de Svatove : les Russes ont maintenu leur tête de pont par-delà la Zherebets à hauteur de Karmazynivka. Tronçon de Koupiansk : depuis le 10 août, poussée russe sur le secteur de Koupiansk avec prise d’un peu de terrain, pression actuelle sur Synkivka, avant-poste de Koupiansk. @@b@@Analyse militaire@@/b@@

Tout ne dépend bien sûr pas des conquêtes territoriales. Mais à un moment, elles comptent dans la mesure où l’on peut les observer de l’extérieur, sachant que le chiffre des pertes en hommes ou en matériel reste beaucoup plus difficile à évaluer. Si j’en crois Poulet volant (https://twitter.com/Pouletvolant3/status/1692830703354872215 ) qui a eu la gentillesse de dresser la synthèse cartographique des gains des Ukrainiens et des Russes depuis le lancement de la contre-offensive, le 4 juin (synthèse du 18 août 2023), j’observe que les Ukrainiens ont conquis 333,25 km² et les Russes 185,7 km², soit un gain net de 147,55 km². Alors qu’on nous avait annoncé tout le printemps qu’il s’agissait de libérer les territoires, à tout le moins de percer puis de réduire le dispositif russe, il y a donc loin de la coupe aux lèvres.

Entre le 4 juin et le 18 août, il y a 76 jours. Ainsi, les Ukrainiens ont gagné 4,38 km² par jour, les Russes 2, 43. Autrement dit, ce ne sont pas aujourd’hui les prises territoriales qui démontrent un succès.

Reste alors l’autre objectif affiché : celui d’épuiser les défenses russes de façon à provoquer un effondrement localisé qui permette de percer et d’exploiter. Ce discours est promu depuis l’échec initial de la première phase de la contre-offensive, en juin. En cette fin août, on peut douter de son atteinte.

D’une part, les Ukrainiens n’ont pas encore atteint la première ligne de défense russe. Quand j’étais capitaine et que je commandais un escadron de chars, juste après la guerre froide, nous nous exercions toujours contre un « ennemi générique » qui ressemblait furieusement à celui d’avant 1990 ; invariablement, les thèmes d’exercice prévoyaient une poussée massive de l’ennemi qui entrait peu à peu dans notre dispositif et qu’il fallait freiner. Freiner est un terme de mission très commun, très connu, distinct de la défense ferme. Je constate que dans le secteur méridional, les Russes ont alterné sur leur ligne de défense avancée (qui n’est pas, rappelons-le, leur première ligne de défense) défense ferme et freinage dur pour ne céder que très graduellement leurs premières positions, au prix d’une usure certaine de l’attaquant. Ainsi Robotyne, village de 480 habitants avant la guerre, est-il actuellement contourné à l’est par les Ukrainiens afin de justement venir au contact de la première ligne de défense russe (Robotyne n’est toujours pas investi). Ainsi Urozhaine n’a été pris qu’au bout de quatre semaines. Ce sont de maigres succès ukrainiens sur le terrain, mais à quel prix ?

Il semble également que les quelques progrès ukrainiens ont été obtenus avec des pertes assez conséquentes, en matériel et en hommes. Cela ne surprendra guère les lecteurs de ce fil, les défenseurs étant logiquement dans une position avantageuse par rapport aux agresseurs, comme nous l’avons vu à Bakhmout. Ce qui était à l’époque à l’avantage des Ukrainiens l’est aujourd’hui à celui des Russes. Ainsi, il semble bien que les Ukrainiens ont désormais engagé leurs réserves, puisque des unités du Xe Corps seraient actives depuis une dizaine de jours dans les deux secteurs d’Orikhiv et de Grand Novosilka. Si cela était confirmé, cela serait inquiétant car les Ukrainiens ne disposeraient plus de grand-chose pour peser sur la ligne de défense russe. Par ailleurs, il ne semble pas que les Russes aient engagé leurs propres réserves. Cela étonne d’ailleurs beaucoup car il semble que ls unités de premier échelon soient laissées au contact sans relève. Il y a là une usure probable qui laisse entrevoir quelques opportunités pour les Ukrainiens. Malgré tout, les Russes semblent encore avoir leurs réserves disponibles sur le front sud.

Observons enfin l’arrêt des opérations annexes. Ainsi sur le secteur est. Au sud de Bakhmout notamment, Klishivka devait logiquement tomber, étant surplombée par les unités ukrainiennes et les entrées du village ayant été investies. Trois semaines plus tard, force est de constater le retrait des premières unités ukrainiennes et quelques contre-attaques russes au sud du village. Cela suggère que Kiev n’est plus en mesure de soutenir l’effort dans le secteur. Une hypothèse serait que la pression russe au nord, entre Svatove et Koupiansk, ait obligé le général Zaloujny à dégarnir son offensive au sud de Bakhmout pour renforcer ses positions au nord.

Il reste désormais à observer ce qui va se passer sur ce front nord. Beaucoup de rumeurs s’entendent sur une prochaine offensive russe dans la zone. Jusqu’à présent, les Russes réussissent à percer ici ou là telle position avancée des Ukrainiens, à avancer de 2 ou 3 kilomètres mais à ne pas pouvoir exploiter, les Ukrainiens se rétablissant très vite sans perdre beaucoup de terrain. Je resterai donc dubitatif quant à cette grande « offensive », les Russes n’ayant pas depuis le début de la guerre montré de grandes qualités en ce domaine. Résumons :

la contre-offensive ukrainienne semble avoir échoué. Le front montre une stabilité globale depuis deux mois et demi, nonobstant quelques modifications pour l’instant mineures, ici à l’avantage des Ukrainiens, là à celui des Russes, sans que cela ne change la physionomie générale.

Enfin, sur la dimension logistique, la situation paraît peu encourageante pour les Ukrainiens : ils ont consommé une partie du matériel occidental qui avait été fourni (j’ai vu des chiffres parlant de 50 % de Bradley détruits) et leur consommation de munition d’artillerie demeure une difficulté récurrente. La seule annonce récente est celle de F16 qui n’entreront pas en action avant plusieurs mois. Européens et Américains paraissent avoir épuisé leurs stocks de matériel lourd à transférer à l’Ukraine. De l’autre côté, les Russes semblent être passés en économie de guerre avec augmentation des lignes de production et spécialisation. Ils réussiraient ainsi à produire aujourd’hui plus de matériel lourd (chars et VCI) qu’ils n’en perdent sur le front (ce qui ne résout pas bien sûr la question des équipages perdus). Je vais inventer (ou plutôt retrouver car ça a surement déjà été trouvé par un de nos anciens), le RAPLOG penche maintenant nettement en faveur des Russes.

Je ne vois aujourd’hui pas de chemin d’une victoire ukrainienne. @@b@@Analyse politique@@/b@@

Des indices de plus en plus bruyants se font entendre qui montrent que les alliés occidentaux de l’Ukraine ne croient pas non plus au succès de la contre-offensive. Les discussions tournent désormais autour de « à qui la faute ? » (blame game en anglais). Pas assez de matériel ? venu trop tard ? Pas assez de formation ? (sous-entendu : c’est la faute aux Occidentaux) persistance d’une culture stratégique inadaptée aux matériels occidentaux ? dissensions entre niveau politique et niveau militaire ? (sous-entendu : c’est la faute aux Ukrainiens). Convenons que tout ceci manque d’élégance et surtout ne sert pas à grand-chose.

Un autre débat émerge, celui de l’après. Il a des tournures différentes, est très actif aux Etats-Unis (visiblement, les commentateurs français ne lisent pas la presse américaine, si j’en juge par certains commentaires). Un Secrétaire général adjoint de l’Otan parle de concessions, le débat est ouvert en Allemagne, même les Britanniques n’y croient plus et se font soudainement silencieux. Au cœur de l’été, l’ancien président Sarkozy parle de négociations. Si l’on laisse de côté le messager et les détails du message, observons simplement qu’en parlant, il a ouvert le débat en France afin de l’aligner sur ce qui se passe à l’étranger.

Ultima ratio regum, était-il gravé sur les canons du roi. A la fin, le canon l’emporte sur le droit. Je sais bien que cette règle ancienne avait disparu de nos consciences européennes qui croyaient à une fin définitive de l’histoire. Ainsi faut-il comprendre avec bienveillance l’émotion de certains qui voient disparaître cette illusion. Force est de constater que ce qui se passe aux confins de l’Ukraine obéit à cette vieille loi. Que peut-il dès lors se passer ?

Je crains que le temps des négociations n’est pas venu. Plus exactement, il est passé. Il y avait une opportunité à la fin du printemps dernier, à la suite de l’échec de l’offensive initiale russe. Les Russes auraient pu composer alors. Une autre possibilité, plus difficile à mettre en œuvre mais possible, aurait pu se dérouler à l’automne 2022, quand les Ukrainiens avaient repris la rive droite du Dniepr et celle de l’Oskil (cela étant, Poutine venait d’annoncer l’annexion des quatre oblasts et la mobilisation partielle : il aurait été difficile de trouver un chemin, mais pas impossible).

Aujourd’hui, Poutine peut avoir l’impression qu’il a passé le plus dur et le gros de ses revers. Il a obtenu un petit succès (Bakhmout) et a résisté à la contre-offensive ukrainienne. Il peut juger que c’est lui qui mène une attrition sur les forces ukrainiennes et que celles-ci ne pourront pas tenir sur l’ensemble du front ; que donc il peut poursuivre sa stratégie de grignotage sachant que le temps politique est globalement en sa faveur, d’autant qu’il est passé en économie de guerre et que son économie a surmonté le choc des sanctions.

Surtout, Poutine peut considérer qu’il doit maintenir la guerre pour empêcher tout rapprochement durable de l’Ukraine avec l’Europe et l’Otan. Dès lors, quelles seraient ses incitations à négocier ? Les hypothèses sont donc :

Poursuite active de la guerre, les deux belligérants imaginant pouvoir obtenir des succès localisés voire plus significatifs ;

Conflit gelé sans armistice ;

Déclaration unilatérale de l’Ukraine optant pour un scénario à la RFA : un Etat indépendant pouvant rejoindre toutes les organisations internationales (Otan, UE) sans reconnaissance de la division du pays (Donbass, Crimée) mais en garantissant à ses nouveaux alliés que sa situation stratégique ne les entraînera pas dans la guerre.

Vous observerez que je ne présente plus le scénario coréen qui suppose un armistice. Donc des négociations. Un conflit gelé n’est pas à proprement parler un scénario coréen.

A la semaine prochaine.

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Voir en ligne : https://les7duquebec.net/archives/285715