« Bloc-notes : l’appel à la censure déshonore la France »
Vous êtes contre la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes ? Vous êtes homophobe. Vous êtes pour la mise au pas de l’islam quand il exige sa visibilité ? Vous êtes islamophobe. Vous souhaitez contrôler l’immigration extraeuropéenne qui transforme la nation en une conflictuelle société multiculturelle ? Vous êtes xénophobe et raciste. Alors, bouclez-la ! La macronie, chantre de l’ordre moral, n’a pas renoncé à criminaliser davantage les délits d’opinion. À peine élus, les députés d’En marche avaient, le 24 juillet 2017, voté un amendement pour réprimer des idées interdites par les chasseurs d’arrière-pensées. Le Conseil constitutionnel avait annulé la disposition, vue comme "une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression". Cependant, mercredi, la commission des lois de l’Assemblée a examiné une autre proposition de loi "visant à lutter contre la haine sur Internet ". Le ministère de la Justice a un projet du même tabac. L’objectif : censurer, au-delà des vraies menaces, ceux qui refusent l’affolante emprise du politiquement correct.
Lors de ses vœux du 31 décembre 2018, Emmanuel Macron avait déjà qualifié les "gilets jaunes" de "foule haineuse". Il avait montré sa répulsion pour ces Français suspects de débattre librement sur les réseaux sociaux. Plutôt que de les écouter, le président les avait accusés de s’en prendre "aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux Juifs, aux étrangers, aux homosexuels", dans un amalgame habituellement prohibé. C’est à cette même répudiation des dissidents que se prête la députée LREM, Lætitia Avia, avec sa proposition de loi contre des " propos haineux", sans définition juridique. Cette initiative s’ajoute à la loi contre les "fake news", qui autorise le juge à décréter des vérités. L’arsenal pourrait être complété par le projet de Nicole Belloubet, garde des Sceaux, visant à sortir de la loi sur la presse de 1881 certaines infractions afin de faciliter les poursuites. Ces atteintes aux libertés dégoulinent de bons sentiments. Mais elles sont semblables à celles qui se retrouvent dans les démocratures.
Ces tentatives d’uniformisation de la pensée déshonorent la France impertinente, libre, frondeuse.