S’il fallait que la mort m’emporte dès demain,
Qu’elle rompe d’un coup un déjà long chemin,
Je n’aurais pas le temps de tout bien préparer
D’une sortie qui puisse encore m’emmurer.

De mes affaires je devrais faire le tri,
Déchirant les papiers qui m’ont coûté du prix,
Séparant de l’ivraie le reste de bon grain
Et pouvant m’en aller sans plus aucun chagrin.

S’il fallait que la mort m’emporte tout d’un coup,
Sans que je puisse fuir, les jambes à mon cou,
Me faudrait préparer le terrain tout en friche
Et sans qu’une faute jamais plus ne s’affiche.

Je ferais table rase de ces témoignages
Qui ont assombri ma vie de trop de nuages,
Emportant avec moi dans quelque paquetage
Le relent de faux-pas et de tous mes ratages.

Et si je ne peux plus user d’autre artifice,
Je ferai au Bon Dieu le don d’un sacrifice :
Immolé au bûcher de mes impérities
Et comme en conclusion de mes péripéties. (22/10/16)