Promenez-vous, chantez, dansez, amusez-vous, mais, de grâce, ne vous exprimez pas car vos propos, pour tenter d’expliquer les motifs de vos manifestations, sont d’une débilité navrante, pour des étudiants et des lycéens :

“Avec cette loi les patrons pourront nous licencier très facilement, quand ils voudront”

“Ils veulent nous faire travailler plus pour gagner moins”

Etc. Et j’en passe des meilleures.

Avant d’être “licencié facilement” faut-il d’abord être “recruté facilement”, ce qui n’est pas le cas actuellement, vous en conviendrez.

Cette loi sur la flexibilité notamment était destinée justement à vous faire recruter plus facilement, mais encore fallait-il qu’elle vous soit expliquée clairement. Ce qui n’a pas été le cas, mais vous y êtes habitués, n’est-ce pas ?

Donc reprenons : Nous vivons dix ans de plus qu’il y a cinquante années, mais ces dix ans de plus ne s’ajoutent pas uniquement après la retraite, ils s’intercallent aussi entre le début de votre parcours scolaire, la fin de vos études et votre entrée dans le monde du travail. Il y a cinquante ans vous abordiez ce monde du travail entre 18 et 23 ans, aujourd’hui vous le faites entre 25 et 30 ans, sans aucune formation qui vous permette de le conquérir plus facilement.

L’apprentissage débutait à 14 ans car l’école n’était pas obligatoire jusqu’à 16 ans (tout à fait inutile car ceux qui ne savent pas grand chose à 14 n’en saurons pas davantage à 16).

Vous qui manifestez aujourd’hui dans la rue vous êtes des privilégiés puisque vous avez la possibilité de faire, et de poursuivre, vos études, ce qui n’est pas le cas d’une très grande majorité de jeunes qui, pour le moment, ne se sont pas encore manifestés.

Si 20% de jeunes sont au chômage, vous n’êtes, vous les “diplômés” que 10% et les jeunes hors scolarité plus de 25%. Ne l’oubliez pas.

Cette loi “flexibilité” était destinée à faciliter la remise au travail des 5 millions de chômeurs qui, eux non plus ne manifestent pas, pour le moment.

Vous qui arriverez sur le marché du travail dans quelques années ayez une pensée pour ceux qui y sont depuis plusieurs années et se retrouvent sans emploi, peut-être à cause de vos manifestations passées et actuelles.

Ne vous laissez pas manipuler par des syndicats ouvriers qui ont besoin et se servent de vous et de vos lacunes.

Comme par hasard, il y a quelques jours, une émission télévisée vantait les charmes de travailler aux Pays-Bas. C’était le bonheur, la sérénité, de pouvoir exiger un travail à temps partiel : 20 h., 24 h. ou 30 h., selon le désir de l’employé ou de l’ouvrier, et il n’y a pratiquement pas de chômage.

Forcément, si une entreprise qui fonctionne 40 h. par semaine emploi un salarié qui ne fonctionne que 20 h. il lui en faudra deux. Mais ces deux salariés ne percevront que 800 e/mois au lieu de 1600.

Vous n’êtes pas d’accord pour travailler plus et gagner moins, mais seriez-vous d’accord pour travailler moins et gagner encore moins ?