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Antisémitisme : les masques tombent, et les œillères aussi

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

L’antisémitisme est en vogue cet automne. Suite à la guerre déclenchée le 7 octobre par l’attaque du Hamas, des croix gammées apparaissent sur des portes de logements et entreprises de Juifs dans divers pays occidentaux (en Orient il n’y en a presque plus). Des étudiants juifs sont menacés sur des campus américains où certains professeurs ont fait part de leur euphorie après l’attaque des djihadistes.

À Paris, New York, Berlin, ou Londres on arrache les affichettes d’enfants kidnappés par le Hamas. Des manifestations dénoncent Israël à Paris, ou Berlin aux cris de « Allah Akbar » en omettant soigneusement de critiquer les crimes du Hamas, et même d’appeler à la libération des otages.

L’Allemagne se réveille avec la gueule de bois. 3000 personnes ont manifesté dans les rues d’Essen, avec de nombreux drapeaux islamistes et en défendant le califat mondial. 1/2 pic.twitter.com/W51ubq4yWk

— Mathias Ulmann (@MathiasUlmann) November 4, 2023

À Sidney, un cortège a appelé à « égorger les Juifs ». Quant à la marche de dimanche à Paris contre l’antisémitisme, bien des acteurs politiques et cultuels ont refusé d’y participer au prix de positions ambiguës et alambiquées. À l’image du Conseil français du culte musulman refusant de s’y associer de peur sans doute d’être en porte-à-faux vis-à-vis de sa base, au prétexte qu’elle ne dénoncerait pas parallèlement… l’islamophobie.

Quatre vagues d’antisémitisme depuis 1945

Cet antisémitisme décomplexé s’étend aussi à certains dirigeants politiques un peu partout en Occident, même s’ils ont la prudence, ou l’habileté, de ne pas reprendre des slogans des années Trente, se contentant de refuser de qualifier de terroriste le Hamas, ou le renvoyant seulement dos à dos à Israël. C’est-à-dire mettant sur le même plan l’État hébreu et une organisation terroriste ayant exécuté de sang froid des femmes et des enfants, comme en attestent notamment les vidéos récupérées auprès des combattants du Hamas abattus, ou capturés, visionnées par l’auteur de ces lignes.

Un dos à dos auquel Israël, accusé d’être un État colonial (superficie, l’équivalent de la Bretagne) et réalisant un nettoyage ethnique (si c’était son objectif, vue la puissance de son aviation, il n’y aurait déjà plus âme qui vive à Gaza) est renvoyé par les gouvernements d’une soixantaine de pays du monde, qui représentent les deux tiers de l’humanité . Tandis qu’une trentaine de pays, presque tous d’Afrique du Nord et Proche-Orient, soutiennent carrément le Hamas. Lequel n’est condamné clairement que par les pays occidentaux, en sus de l’Inde et d’une huitaine de pays d’Afrique noire.

Il faudrait être d’une candeur féroce pour être surpris et croire que l’antisémitisme serait mort avec un certain Adolf H. dans un bunker berlinois en avril 1945. Ce jour-là n’a été détruit qu’un projet génocidaire mené par un État industriel. Pas l’antisémitisme, qui resurgit depuis par vagues, au gré des soubresauts du conflit israélo-palestinien, mais pas seulement.

Simon Epstein, historien spécialiste de la question , identifie quatre vagues d’antisémitisme en Occident depuis la Deuxième Guerre mondiale : Une, à l’instigation apparemment du KGB, en 1959, en Europe occidentale et États-Unis Une autre, déclenchée par la guerre du Kippour, de 1973 à 1982 Une autre, en Allemagne, France et États-Unis, de 1989 aux accords d’Oslo de 1994 Une dernière, à partir de l’intifada de 2000, qui ne s’est jamais vraiment terminée, et s’accentue encore depuis le 7 octobre

Un adulte sur quatre est antisémite

Ailleurs, cela n’a pas vraiment de sens de parler de vagues, pour la simple raison que l’antisémitisme y est stable à un niveau élevé, voire au taquet.

Selon un sondage de l’Antidefamation league mené en 2014 (depuis, plus rien…) dans 102 pays sur cinq continents, un adulte sur quatre dans le monde approuvait au moins six des onze opinions négatives sur les Juifs qui leur étaient proposées. Ce pourcentage ne dépassait pas 15 % en Amérique du Nord, ou en Océanie, mais montait à 24 % en Europe occidentale (17 % en France), comme en Amérique latine, 22 % en Asie (20 % en Chine et Inde… et 6 % au Vietnam), 23 % en Afrique subsaharienne, 34 % en Europe orientale (32 % en Russie) et… 74 % en Afrique du Nord et Moyen- Orient. Aucun pays musulman ne comptait un pourcentage d’antisémites inférieur à 75 %, avec des pointes fréquentes à 98 %, sauf… l’Iran à 60 % !

Ce qui n’a rien de très surprenant. Loin des caméras occidentales, les écoles de nombreux pays musulmans martèlent chez les enfants la détestation des Juifs en citant notamment un hadith (tradition orale de Mahomet et ses compagnons) appelant à les tuer (on peut interpréter différemment le Coran lui-même, aux versets exprimant une défiance certaine envers les Juifs, mais apparemment contradictoires sur la question, comme sur bien d’autres, ce qui explique que, heureusement, tous les musulmans pratiquants ne sont pas antisémites).

Antisioniste ou antisémite, beaucoup de ressemblances

Certes, en théorie, il existe une différence entre antisémitisme et antisionisme : on peut en effet juger illégitime l’existence même d’Israël (comme on a pu le faire pour de nombreux autres pays, URSS, RDA, Pakistan oriental, etc), sans détester pour autant les Juifs.

Des Juifs orthodoxes citent même un obscur passage des textes hébraïques proscrivant la création d’un État à Jérusalem.

En pratique, toutefois, la quasi-totalité des antisionistes sont antisémites sur les bords dès qu’on creuse un peu lors d’une conversation, ou comme l’illustre une expérience de pensée ; croyez-vous vraiment qu’une demi-douzaine d’États arabes auraient mené quatre guerres à Israël, et que des manifestations incandescentes dénonceraient ce pays 75 ans après sa naissance si les Israéliens étaient musulmans ?

Sans oublier que ceux qui fustigent Israël n’objectent pas aux différentes oppressions de peuples musulmans ailleurs, Ouïghours en Chine, Rohingyas en Birmanie, etc.

L’antisémitisme, principe géopolitique de nouveau structurant

Bref, l’antisémitisme semble être redevenu, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale un principe géopolitique structurant à l’échelle planétaire.

Et cela risque de s’accentuer avec les victimes collatérales des opérations de l’armée israélienne face à un Hamas se servant des civils comme de boucliers humains. On voit monter partout une émotion (Israël est clairement en train de perdre la bataille des images, voire de l’opinion) poussant nombre de dirigeants à réclamer un cessez-le-feu, à l’image du président Macron, sans toutefois expliquer comment Israël pourrait alors détruire le Hamas. S’opposeraient-ils à toute riposte militaire si un groupe terroriste commettait en France l’équivalent de 70 Bataclan, qui correspond, en proportion de la population israélienne, au bilan de l’attaque du 7 octobre ?

De ce fait, se pose une question essentielle pour la paix civile en Occident : l’antisémitisme pourrait-il devenir incandescent au point d’y provoquer une vague d’affrontements, voire des sortes de pogroms dont les provocations devant les synagogues seraient le prélude ? Une partie des immigrés d’origine musulmane peuvent-ils tenter « d’importer » le conflit chez nous ?

Ce scénario n’est heureusement pas le plus probable, mais mérite d’être pris au sérieux. Le nombre d’incidents antisémites avait déjà augmenté de 40 % l’an dernier dans les pays (États-Unis, Royaume- Uni, France, Allemagne) où des enquêtes sérieuses sont menées. Ils représentent désormais la majorité des incidents à caractère racial ou religieux. Un essor, depuis des années, lié à celui de l’idéologie islamiste, c’est-à-dire de conquête du pouvoir au nom du Coran. S’il existe des islamistes non antisémites, ils ne se sont pas encore exprimés…

Un projet plus large de conquête de l’Occident

Cet antisémitisme sous-jacent à l’islamogauchisme a désormais largement supplanté celui, traditionnel, d’extrême droite, souligne Simon Epstein.

Il semble s’être instaurée une alliance de circonstance entre une partie de la gauche voyant en l’islamisme un facteur de destruction du capitalisme, ou adhérant à la vieille association Juifs = Argent (relire les pages antisémites de Karl Marx) et une partie des jeunes d’origine arabo-musulmane.

Mais les slogans et discours de beaucoup d’entre eux dépassent largement le conflit à Gaza, et s’inscrivent dans un projet plus global des islamistes, décrit en détail dès 2005 par un remarquable livre enquête du journaliste suisse Sylvain Besson La conquête de l’Occident , en commençant par l’Europe, considérée comme son « ventre mou ». Un projet qu’expliquent candidement nombre de jeunes islamistes en France, en Allemagne, au Royaume-Uni.

Des petits soldats biberonnés à la nécessité de prendre tout simplement le pouvoir dans les pays occidentaux au nom d’une sourate prédisant qu’un jour l’humanité entière sera musulmane. D’abord pacifiquement, via l’entrisme dans des associations travaillant à une société séparée ou « réorientée », des horaires de piscines aux codes vestimentaires , en passant par les menus à l’école, ou les programmes scolaires, etc.

Puis en misant sur la dynamique démographique pour devenir majoritaire et imposer la valise, la conversion, la dhimmitude ou le cercueil.

MusIim man in Germany :” when MusIims are in majority, we would take over Germany with force.

Sharia law will be instead of Germany laws.

When Germans stand against our sharia they will be attacked.

Christians and Jews have to pay Jizya,Hindus,Buddhists have to leave or be killed” pic.twitter.com/OiN19m6DYR

— Azzat Alsalem (@AzzatAlsaalem) November 4, 2023

Un projet auquel adhère une partie, certes minoritaire mais non négligeable de l’immigration d’origine arabo-musulmane. Une enquête de l’institut Pew Research montrait déjà il y a dix ans que parmi les jeunes musulmans d’origine immigrée, 15 à 40 % suivant les villes aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume Uni, en Allemagne, aux États-Unis, considéraient la religion comme au-dessus des lois de leur pays, adhéraient à un agenda islamiste radical, notamment d’une stricte ségrégation homme/femme, voire approuvaient l’exécution des apostats, ou les attentats suicide au nom du Coran.

Un projet formalisé clairement dans la charte des Frères Musulmans , ou par l’influent prédicateur Youssef al-Qaradawi :

Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons, avec nos lois coraniques nous vous dominerons.

Jusqu’à la doctrine d’Al Qaïda dans « Appel à la résistance islamique mondiale » diffusé sur Internet en 2004, d’un théoricien majeur du réseau djihadiste, quoique méconnu en Occident, Abou Musab Al-Suri . Ce dernier vantait la « stratégie des mille entailles » usant, exténuant, hébétant la société occidentale à coups d’attentats et provocations, et préconisait, selon le journaliste Éric Leser, de « viser les Juifs, les policiers, les militaires, les églises, les grands événements sportifs et culturels. Il faut dresser les populations contre les musulmans, et contraindre ainsi ces derniers à choisir un camp ».

Les masques des antisémites tombent donc depuis le 7 octobre, mais aussi, semble-t-il, les œillères de certains de ceux qui se réfugiaient dans le déni « roooh, ils ne sont pas plus de trois excités ».

Le déni, mécanisme classique de protection psychologique, dont on peut s’étonner qu’il fut encore si vigoureux après Mérah , Charlie , le Bataclan , les meurtres de profs , etc. Eh bien non, les antisémites et islamistes (à ne pas confondre avec les musulmans, les premiers mènent un combat politique de soumission et conquête, les seconds vivent généralement leur foi dans leur coin sans enquiquiner personne) sont bien plus que trois à vivre en Europe sans adhérer à son « socle civilisationnel », pas seulement en ce qui concerne les Juifs, mais aussi les femmes, la démocratie, le rapport à la religion, ou l’État de droit.

Avec 300 000 personnes selon la police, le cortège de soutien à la Palestine à Londres , sans aucun slogan contre le Hamas et à l’appel d’une organisation islamiste, samedi, était la troisième plus importante manifestation des vingt dernières années dans la capitale britannique.

La politique d’immigration en question d’un point de vue libéral

Ce qui pose forcément la question de la politique suivie depuis une quarantaine d’années en matière d’immigration. Soyons clair, à défaut d’être politiquement correct.

Cette politique a accueilli/suscité une immigration extra civilisationnelle d’ampleur , dont la majorité adhère, certes, à nos valeurs, mais en oubliant que l’Histoire est faite aussi par les minorités violentes et déterminées.

Combien de Russes en 1917 rêvaient de goulag et de bolchévisme ? Combien d’Allemands en 1934 voulaient vraiment une dictature génocidaire engagée dans un projet de conquête mondiale ? Était-il donc judicieux de faire venir tant de gens dont une partie (10 % ?) n’adhère pas du tout à notre socle civilisationnel, voire veut le supplanter ?

Cette politique d’immigration instaurée, malgré le désir de la majorité de la population selon les sondages (y compris de beaucoup d’immigrés intégrés qui craignent qu’à être trop nombreux à « monter dans l’autobus » ça puisse tourner mal), à grand renfort d’éléments de langage « chance pour la France », « la France est comme une mobylette, elle marche au mélange/multiculturalisme », avait pour carburant imprudent : une demande du patronat (l’immigration comme armée de réserve de la main-d’œuvre, ceux qui viennent de pays où le salaire moyen est de 300 euros mettent du temps avant de tirer les salaires vers le haut, afin de pourvoir les boulots dévalorisants dont nos chères têtes blondes ne voulaient plus) une demande de la gauche, expier la culpabilité post coloniale et « ah je ris de me voir si cosmopolite dans ce miroir », sans se demander au passage si on ne privait pas les pays d’origines de précieuses ressources humaines une demande de retraités d’une population jeune et à forte natalité, ce qui risque un jour de faire cher la partie de scrabble.

Pour en comprendre les effets lire l’excellent livre Rue Jean Pierre Timbaud , de Géraldine Smith (2016) et La gauche et la préférence immigrée (2011) de Hervé Algalarrondo, journaliste de L’Obs, du temps où il ne mettait pas sur le même plan le Hamas et le (par ailleurs stupide et odieux) Likoud.

Il découlerait de tout cela qu’il serait judicieux de réduire l’immigration tout en travaillant vigoureusement, à l’école ou dans les prétoires, à assurer une reconquête de nos fondamentaux culturels .

Certes, il est embarrassant pour un libéral de critiquer le droit sous-jacent à l’immigration open bar, celui de tout individu à chercher une vie meilleure sous les cieux de son choix.

Mais c’est oublier deux choses.

La première, c’est qu’il ne faut pas oublier, disait Raymond Aron « que l’Histoire est tragique, et qu’il existe des conflits inexpiables », ainsi que des civilisations, fauves puissants dont on ignorerait à son détriment combien elles structurent profondément les relations entre les humains.

La seconde, c’est que le droit de propriété consubstantiel au libéralisme accorde à une communauté humaine, appelons là un pays, un droit de disposer d’un ensemble immatériel (droits, coutumes, institutions), et donc de désigner qui peut en profiter, ou pas. Sans sectarisme ni phobie. Ce n’est pas parce qu’on apprécie quelqu’un qu’on est pour autant obligé de prendre une colocation avec lui…

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2023/1...