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A Lille, on brade la braderie…

, par  vanneste , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

risqueterrroristeNB« Courage, fuyons » est le nouveau cri de guerre des politiciens qui nous dirigent… Mme Aubry, Maire de Lille, vient d’annoncer l’annulation de la braderie, cette année. Elle a elle-même évoqué le « courage » de sa décision. Ce mot a été repris dans un communiqué du Premier Ministre. Pendant ce temps, le « Maire » (de fait) de Nice et Président de la Région Paca, Christian Estrosi, décidait la suppression d’un championnat d’Europe de cyclisme sur route en justifiant la mesure par la situation de guerre que connaîtrait le pays. L’antiphrase systématique dans l’usage des mots chez les politiciens est assez révélateur de notre situation politique, caractérisée par la peur rebaptisée « précaution ». Le courage consiste à affronter un danger que la peur, comme le dit la sagesse populaire, n’évite pas. En quoi consiste le « courage » de renoncer à une manifestation populaire ? Uniquement à faire face au mécontentement des commerçants qui vont subir les conséquences économiques de l’absence de plus de deux millions de visiteurs. Les clients et les badauds vont pour la plupart admettre ce choix. On peut parfaitement comprendre qu’un élu ait peur de se retrouver devant des électeurs, et des victimes, contraint de leur expliquer qu’il n’avait pas les moyens de prévenir un attentat et qu’il a néanmoins maintenu la festivité au cours de laquelle il était possible qu’il ait lieu. Il n’y a donc aucun courage à cela, mais seulement de la prudence, pour les risques subis par la population, et pour l’image du responsable politique, sa préoccupation première.

L’autre terme impropre est celui de guerre. Il est employé pour légitimer des mesures d’exception qui vont de la prolongation de l’Etat d’urgence par la majorité jusqu’à un souhait de l’opposition de bousculer l’Etat de droit par des privations administratives de liberté. Il exprime surtout le désarroi de la classe politique devant la hauteur d’un danger qu’elle n’a absolument pas anticipé. La France n’est pas en guerre. Elle ne fait la guerre à aucun autre Etat. Elle participe à des opérations militaires contre des groupes qui parfois dominent un territoire et prétendent, pour l’un d’entre eux au moins, s’ériger en Etat. Celui-ci n’est pas reconnu juridiquement. Pour que ces actions soient une guerre, il faudrait qu’il y ait un ennemi défini et que les moyens employés soient de nature à l’anéantir. Si on excepte que tous les adversaires directement visés sont musulmans, il est bien difficile de définir la stratégie. Le discours officiel désigne l’Etat islamique qu’on préfère d’ailleurs appeler « daesh », mais on ne l’attaque pas au sol, ce qui ne prendrait que peu de temps, de peur de le voir rameuter tous les musulmans sunnites à la rescousse contre les « croisés ». Donc pendant que par Irakiens plutôt chiites et les Kurdes le font reculer en Irak et en Syrie, il pousse des métastases en Libye ou au Nigéria sans oublier le Yémen. La France a fait la guerre à la Libye de Kadhafi et se trouve empêtrée aux côtés des Américains dans le chaos qu’elle a créé sans raison dans ce pays. Elle a fait la guerre à la Syrie de Bachar Al-Assad, et donc à son allié russe, en aidant les rebelles islamistes, ceux d’Al-Nosra, dont Fabius saluait le « bon boulot ». Son attitude à l’encontre du Président syrien reste agressive, ce qui nous prive des informations de services de renseignement réputés efficaces. Curieuse guerre que celle où les ennemis de nos ennemis ne sont pas nos amis ! Or les attentats commis en France sont islamistes, et non uniquement déclenchés par l’Etat islamique. A Toulouse, Merah a agi avant la création de l’Etat islamique. Les frères Kouachi ont commis le carnage de Charlie Hebdo en liaison avec Al-Qaïda au Yémen (AQPA). Il n’y a donc aucune raison que le terrorisme islamiste cesse après la prise de Mossoul et de Raqqa.

La braderie de Lille sera-t-elle plus sûre en 2017. Sans doute Mme Aubry peut espérer que ses « amis » ayant quitté le pouvoir, la sécurité soit plus grande, mais elle veut aussi se donner plus de temps pour renforcer les mesures de sécurité, la définition du périmètre, les conditions de contrôle, par exemple. Toutefois, ce que cache le mot trompeur de guerre, c’est le caractère diffus de la menace. Si vraiment nous étions en guerre avec un Etat et si celui-ci utilisait des réseaux terroristes organisés, nous pourrions les démanteler grâce aux services de renseignement performants que possède la France. Tel n’est pas le cas. Il y a sur notre territoire, parmi nous, des bombes à retardement. Certaines, en raison de leurs antécédents, de leurs déplacements à l’étranger peuvent être repérées et mises préventivement hors d’état de nuire. D’autres avec des moyens dérisoires et une grande autonomie vont entrer en action brutalement. La revendication sera postérieure à l’acte : une sorte de terreur « franchisée ». Il ne s’agit nullement de guerre, mais de police. On peut d’ailleurs à ce titre regretter la disparition des Renseignements Généraux mieux calibrés pour le menu fretin que l’actuelle DGSI davantage dans la ligne de DST, celle qui vise les adversaires de taille.

La France n’est donc pas en guerre, mais elle pourrait connaître quelques années d’Etat de police. C’est ce que demande une partie de l’opposition en réclamant des rétentions préventives. Il faut craindre que cette stratégie peu probable soit inefficace. Le nombre des terroristes potentiels, celui de leurs objectifs, la légèreté de leur logistique, la rapidité de leur « radicalisation » rendent l’action policière très difficile. La limitation drastique de l’entrée des étrangers, une révision courageuse du droit de la nationalité, une surveillance étroite d’internet, une réforme de notre justice pénale et de notre système pénitentiaire constituent une révolution intellectuelle nécessaire par rapport à la dérive subie depuis des décennies. Ce n’est qu’à ce prix que la liberté politique des citoyens français pourra à nouveau reposer, comme le disait Montesquieu, sur le sentiment de leur sûreté. L’équilibre entre les libertés et la sécurité qui est la première des libertés exige pour le coup des politiques un véritable courage. L’annulation des manifestations exposées au terrorisme est pour l’instant une victoire de celui-ci.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...