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À Davos, Javier Milei a défendu « La supériorité écrasante du capitalisme »

, par  Rainer Zitelmann , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Mercredi 17 janvier dernier, le président argentin Javier Milei a prononcé un discours enflammé et disruptif au Forum économique mondial de Davos. Son éloge de la croissance et des entrepreneurs, tout comme sa mise en garde contre les dangers du socialisme ont déjà fait couler beaucoup d’encre. En réalité, l’économiste n’a fait que reprendre, à quelques expressions près, le contenu d’une conférence TED donnée en 2019 à San Nicolás, au cours de laquelle il expliquait comment, tout au long de l’histoire, le capitalisme s’était avéré supérieur aux autres systèmes.

Les thèses mises en avant à Davos s’inscrivent dans le corpus classique de la défense des libertés économiques. Qu’elles soient mises en avant, de manière décomplexée, par un chef d’État est, en revanche, beaucoup plus inhabituel.

Dans cet article, l’essayiste Rainer Zitelmann revient sur les principales thèses économiques défendues par Javier Milei, tant comme économiste que comme chef d’État.

Thèse 1 : le capitalisme est la seule recette contre la pauvreté

Le discours de Milei commence par un examen historique, précisant que la révolution industrielle a donné à une grande partie de la population mondiale la possibilité d’échapper à la pauvreté.

« … Lorsque vous regardez le PIB par habitant depuis l’an 1800 et jusqu’à aujourd’hui, vous verrez qu’après la révolution industrielle, le PIB mondial par habitant a été multiplié par plus de 15. Ce qui s’est traduit par un boom de la croissance qui a permis à 90 % de la population mondiale de sortir de la pauvreté. N’oublions pas qu’en 1800, environ 95 % de la population mondiale vivait dans l’extrême pauvreté et que ce chiffre est tombé à 5 % en 2020, avant la pandémie. La conclusion s’impose. Loin d’être la cause de nos problèmes, le capitalisme libre-échangiste en tant que système économique est le seul instrument dont nous disposons pour mettre fin à la faim, à la pauvreté et à l’extrême pauvreté sur notre planète.

Avant les commencements de la révolution industrielle, il y a environ deux siècles, 90 % de la population mondiale était effectivement embourbée dans l’extrême pauvreté. Aujourd’hui, selon les chiffres de la Banque mondiale, cette proportion n’est plus que de 8,5 %.

Thèse 2 : la « justice sociale » est injuste

Le président-économiste soutient que la redistribution n’est pas le moyen de résoudre les inégalités sociales et qu’elle ne fait en réalité que les accroître. Les anticapitalistes pensent que l’économie est un jeu à somme nulle – ils croient qu’un gâteau économique prédéfini doit être distribué, alors qu’en fait, le but est d’augmenter la taille du gâteau.

Milei : « Le problème, c’est que la justice sociale n’est pas juste – et qu’elle ne contribue pas non plus – au bien-être général… Ceux qui font la promotion de la justice sociale, les défenseurs, partent de l’idée que l’ensemble de l’économie est un gâteau qui peut être partagé différemment, mais que ce gâteau n’est pas acquis. C’est la richesse qui est générée dans ce qu’Israël Kirzner , par exemple, appelle un processus de découverte du marché. Si les biens ou services offerts par une entreprise ne sont pas désirés, l’entreprise échouera, à moins qu’elle ne s’adapte à ce que le marché exige. Si elle fabrique un produit de bonne qualité à un prix attractif, elle s’en sortira bien et produiront davantage. Le marché est donc un processus de découverte dans lequel les capitalistes trouveront le bon chemin au fur et à mesure qu’ils avanceront. »

Thèse 3 : l’Occident est menacé par le socialisme moderne

La thèse la plus importante est celle-ci : l’Occident est menacé par le socialisme.

Milei répond à l’objection selon laquelle, aujourd’hui, comme pour le socialisme classique, la question n’est pas la nationalisation des moyens de production. Selon lui, le marché libre est de plus en plus étouffé par l’intervention gouvernementale, la réglementation excessive, la fiscalité et les politiques des banques centrales.

Les moyens de production ou les biens immobiliers relèvent théoriquement de la propriété privée, mais dans le réalité les propriétaires perdent de plus en plus le contrôle de leurs biens au profit de l’État.

Milei : « L’Occident a malheureusement déjà commencé à s’engager dans cette voie. Je sais que pour beaucoup, il peut sembler ridicule de suggérer que l’Occident s’est tourné vers le socialisme, mais ce n’est ridicule que si vous vous limitez à la définition économique traditionnelle du socialisme, qui dit qu’il s’agit d’un système économique où l’État possède les moyens de production. À mon avis, cette définition devrait être mise à jour à la lumière des circonstances actuelles. Aujourd’hui, les États n’ont pas besoin de contrôler directement les moyens de production pour contrôler tous les aspects de la vie des individus. Avec des outils tels que la planche à billets, la dette, les subventions, le contrôle des taux d’intérêt, le contrôle des prix et la réglementation pour corriger les soi-disant défaillances du marché, ils peuvent contrôler la vie et le destin de millions d’individus.

Thèse 4 : les entrepreneurs doivent commencer à se défendre

Le discours de Milei ne se borne pas à constater, il appelle aussi à l’engagement. Il cible en particulier les entrepreneurs, qui « se plient trop souvent à l’air du temps et aux puissants politiques », les enjoignant à ne plus se laisser intimider par les politiciens, à être « fiers » et à commencer « à se battre ».

« C’est pourquoi, en terminant, j’aimerais laisser un message à tous les hommes d’affaires ici présents et à ceux qui ne sont pas ici en personne, mais qui nous suivent du monde entier. Ne vous laissez intimider ni par la caste politique ni par les parasites qui vivent aux crochets de l’État. Ne capitulez pas devant une classe politique qui ne veut que rester au pouvoir et conserver ses privilèges. Vous êtes des bienfaiteurs sociaux, vous êtes des héros, vous êtes les créateurs de la période de prospérité la plus extraordinaire que nous ayons jamais connue. Que personne ne vous dise que votre ambition est immorale. Si vous gagnez de l’argent, c’est parce que vous offrez un meilleur produit à un meilleur prix, contribuant ainsi au bien-être général. »

Comment ce discours se traduira-t-il dans la réalité ? Milei réussira-t-il à mettre en œuvre la supériorité écrasante du capitalisme en Argentine ? Réponse dans les semaines et les mois qui viennent.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2024/0...