Je lis ici et là que beaucoup de Français Musulmans voteraient pour Zemmour s’il arrêtait de taper sur l’Islam. Je crois que cette réticence repose sur un malentendu que je me propose de lever dans cette tribune.

Quand Eric Zemmour affirme que l’Islam et l’Islamisme, c’est la même chose, mais qu’il ne confond pas Islam et Musulmans, quand il prend l’exemple des Juifs qui ont accepté de se soumettre à la loi française, en renonçant aux pratiques qui n’en étaient pas compatibles, et qu’il exige des Musulmans qu’ils en fassent de même, il pense exprimer une évidence, mais il se trompe. Ni les musulmans, ni les chrétiens, ni les athées d’ailleurs ne comprennent ce qu’il veut dire.

Ce que Zemmour veut dire, c’est que rien n’interdit, en France, aux Musulmans de pratiquer leur religion, tant qu’elle ne vient pas percuter les lois, us et coutumes séculaires de notre pays. A Rome, fais comme les Romains – ce n’est pas à une religion importée en France depuis moins de 50 ans de dicter ses conditions au pays « d’accueil », aussi tolérant soit-il… Et c’est là que le bât blesse : l’Islam, à travers son texte sacré, le Coran, n’est pas qu’une religion, du moins dans notre conception, mais bien plus...

En réalité tout vient de l’erreur originelle des occidentaux, qui est de confondre Mahomet et Jésus. Jésus est un « chef » religieux, fondateur d’une nouvelle religion. Mahomet a, comme Jésus, fondé une nouvelle religion. Mais la comparaison s’arrête là. Alors que Jésus se place au-dessus de la condition humaine pour ne s’intéresser qu’au salut de l’homme - « Mon royaume n’est pas de ce monde », « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » - etc.., Mahomet, lui, est aussi un commerçant prospère, un chef d’État puissant (l’actuelle Arabie Saoudite), un chef de guerre victorieux, un époux polygame et un père de famille nombreuse. Le Coran, qui reprend ses paroles transcrites par ses fidèles (lui-même, comme Jésus et les évangiles, n’en a pas écrit une seule ligne), est à l’image de Mahomet : un corpus religieux, certes, et aussi des sentences politiques, guerrières, sociétales, voire matrimoniales, en réponse à des évènements concrets qui n’ont rien à voir avec la foi (lire à ce sujet « les Versets sataniques » de Salman Rushdie)… Ainsi par exemple l’interdiction de manger du porc, qui serait une mesure prophylactique, le port du voile pour les femmes, qui concernerait plus la « paix des ménages » que la soumission à Allah, les versets sur l’héritage, ou sur la valeur inférieure du témoignage des femmes dans un procès, leur répudiation, les appels au djihad contre les juifs, etc…

Au cours des siècles, de nombreux penseurs musulmans ont essayé d’édulcorer le Coran de ces textes archaïques, mais ils ont tous échoué, pour s’être systématiquement heurtés à ce que l’on pourrait par anachronisme qualifier l’Islam Politique, c’est-à-dire un Islam manipulé par les grandes monarchies arabes qui, depuis plus de mille ans utilisent le Coran comme une arme de conquête. Manipulation d’autant plus aisée que le Coran est considéré par les Musulmans comme la parole incréée d’Allah, qui ne saurait être discutée ou amendée.

Question fondamentale, que Zemmour, et avant lui Jean-Marie le Pen, ont été les seuls à oser poser : les Musulmans de France veulent-ils ou peuvent-ils s’intégrer dans une France laïque qui refuse les communautarismes ? La balle est dans le camp des Musulmans, sauf que chez les Musulmans (les Sunnites qui sont l’énorme majorité en France), il n’existe aucune autorité spirituelle qui pourrait en décider. Ce qui fait que chaque Musulman doit se débrouiller avec sa religion, sous la surveillance des inquisiteurs de la foi.

Le passé nous apprend que ce ne sont pas les majorités molles qui font l’Histoire, mais les minorités résolues... si elles ne se heurtent pas à plus résolu qu’elles... Zemmour ?