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Une nouvelle loi sécurité, pour quoi faire ?

, par  NEMO , popularité : 6%
NJ-Ile de France

Contrairement aux piles Wonder, la loi ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

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Encore une fois, la France donne au Monde un triste spectacle. Grandes artères ravagées, voitures brûlées, vitrines fracassées, casseurs à la fête, flics ridiculisés, médias à l’affût de la bavure qui leur permettra une indignation factice. Et tout cela pourquoi ? Parce que le gouvernement veut sortir une « loi sécurité globale » dont tous les protagonistes savent qu’elle ne sera pas plus efficace que les précédentes lois sur le même sujet. Les manifs de ces derniers samedis, nous le savons tous, n’ont rien de revendicatif, ne demandent ni plus de justice, ni plus de travail, ni même plus de sous, comme le faisaient les manifs traditionnelles très encadrées de nos « très chers » syndicats - que l’on va finir par regretter. Les manifestants d’aujourd’hui sont là pour passer le temps : bistrots et cinémas fermés, stades vides, déplacements limités, barrières anti-gestes, il faut bien s’occuper. Alors tout événement un tant soit peu festif est une bénédiction. Une petite manif, une marche sportive, un peu d’adrénaline (sans risque) quand on a les poulets aux fesses, lancement de projectiles divers, casse de vitrines, en faisant attention de ne pas se couper, c’est fun, c’est zen, et ça entretient la forme.

Trêve de sarcasme. Cette bouffonnerie hebdomadaire m’a inspiré quelques réflexions :
Dont une principale : pourquoi nous infliger une « nouvelle » loi qui, d’après les policiers eux-mêmes, n’apporte rien que d’anciennes lois n’ont pas déjà prévu (dixit Alexandre Langlois, syndicaliste policier démissionnaire) ? Hé bien c’est en fait très simple, et c’est vrai pour la plupart des lois qu’on nous pond depuis des dizaines d’années, et dans tous les domaines dits « d’autorité » : c’est pour cacher l’impuissance de l’État, infoutu de faire appliquer les lois existantes. Il existe tout un arsenal (cf Xavier Raufer, criminologue éminent) de dispositions qui permettraient de régler une bonne fois pour toutes la plupart des problèmes de sécurité qui nous accablent. Mais voilà, pour cela, il faudrait se résoudre à les appliquer, ce dont depuis la mort de Malik Oussekine, sous la présidence de Mitterrand, les gouvernements successifs ne veulent plus prendre la responsabilité . Alors, on fait croire au bon peuple que les débordements sont dus à une faille dans le système législatif, que cette nouvelle loi va enfin corriger. Le temps qu’elle soit votée et mise en application, ce sera toujours ça de gagné.

Ceci dit, les cerveaux fertiles de nos crânes d’œuf pourront imaginer toutes les lois que l’on voudra, ça ne marchera jamais, parce que la sécurité n’est pas une affaire de loi plus ou moins répressive, de moyens humains ou matériels, mais une question de « cojones ». Tant que la doctrine sera « zero killed » chez les casseurs, vous pourrez proférer toutes les menaces que vous voudrez – sur les 29 arrestations de samedi dernier, je crois qu’il n’y a pas eu une seule incarcération, c’est vous dire si les « black blocs » pètent de trouille quand Darmanin fait les gros yeux-, ils n’en auront rien à faire.

Un gouvernement qui voudrait vraiment régler le problème, sans s’occuper de sa prochaine réélection ou de son éventuelle mise en examen par des juges indignes, n’aurait qu’à donner l’ordre à la police de faire son travail : un type vous arrive dessus en brandissant une barre de fer, on vous lance un cocktail Molotov, ou une boule de pétanque, vous surprenez des rebelles en peau de lapin en train de massacrer une vitrine, tirez-dans le tas ! Je veux « zero killed » (si possible) chez les policiers, mais je ne verserai pas des larmes de crocodile si des fils de bourges déguisés en révolutionnaires se font plus ou moins cabosser (j’allais écrire autre chose, mais la censure a frappé). Et je vous soutiendrai quelles que soient les réactions des associations, des médias, ou des partis politiques qui considèrent que plus ce sera le bordel, moins il y aura de risque que ça change.

Autre chose, pendant qu’on y est : tous les commentateurs nous expliquent, la main sur le cœur, qu’il faut certes faire en sorte que les manifestations ne dégénèrent pas, mais en précisant aussitôt que manifester est un droit constitutionnel inviolable... C’est faux ! Ce que la constitution précise dans son article 4, c’est que « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation ». Et dans l’article 3, que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ».
En clair, aucun article de la constitution n’invite quelque groupe d’intérêts que ce soit à encombrer et encore moins à saccager les boulevards de nos villes dès que le pouvoir légal prend une décision qui le contrarie : le principe constitutionnel, c’est que chacun puisse exprimer son opinion par le truchement de médias pluralistes (c’est à cela que devraient servir les subventions à la presse), afin que les citoyens fassent en toute connaissance de cause le choix de leurs représentants lors des rendez-vous électoraux. La démocratie est tout le contraire de la dictature des minorités que l’on est en train de nous installer en France.