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Transition énergétique : l’Allemagne s’inquiète (enfin !)

, par  Michel Gay , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Michel Gay.

Selon le journal Welt , la Cour des comptes fédérale allemande lance un avertissement au gouvernement allemand : sa politique actuelle de transition énergétique (Energiewende) met en danger l’économie de l’Allemagne. Les coûts sont hors de contrôle et la menace d’une pénurie d’électricité plane.

Les questions soulevées sont exactement les mêmes qu’en France. Quelle est la demande future ? Quelle est le besoin de flexibilité pour faire face à l’intermittence des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) ?

Quelle est l’acceptabilité des prix élevés de l’électricité et des carburants à cause des taxes de plus en plus élevées pour subventionner ces EnRI ?

La transition énergétique devient un danger pour l’Allemagne

La Cour des comptes fédérale allemande avait rendu il y a trois ans un rapport très critique sur l’Energiewende dont elle jugeait déjà les coûts hors de contrôle.

Elle réitère sa critique en l’assortissant d’une alerte sur la sécurité d’approvisionnement en électricité et elle accuse le ministère fédéral de l’Économie de contrôle insuffisant et de mauvaise gestion de la transition énergétique.

Lors de la présentation du deuxième rapport spécial, la présidente du Contrôle fédéral des finances, Kay Scheller a déclaré :

Cette critique de la politique énergétique a été renouvelée dans un autre rapport incluant une analyse explosive sur la sécurité d’approvisionnement.

Lors de la présentation du deuxième rapport spécial, la présidente du Contrôle fédéral des finances, Kay Scheller a déclaré :

« Depuis notre dernier examen en 2018, trop peu de choses ont été faites pour façonner avec succès la transition énergétique […]Cela donne à réfléchir. »

La menace d’une hausse constante des prix de l’électricité à cause de la politique de transition énergétique

S’il s’agissait auparavant de maîtriser les coûts de la transition énergétique, il s’agit maintenant également de la sécurité de l’approvisionnement en électricité de l’Allemagne.

Et le résultat est alarmant.

L’étude indique que le gouvernement fédéral « n’a pas une vision suffisante des dangers réels et émergents pour la sécurité de l’approvisionnement  » et que le suivi de la transition énergétique est « incomplet« .

De même, « des prix toujours plus élevés de l’électricité » sont à craindre dans le système actuel. Le rapport cite une étude selon laquelle il faudrait dépenser 525 milliards d’euros supplémentaires pour l’approvisionnement en électricité, y compris l’extension du réseau, entre 2020 et 2025.

Les prix de l’électricité pour les ménages privés sont déjà supérieurs de 43 % à la moyenne européenne.

Lors de la présentation du rapportKay Scheller a averti :

« Cette forme de transition énergétique met en danger l’économie de l’Allemagne et sollicite de manière excessive la viabilité financière des entreprises consommatrices d’électricité et des ménages privés […]Cela peut alors mettre en danger, à terme, l’acceptation sociale de la transition énergétique. »

Un rapport explosif

Les auteurs de ce rapport explosif accusent également le gouvernement allemand d’avoir sous-estimé les conséquences de l’abandon progressif du charbon sur la sécurité de l’approvisionnement.

Le rapport relève des incohérences dans la feuille de route officielle qui compte étrangement sur une capacité garantie plus importante à partir de 2022 après l’abandon du charbon.

Il en résulte un « déficit de planification ».

Malgré la suppression du charbon, le ministère de l’Économie prévoit une « probabilité d’équilibrage du réseau  » de près de 100 % (99,94 %), ce dont doute le rapport :

« Le calcul de la probabilité d’équilibrage des charges par le gouvernement est fondé sur des hypothèses en partie irréalistes, ou qui sont dépassées par les développements politiques et économiques actuels ».

Par exemple :

« Il n’est pas réaliste de penser que les objectifs de développement des énergies renouvelables seront atteints dans les difficiles conditions d’acceptations actuelles, en particulier pour les projets d’énergie éolienne ».

Des réserves insuffisantes ?

La Cour des comptes allemande « doute que le ministère fédéral de l’économie ait rempli son obligation légale de vérifier l’étendue de la réserve de capacité ».

En cas de pénurie d’électricité, il est déjà prévu que les entreprises industrielles puissent volontairement arrêter temporairement leur production moyennant une compensation financière. Le ministère de l’économie table sur un potentiel de 16 gigawatts « d’effacement  » d’ici 2030.

Mais la Cour des comptes demande pourquoi une étude de l’Agence fédérale pour l’environnement n’aboutit de son côté qu’à un potentiel de 6 gigawatts ?

Apparemment, il n’y a pas de consensus au sein du gouvernement allemand sur le chiffre du « délestage » (effacement) possible pour contribuer à stabiliser le réseau électrique rendu instable par les EnRI.

Des hypothèses farfelues ?

D’autres hypothèses du gouvernement allemand pourraient également ne plus correspondre à la réalité, avertit le rapport.

Par exemple, les prévisions de la demande d’énergie reposent sur une hypothèse de population inférieure à 75 millions d’Allemands en 2050.

Au contraire, l’Office fédéral de la statistique estime « avec un degré de probabilité élevé, qu’il y aura entre 77,6 et 83,6 millions de personnes en 2050 dans les trois principales variantes examinées ».

Concernant la sécurité d’approvisionnement en électricité, le rapport souligne que les hypothèses du ministère de l’économie sont « en partie trop optimistes et en partie peu plausibles », et que ce dernier a omis d’examiner un scénario conjuguant plusieurs facteurs prévisibles qui la mettrait en péril.

Désaccord sur l’évolution de la demande d’électricité

Le rapport indique que l’expansion du réseau pourrait être retardée et que, dans le même temps, la capacité de transmission transfrontalière soit limitée.

Le ministère fédéral de l’économie répond : « un empilement de différents scénarios défavorables n’a pas de sens en l’état de la discussion technique ».

Les auteurs ont estimé que cette réponse n’était « pas convaincante ». Ils ne partagent pas non plus l’hypothèse du gouvernement fédéral qui estime que la demande d’électricité restera stable jusqu’en 2030 (électrification des transports, hydrogène…).

Et le rapport conclut sévèrement : « que des hypothèses essentielles sur lesquelles repose l’évaluation actuelle de la sécurité d’approvisionnement du marché de l’électricité sont irréalistes ou dépassées ».

En France, les travaux « ambitieux » de l’ADEME prévoyant 100% d’énergies renouvelables en 2050 en France sont également totalement irréalistes et les Français devraient aussi s’inquiéter !

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