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Temps de parole des députés : psychodrame à l’Assemblée nationale

, par  Ludovic Delory , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Ludovic Delory.

Les lendemains d’élection font trembler les travées de l’Assemblée nationale. En souhaitant réformer le temps de parole des parlementaires, Richard Ferrand a senti gronder une fronde venue de l’opposition.

L’enjeu ? La réforme du règlement de l’Assemblée. Elle vise à rendre « les débats plus fluides et efficaces ». À vrai dire, l’inflation législative que connaît la France depuis plusieurs décennies donne régulièrement lieu à des palabres interminables, à des séances nocturnes dans un Palais Bourbon quasiment vide. Depuis six mois, le président de l’Assemblée travaille de concert avec les présidents de groupe pour obtenir une réforme qui satisferait tout le monde. En limitant le temps de parole à cinq minutes pour chaque groupe parlementaire sur les discussions générales de texte.

Mercredi, l’opposition a décidé de boycotter les débats.

« Je me joins à mes collègues de toute l’opposition pour quitter maintenant cet hémicycle ! », annonce Emmanuelle @menard2017 . « Bien l’amendement n’est pas défendu », répond @RichardFerrand .#DirectAN #ReformeReglement pic.twitter.com/nDn2OktnCF

— LCP (@LCP) 28 mai 2019

Vous avez 5 minutes ?

« On nous empêche de porter la voix du peuple« , a ainsi clamé le communiste André Chassaigne, relayé par ses homologues socialistes affirmant que « la majorité a gagné dans les urnes le droit de gouverner, pas le droit de nous faire taire« .

« Nous faire taire » ?

Vu le nombre de tweets et de commentaires repris par les réseaux sociaux, par la chaîne parlementaire et par les militants, l’écho de ce débat a dépassé l’enceinte de l’Assemblée nationale. Dans une posture mitterrandienne, Jean-Luc Mélenchon s’est même permis de réitérer la rhétorique du « coup d’État permanent » :

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Dans un souci d’apaisement, Richard Ferrand a finalement reporté la disposition sur les temps de parole, soumettant à mi-mots, pour expliquer la fronde, l’idée d’une vengeance des « grands perdants des élections européennes ».

Le débat politique à sens unique

Limiter le temps de parole des groupes parlementaires à 5 ou 10 minutes en fonction des textes en discussion, cela doit-il représenter un effort hors du commun pour des élus de la République ?

La question ne se pose pas uniquement en ces termes.

À force, il est vrai, de débattre du code vestimentaire en vigueur à l’Assemblée nationale, d’accumuler les heures de débats qualifiés de « stériles » sur les bancs mêmes de la majorité, les députés en viennent à défendre l’essentiel : leur propre liberté d’expression. Dans l’hémicycle, les mots durs ont fusé : « Déni de démocratie », « Atteinte aux libertés »,…

Question : pourquoi les parlementaires en viennent-ils à se battre pour défendre un droit fondamental qu’ils refusent pourtant à une frange de la population ? Pourquoi des lois sur mesure sont-elles prises à l’encontre de ceux qui n’ont pas l’heur de plaire au pouvoir en place ? Pourquoi des journalistes ayant enquêté sur des affaires touchant l’Élysée sont-ils sommés de dévoiler leurs sources ?

Pourquoi le président de la République s’octroie-t-il le droit de débattre, des heures et des heures durant, en direct sur les chaînes de télévision, lors d’un Grand débat qu’il a lui-même initié, tandis que son groupe parlementaire impose des restrictions aux groupes d’opposition sous prétexte « d’efficacité » ?

Le « psychodrame » qui se joue à l’Assemblée nationale peut faire sourire sur la forme. Il n’en soulève pas moins le débat de fond que tout démocrate doit aujourd’hui se poser : le combat pour la liberté d’expression vaut autant pour les élus que pour ceux que ces derniers tentent de museler à coups de lois liberticides.

Et cela vaut plus que cinq minutes de temps de parole.

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