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TOUCHEZ PAS A NOS POLICIERS !

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images (36)Il y a victime et victime. Il y a celui dont l’élection à la Présidence de la République aurait fait de 65 millions de Français les dupes d’une mystification encore plus énorme que celles que leur font subir quotidiennement leurs dirigeants politiques. Le voici maintenant « dégoûté » par des procédés « méprisables ». On s’acharnerait selon lui sur une victime à terre. Personne ne lui demandait de s’y rouler. Il voudrait qu’on le laisse en paix. Qu’on l’entende et qu’on cesse de nous empuantir avec les remugles du marécage médiatico-politique parisien. Que la presse de gauche, toujours prête à donner des leçons de morale se vautre dans le sordide est son affaire. Les Français ont d’autres préoccupations, et il y a d’autres victimes qui méritent davantage d’éveiller la compassion, la révolte ou la résistance. Il y a cette famille enlevée et détenue au Nigéria par des fanatiques. Il y a ces pères privés du droit de voir leurs enfants. Il y a enfin ces deux policiers, pères également, tués par deux malfrats, récidivistes et qui n’auraient pas dû croiser leur chemin si la Justice fonctionnait correctement.

Or, la Justice ne fonctionne pas correctement. C’est vrai, pour une fois, qu’il y a un problème de moyens. La Justice qui sous-entend la répression n’a pas a priori cet aspect généreux, dégoulinant de compassion ou étincelant de paillettes qui permet à un politique de se faire un nom. Le Ministre gère un petit budget et avec lui doit faire face à l’indépendance ombrageuse des magistrats et à la lenteur des procédures d’une machine encombrée d’affaires sordides d’où ne surgissent que quelqus procès retentissants, qui sont autant de pièges médiatiques. La prestigieuse place Vendôme et le non moins somptueux titre de Garde des Sceaux sont des vanités républicaines auxquelles on renonce parfois avec un soupir de soulagement. Tout le monde ne peut pas abolir la peine de mort, qui existe toujours d’ailleurs, mais au profit des seuls assassins. La France est au 37e rang européen. Elle a beau accroître le budget de la Justice de 4% par an, même quand tous les autres diminuent, elle est à la moitié des dépenses allemande ou britannique. Par ailleurs, si la surpopulation pénitentiaire est parfois soulignée, ce n’est pas dû au taux d’incarcération français, qui est inférieur à la moyenne européenne, au-dessus de l’Allemagne, et en dessous du Royaume-Uni, mais à l’insuffisance du nombre de places. Chaque fois que la gauche est arrivée au pouvoir, son angélisme idéologique désuet lui a fait annuler les programmes de construction prévus par la droite. Car c’est là que se situe l’origine du mal, dans cette idéologie sociologisante des bobos qui préfèrent Michel Foucault à Alain Bauer. Elle règne sans partage à gauche, mais elle domine également chez les petits marquis des cabinets « de droite », remplit le vide de la pensée ministérielle et anima, en particulier, celle du rapporteur « ump » de la loi pénitentiaire au Sénat. Cette loi votée sous Sarkozy ne correspondait en rien à ses discours. Après un premier article mettant en avant la protection de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime, dès le second, l’insertion sociale, comme prévention de la récidive, les droits de la personne condamnée, et l’aménagement des peines à coups de semi-libertés et de bracelets électroniques prenaient l’avantage pour le plus grand bien de l’humanisme et de la moindre dépense réunis.

Cette obsession de la réinsertion est fondée sur l’idée que la délinquance est un accident de parcours dont le responsable n’est pas coupable, mais plutôt victime. Il a manqué sa rencontre avec la société. Il faut tout mettre en oeuvre pour que cette rencontre ait lieu à nouveau, mais dans de meilleures conditions. Cette approche de la question élude l’aspect pénal de la peine. Si elle vaut pour les primodélinquants, et notamment beaucoup de jeunes, pour lesquels je suggérais, lors du débat, les Travaux d’intérêt Général, mis en oeuvre avec vigueur comme en Suisse, elle ignore trois aspects de la sanction. D’abord, celle-ci doit être dissuasive. Une détention longue durant laquelle le travail serait obligatoire pour payer le séjour et indemniser les victimes serait de nature à faire réfléchir les « professionnels » assez rationnels. Ensuite, il y a des criminels « structurels », ceux dont les policiers pensent que seul le séjour en prison les empêche de nuire. Des personnalités comme Dutroux ou Fourniret doivent être condamnés à une mort sociale, faute de quoi ce sont des innocents, policiers ou non qui seront, eux, condamnés à une mort physique. Enfin, la peine revêt aussi une dimension sociale totalement négligée par la pente individualiste de nos juristes. Le crime est une blessure infligée à la conscience collective, comme le dit Durkheim. C’est elle avant tout qui a besoin d’être réparée, rassurée sur ses valeurs, et le point le plus sensible de la lésion, ce sont les victimes. La peine doit aussi dans sa rigueur remplir ce rôle sans quoi la société risque de perdre pied. La révolte des policiers, insuffisamment respectés, protégés, et démoralisés par l’impunité de multirécivistes, qu’ils passent leur temps à poursuivre et à arrêter pour les voir libres à nouveau, est un signal. Lorsque ceux dont Philippe Bilger souligne la splendide mission de Gardiens de la Paix, enlisés dans les procédures précautionneuses et décourageantes et exposés à une violence désinhibée par l’absence de sanction, en viennent à douter de leur mission, c’est la société elle-même qui perd confiance dans la légitimité de son ordre et dans sa raison d’être.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...