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Quand Macron se parjure, la démocratie en ressort encore affaiblie

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Le 27 décembre 2020, Emmanuel Macron assurait que la vaccination ne serait jamais obligatoire. Le 12 juillet 2021, il commence à la rendre obligatoire et annonce clairement une différence de traitement entre les vaccinés et les non vaccinés ?

Normal, diront certains.

La légende ne prête-t-elle pas à Jacques Chirac la formule : "Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent". Mais précisément la période Chirac a vu une première crise de la démocratie, de la dissolution manquée de 1997 à l’éviction de Lionel Jospin du second tour de l’élection présidentielle. Nos présidents successifs peuvent bien se moquer du suffrage universel, ils en tirent pourtant leur légitimité : et il est stupéfiant que deux semaines après l’abstention massive aux élections régionales le président ait décidé d’aggraver ainsi la crise des institutions républicaines.

Twitter est plus souvent consulté que le site elysee.fr. Tout citoyen français peut vérifier ce que disait Emmanuel Macron le 27 décembre dernier. Le contraire de ce qu’il a déclaré hier soir. Evidemment, la déclaration de décembre se situait dans un contexte plus précis : quelques jours auparavant, Marion Maréchal avait pris le gouvernement en flagrant délit de vouloir faire passer un état d’urgence sanitaire permanent.

Les réseaux sociaux s’étaient alors enflammés. Et le Président avait lâché du lest. Propos de circonstances, donc, et ambigus à souhait. Car déclarer « Ayons confiance en nos chercheurs et nos médecins (…) la raison et la science doivent nous guider », c’était demander aux Français d’adhérer aux vaccins. Et, comme pour signifier qu’il ne s’est pas déjugé, Emmanuel Macron a repris la même exhortation sur son compte twitter, hier soir 12 juillet, dans la suite de son discours.

En fait, le Président a mis sur son compte twitter la même image obsessionnelle où on le voit, avec un regard très dur, répétant : « Faites-vous vacciner ! » accompagnée de différents messages. Curieuse façon de mettre en scène la parole présidentielle. On hésite entre le rire et la consternation. Macron en représentant de commerce de l’industrie pharmaceutique !

Au fond, une fois sortis du noyau de 15-18% d’électeurs inscrits qui sont des inconditionnels de Jupiter, la majorité des Français ne retiendra qu’une chose : le Président s’est parjuré. Au bout du compte, seuls 46% des Français ont été satisfaits du discours du Président dans le sondage publié ce 13 juillet au soir par Le Figaro. Au début de l’été 1980, le rapport de force Giscard-Mitterrand dans les sondages était de 60-40 en faveur du Président en place. Il perdit sa réélection en mai 1981.

Que peut faire un Macron en partant de 45% d’approbation seulement, qui s’éroderont quand les Français verront les difficultés provoquées en fait par les contrôles sanitaires.

Il y a quelques années, on répétait en riant la célèbre formule attribuée à Jacques Chirac (en fait elle est d’Henri Queuille, célèbre radical-socialiste corrézien) : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Et puis est venu le non-respect par la classe politique des 55% de non au référendum européen de 2005. Les Français avaient expulsé ce traité par la grande porte ; il est revenu par la fenêtre, sans vote populaire, sous la forme du traité de Lisbonne. Ensuite, il y a eu l’oubli par François Hollande de ses promesses de campagne sur la régulation de la finance ; peu importe qu’elles aient été absurdes : un président ne devrait jamais faire des promesses dont il sait pertinemment qu’il ne pourra pas les tenir.
Crise de la fonction présidentielle, crise de la démocratie

En réalité, c’est depuis le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, que les présidents ont du mal à assumer ce qu’implique leur fonction. Valéry Giscard d’Estaing n’avait pas été complètement clair sur son intention de faire passer toute une législation sur les moeurs post-soixante-huitarde progressiste. Il n’avait pas non plus, durant la campagne, révélé l’étendue de son fédéralisme européen. Les 2 à 3% d’électeurs perdus entre 1974 et 1981 sont le fruit de ces non-dits. Avec François Mitterrand, on franchit un pas dans la crise de la fonction présidentielle puisque cet homme de droite s’était fait élire avec un programme de gauche économiquement délirant, dont il savait qu’il ne pourrait pas être tenu.

En fait, Charles de Gaulle a imaginé la fonction présidentielle comme fondée sur la vérification régulière de la confiance existant entre le président et les Français. Lorsque, par exemple, il a jugé qu’il n’était pas possible de garder l’Algérie française, il a soumis le changement de cap à référendum. Le fondateur de la Vè République avait dit qu’il ne resterait pas passif en cas de victoire de l’opposition aux législatives de 1967 : s’il ne réussissait pas à faire accepter son candidat au poste de Premier ministre par l’Assemblée, il pouvait provoquer de nouvelles élections législatives ou remettre son mandat directement en jeu. Cette façon de lire les institutions est à l’opposé de celle d’un Jacques Chirac déclarant en plein conflit de la réforme des retraites en 1995 : « Je m’en f… Je suis là pour sept ans ». Ou d’un Emmanuel Macron qui n’ a pas jugé bon de remettre son mandat en jeu après la terrible crise des Gilets Jaunes.

La façon d’exercer la fonction présidentielle, de plus en plus opposée à la pratique, profondément respectueuse de la démocratie qu’en avait de Gaulle, est au coeur de la crise de nos institutions républicaines.

Et par son parjure sans vergogne du 12 juillet 2021, Emmanuel Macron a encore aggravé une crise déjà profonde. Avec le Président, c’est la plus grande partie de la classe politique actuelle qui ne se rend plus compte que les Français attendent de leurs représentants qu’ils fassent ce qu’ils disent et, non moins important, qu’ils disent ce qu’ils sont en train de faire.

Voir en ligne : https://lecourrierdesstrateges.fr/2...