Vous me pardonnerez les propos scatologiques que je serai contraint de tenir dans cette tribune, mais comment dévoiler autrement qu’en appelant un caca une merde le mystère de la pénurie de PQ dans nos grandes surfaces ? Voilà le fondement (sans jeu de mot) de l’affaire :

Vous connaissez tous l’expression « faire dans son froc », qui traduit une peur panique de l’officiant. C’est là la clé de l’énigme : les français, victimes en masse du virus de la peur, et dont la mémoire collective est toujours marquée par les privations de l’occupation nazie, ont acheté en masse du PQ, en prévision de leurs futures diarrhées. Des statistiques gouvernementales secrètes, que j’ai pu me procurer (par quel moyen, c’est un secret, je ne veux pas mettre en difficulté mon informateur très proche du pouvoir), confirment que depuis le confinement, les français passent en moyenne autant de temps sur la lunette des WC que devant les chaînes de télé en continu. Il y a là une corrélation évidente : le téléspectateur, terrorisé par les prophéties apocalyptiques d’experts en expertise, se rue aux toilettes après chaque table ronde. Conséquence naturelle, la consommation de papier toilette a été multipliée en moyenne par 5 (un rouleau par jour et par personne) depuis le 11 mars, avec des pics à deux rouleaux après les interventions télévisées d’Emmanuel Macron (je n’ai pas pu encore déterminer la relation entre consommation de PQ et notre président, mais j’investigue). Notez au passage, pour ceux qui considèreraient mes informations avec scepticisme, que les pressing, un temps fermés, ont tous réouvert... Ça ne vous met pas la puce à l’oreille ?
Heureusement pour les familles nombreuses, les enfants ne semblent pas atteints par la peurite aigue, ce qui nous met à l’abri (pour l’instant) d’une saturation apocalyptique des égouts.

Ceci étant posé, j’ai longuement hésité à vous communiquer les informations que vous allez découvrir maintenant. Elles sont en effet classifiées « Secret défense », et mon informateur risque de gros emmerdements (c’est le cas de le dire). Mais j’ai finalement estimé que vous aviez le droit de savoir, quelles que soient les conséquences : bien avant le confinement, l’Elysée, Matignon, tous les ministères, le palais Bourbon et le palais du Luxembourg avaient constitué des stocks secrets de papier toilette, pour leur consommation personnelle. Au point qu’il y en a encore partout, jusque dans le bureau du président et dans ses appartements privés. Des tentes ont même été érigées dans les jardins de l’Elysée pour mettre les rouleaux à l’abri des intempéries. C’est que question trouillomètre à zéro, on n’avait jamais fait aussi fort que le monde nouveau promis par la Macronie, et adoubé par les deux ex-grands partis de gouvernement. Jugez-en : la députée Aurore Bergé, star de la République en marche, est même allée jusqu’à émettre une proposition de loi dans laquelle, en catimini, et sous prétexte de protéger les maires, étaient amnistiées d’avance « toutes personnes dépositaires d’une mission de service public ». En clair : le président, le premier ministre, les ministres, sous-ministres, députés, sénateurs, préfets, hauts fonctionnaires, etc...

Sans compter les mesures totalement imbéciles décrétées pour accompagner le prétendu déconfinement. Quelle entreprise, quelle école peut appliquer les consignes gouvernementales ? Vous me direz que c’est parce que nos gouvernants ne connaissent rien à la vraie vie ? Même pas vrai. Ils savent très bien ce qu’ils ne font pas : si le déconfinement se passe mal, ce sera la faute à ceux qui n’ont pas appliqué scrupuleusement les directives. Je suis sûr au moins d’une chose : vu le nombre de fois qu’ils se lavent les mains par jour, nos Ponce Pilate ne risquent pas d’attraper le covid 19, ni le 18, ni le 17...

Remarques : hier matin, 7 mai, il s’est produit un phénomène médiatique extraordinaire : ceux qui, qui, jusqu’à la veille au soir, continuaient à dérouler des propos d’apocalypse, nous ont d’une seule voix informés que la pandémie était pratiquement terminée. Etonnant, non ?
Le Canard Enchaîné a sorti un scoop selon lequel l’ambassadeur de France à Pékin avait alerté dès décembre sur un énorme risque d’épidémie en provenance de Wuhan... ce que j’avais conclu dès ma tribune du 8 avril "Les chinois nous auraient menti. Ah que l’excuse elle est bonne".