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Paris 2024 : un gouffre financier prévisible déguisé en plan Marshall

, par  Jonathan Frickert , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

« Il n’y aura pas d’impôt JO. »

Ce lundi 25 juillet, le soleil brillait sur la capitale, alors qu’à Élysée se réunissait le Conseil olympique et paralympique. L’occasion d’évoquer les questions de la sécurité et des transports en vue des Jeux olympiques de 2024.

En marge de l’événement, le chef de l’État accordait une entrevue à nos confrères de L’Équipe dans laquelle il annonça l’absence d’une fiscalité propre à ces jeux, une annonce qui laisse songeur à l’heure où le « too big to fail » constitue la principale ligne de conduite des dirigeants occidentaux.

Il faut dire que l’expérience olympique est plus qu’amère pour les villes organisatrices, au point qu’on ne peut que se demander pourquoi, tous les quatre ans, une demi-douzaine de villes en moyenne présentent leur candidature.

Quatre ans après les JO d’été les plus chers de l’Histoire – largement pénalisés par la crise covid – le coût des JO commence, semble-t-il, à effleurer l’esprit de nos élus.

Dans ce contexte, l’annonce d’un prérapport rédigé par deux députés sur ses retombées économiques, moins de deux ans avant l’événement, questionne.

Un prérapport à 18 mois des jeux

Alors que de plus en plus de collectivités locales s’interrogent sur l’opportunité des jeux olympiques parisiens, deux députés, l’un de la majorité, l’autre de l’opposition, vont évaluer l’impact économique et social de la préparation des JO.

Le prérapport de Stéphane Mazars, député Renaissance de l’Aveyron, et Stéphane Peu, député communiste de Seine-Saint-Denis, sera publié en février 2023, soit moins de 18 mois avant les JO.

Le texte s’inscrira dans le cadre d’une mission d’information spécifique à l’approche d’une deuxième loi olympique, 5 ans après une première visant à faciliter les règles d’urbanisme et d’aménagement.

Quelques semaines après la présentation du budget actualisé de la compétition prévu le 12 décembre, le nouveau projet de loi devrait quant à lui prévoir des mesures particulières en matière de sécurité et notamment d’identification des comportements anormaux susceptibles de nuire à la sécurité des Jeux.

La priorité au 93

Au cœur du prérapport se trouve un engagement pris par l’État à ce que la compétition olympique provoque des retombées économiques et notamment en Seine-Saint-Denis , département actuellement en travaux dans le cadre du Grand Paris et où se concentreront 80 % des investissements matériels. La manœuvre s’apparente à un nouvel arrosage financier digne des pires heures des plans banlieue et ce d’autant plus que le 93 serait le principal département exportateur de délinquance dans la capitale selon des données de la Préfecture de police de Paris rapportées par Le Figaro en 2009 et que la sécurité est la principale préoccupation des organisateurs des jeux.

Le souvenir des jeux de Montréal

Dans ce contexte, il est difficile de ne pas penser aux fameux jeux de Montréal.

En 1973, l’emblématique maire de la principale ville québécoise, Jean Drapeau, s’était fait le porte-flamme du projet qui devait voir le jour trois ans plus tard en estimant « [qu’]il [était] aussi impossible pour les Jeux olympiques de Montréal de produire un déficit que pour un homme de devenir enceinte ». Si la deuxième partie de la phrase apparaît cocasse au vu des débats actuels, la première n’a rien à lui envier.

En effet, les jeux de Montréal sont aujourd’hui reconnus comme étant le plus grand désastre financier de l’histoire des Jeux olympiques modernes , avec un coût dépassé de près de 720 %.

Peu aidés par la crise économique et l’inflation qui frappent les pays occidentaux à cette époque, les contribuables locaux mettront trois décennies à payer les conséquences de ces jeux et notamment l’hypothèque de 1,74 milliard de dollars contractés pour les installations olympiques.

Cette situation a bien failli provoquer la fin des jeux modernes : une seule ville sera candidate aux jeux de 1984 – ceux de 1980 ayant déjà été attribués au moment des événements de Montréal – à savoir Los Angeles, ville qui a la particularité d’avoir été désignée deux fois en étant seule candidate, étant également la ville hôte des JO de 2028 après un accord avec le CIO lors de l’attribution des jeux de 2024 à la capitale française.

Selon Alexandre Delaigue , professeur agrégé d’économie à l’Université de Lille I, le dépassement financier moyen d’une ville hôte pour des jeux d’été s’élèverait à 176 % . Difficile, dans ces conditions, d’imaginer que la situation parisienne serait une exception et, surtout, une surprise.

Un désastre prévisible

Alors, combien vont coûter ces jeux ? C’est toute la question. Une seule chose est sûre : le désastre financier, même avec un financement a priori à 97 % privé, reste prévisible. Une prévisibilité sur laquelle Contrepoints alertait dès l’été 2017 , deux mois avant l’attribution des JO à la capitale hexagonale, avant d’évoquer tour à tour leur coût abyssal pour les contribuables et les nombreux problèmes qu’allait devoir résoudre la Ville Lumière.

Des jeux imposés

En imaginant que les promesses présidentielles soient tenues, les Français pourront tout de même être mis à contribution. Tel est déjà le cas puisque l’Élysée a annoncé, toujours en juillet, l’achat par l’État de quelques 400 000 billets afin de les distribuer à des jeunes ainsi qu’une billetterie populaire destinée aux personnes en situation de handicap, leurs aidants et les fonctionnaires participant à l’organisation.

Rappelons enfin que, selon un sondage Le Parisien-Aujourd’hui en France publié en 2017 et cité par Serge Federbusch dans nos colonnes, 6 Français sur 10 préféraient que Paris organise l’Exposition universelle de 2025 plutôt que les JO. Une Exposition universelle qui se déroulera finalement à Osaka.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2022/1...