On se repaît de mots et des mêmes poncifs,
On les dit, les redit et jusqu’à satiété
"On est en guerre", disent quelques vieux poussifs
Qui découvrent enfin la vieille vérité.

On s’est voilé la face, on s’est bouché les yeux,
Il ne fallait pas voir le danger avéré,
On croyait ces mots dits par quelques vieux vicieux,
Mais le sang éclabousse les plus tempérés.

Et chacun désormais fustige les méfaits
Des vagues d’attentats qu’on jugeait impossibles,
Car les grands stratèges se disaient satisfaits
Que seuls quelques faciès ne soient plus pris pour cibles.

N’étions-nous pas heureux de vivre en harmonie
Avec tous ces gens qui nous arrivaient d’ailleurs ?
A quoi bon en effet semer la zizanie
Quand le "vivre-ensemble" était un bon aiguilleur ?

Qui donc pouvait les voir ? Ils étaient invisibles,
Tous noyés dans la foule et sans identité,
Et personne n’aurait pu les croire nuisibles,
Puisque les bien pensants étaient à leur côté.

Il aura donc fallu des centaines de morts
Pour déciller les yeux de nos bons conseilleurs,
Ils virent leur cuti, aux dents prennent le mors,
Les Merah, les Salah n’étaient pas rempailleurs. (25/03/16)